Chroniques

Séparation de Nicole Kidman et Keith Urban: un divorce n’est pas un échec

Les temps changent. Les relations aussi.

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(The Associated Press)

C’est partout depuis deux jours: Nicole Kidman et Keith Urban divorcent, après 19 ans de relation. La nouvelle de ce déchirement hollywoodien tapisse les sites à potins, les magazines et les réseaux sociaux qui nous affublent des mots «échec», «triste fin» ou «rupture catastrophe».

Je me demande dans quel monde vit-on pour se permettre de parler de la fin d’une relation à long terme comme d’un «échec».

Est-ce qu’être avec quelqu’un tout ce temps, élever des enfants, partager des valeurs, s’encourager mutuellement dans des parcours professionnels, se soutenir, s’accomplir, rêver, bref s’aimer, est-ce que tout ça est à oublier, à mettre à la trappe, parce qu’on se sépare?

Bien sûr, je ne sais rien, ni vous d’ailleurs, des motifs véritables de cette séparation.

Et bien sûr, chacun peut réagir comme il l’entend à une séparation, on a le droit de trouver ça dommage, d’être triste.

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Un paradigme réducteur

J’ai en revanche bien de la misère à comprendre comment on peut y voir un échec ou une erreur comme si un couple était par définition destiné à être fusionnel — et surtout, destiné à être éternel.

On est en 2025. Les moules n’existent plus ni les étiquettes. Penser au concept de couple en l’enfermant dans un paradigme de relation «à succès» ou «qui se termine en échec» est bien réducteur, il me semble.

Comme s’il y avait eu une perte de temps.

Comme si tout ce qui avait été appris et amassé durant le voyage ne comptait pas.

Je trouve ça insultant.

Cette vision romantique à la Cendrillon est révolue. Et c’est la communauté LGBTQ+ qui a pavé la voie, celle des modèles éclatés, loin des standards, où la relation est organique, elle grandit, elle se transforme, elle évolue.

Un monde de possibilités

En couple ouvert, en polyamour, en trouple, en résidences séparées, en lits séparés, mariés ou pas, avec enfants ou pas, en coparentalité, en mariage lavande (par convenance), tout est possible aujourd’hui — et c’est une bonne chose. On peut choisir sa façon, et elle peut être épanouissante, sereine et belle en ne correspondant pas aux critères du couple hétérosexuel monogame à long terme.

Près d’un couple sur deux qui a un enfant se sépare, au Québec, avant que celui-ci n’atteigne l’âge de 5 ans… Peut-être est-ce signe qu’il faut revoir le modèle dit «traditionnel»? Serait-il cassé, désuet, bancal?

Les temps changent. Les relations aussi.

Fluidité

Reconnaître les avantages de la fluidité, dans les genres, les couples, la romance, le sexe et le mariage, c’est aussi, du même coup, reconnaître à sa juste valeur une relation de dix-neuf ans. C’est donner du crédit aux gens qui se séparent, qui divorcent — et applaudir le chemin parcouru, le voyage, au lieu de ne s’arrêter qu’à la destination.

Cela enlèverait le stigma et le jugement qui viennent encore trop souvent avec les histoires de rupture.

Je ne pense pas qu’une longue relation qui se transforme est moins valable parce qu’elle ne dure pas toute la vie : je crois qu’elle est autre, qu’elle est différente.

Si on apprenait à nommer différemment les séparations, si on les traitait autrement individuellement, collectivement et médiatiquement, on enlèverait de la pression aux gens qui se séparent, ils en seraient plus apaisés et moins honteux.

Parce que oui, deux personnes séparées qui ont déjà formé un couple peuvent encore être amis, se respecter, élever des enfants, dans certains cas vivre sous le même toit. Ils peuvent se supporter, se consulter et s’entraider.

Ils peuvent encore être à la base d’une famille. Et ils peuvent encore être unis, même séparés.

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