Économie

Rompre est une situation difficile, cet outil vise à la simplifier

Apprenez-en plus sur les listes de divorce.

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(Envato Elements )

La sœur d’Olivia Howell était fiancée au début de la pandémie de COVID-19, ce qui l’a obligée à reporter son mariage si souvent qu’à l’approche de la date, son fiancé a changé d’avis.

Peu après, ils se sont séparés et elle a quitté l’appartement qu’ils partageaient depuis dix ans.

«Elle a dû tout recommencer à zéro, alors elle m’a appelée un jour et m’a dit: “Tu te souviens de ton idée? Essayons de la construire”», se rappelle Mme Howell.

L’idée de Mme Howell, inspirée par la dissolution de son propre mariage en 2019, était une liste de divorce. Elle fonctionne comme une liste de mariage et contient certains des mêmes articles: casseroles, poêles, literie, meubles et à peu près tout ce dont les divorcés peuvent avoir besoin, mais ne reçoivent pas toujours lors du partage des biens.

Bien que le concept soit encore loin d’être répandu, Mme Howell a vu de nombreuses personnes, y compris des Canadiens, adopter la tendance depuis qu’elle et sa sœur Jenny Dreizen ont lancé leur entreprise de liste des divorces, Fresh Starts Registry, il y a quatre ans.

Mme Howell, qui vit aux États-Unis, estime que l’idée est non seulement en train de se répandre à l’échelle mondiale, mais qu’elle est vouée à devenir la marque de fabrique de nombreuses ruptures futures.

«J’ai tendance à penser qu’au cours de la prochaine décennie, après un divorce, on créera une liste de divorce, et que ce sera le moyen de soutenir quelqu’un dans sa vie après un divorce», affirme-t-elle.

«Cette tendance est inéluctable et ne fera que prendre de l’ampleur.»

Double tabou

Pour que la prophétie de Mme Howell se réalise, la liste de divorce devra surmonter de nombreux défis.

Le principal est la stigmatisation, explique Natalia Juarez, coach en rupture établie à Toronto, qui aide ses clients à se remettre d’une séparation.

«J’ai l’impression que ces deux tabous entrent en conflit. Le divorce est porteur de stigmates émotionnels et l’argent est un autre sujet profondément personnel, parfois délicat à aborder», explique-t-elle.

«Ces listes rendent publiques les questions privées de divorce et de finances, et cette transparence peut perturber beaucoup de gens.»

Bien qu’elle pense que Fresh Starts officialise un phénomène qui existe depuis un certain temps, lorsqu’elle a interrogé les gens lors d’un récent week-end sur leur opinion concernant les listes de divorce, la réaction a été «extrêmement négative».

Après avoir contribué à des cadeaux pour des fiançailles, des mariages et souvent des fêtes prénatales, elle constate que certaines personnes n’aiment pas l’idée d’être à nouveau interpellées lorsqu’un proche divorce.

Elles y voient une monétisation de la rupture et un sentiment d’obligation envers leurs proches, observe Trisha Allan, coach en divorce et séparation en Colombie-Britannique.

Une transition coûteuse

Bien que la réaction soit compréhensible, Mme Juarez soutient que le divorce est si courant (près de 43 000 Canadiens ont divorcé en 2020, selon Statistique Canada) que les gens devraient le considérer comme n’importe quelle autre étape importante.

«Comme toute transition majeure de la vie, elle mérite d’être soutenue», affirme-t-elle.

Mme Howell acquiesce.

«Il y a encore beaucoup de réactions négatives, et c’est drôle parce qu’on ne sourcille pas devant les listes de mariage ou de naissance», ajoute-t-elle.

Elle est frustrée que les listes de divorce soient critiquées alors qu’elles sont créées à un moment où les besoins sont les plus grands.

 

Un sondage de 2021 du magazine Canadian Lawyer a révélé qu’un divorce peut coûter entre 1000 $ et 25 000 $, selon que la rupture est contestée ou non.

Parallèlement, les gens déménagent souvent, se partagent leurs biens et réalisent qu’ils devront remplacer une grande partie des objets que leur ex emporte avec eux.

«Peut-être qu’ils ont arrêté de travailler pendant des années pour élever leurs enfants, et que, maintenant que tout est séparé, ils ne sont pas encore prêts à reprendre le travail, explique Mme Allan. Une liste pourrait vraiment leur donner un coup de pouce.»

Si la diffusion d’un lien vers une liste peut mettre certaines personnes mal à l’aise, car elles pourraient ne pas vouloir déclarer publiquement ce qu’elles n’ont pas, Fresh Starts recommande de l’utiliser comme réponse lorsqu’on leur demande comment leurs proches peuvent les aider à traverser le divorce.

Si cela les met plus à l’aise, Mmes Juarez et Allan suggèrent d’organiser la liste autour d’une pendaison de crémaillère ou de demander à un proche de la créer et de la distribuer.

Bien qu’aucun de leurs clients n’ait utilisé de liste, elles ne remettent pas en cause l’idée, surtout si elle est utile.

«Dans tous les cas, les points de vue et les ressentis divergent, explique Mme Allan, mais, au final, une personne traverse un divorce et recherche du soutien, et cette méthode pourrait lui être accessible.»

Tara Deschamps

Tara Deschamps

Journaliste