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Nouveau chef au PLQ: les vacances seront courtes, les défis nombreux

Les vacances seront courtes pour Pablo Rodriguez et son équipe.

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(Montage photo Noovo Info et La Presse canadienne)

Cela faisait environ quinze ans que je n’avais pas mis les pieds dans un congrès politique. Malgré le passage du temps, l’essor des réseaux sociaux et l’émergence de nouvelles technologies, la formule entourant ce type d’événement n’a pas beaucoup changé. Il y a toujours une multitude de discours, des panels, des discussions de corridor… et surtout, des gens heureux de consacrer leur temps libre à leurs convictions politiques et sociales.

Chez les libéraux, le congrès à la chefferie de samedi dernier représentait bien plus qu’un simple rassemblement : c’était une occasion de lancer une nouvelle ère, de choisir un nouveau chef et, surtout, de retrouver l’espoir. Voici ce que j’ai observé sur place.

Un espoir retrouvé

À ce chapitre, mission accomplie. C’est l’élément que j’ai le plus entendu dans les couloirs, dans le fond de la salle, et dans la bouche de pratiquement toutes les personnes à qui j’ai parlé. Le sentiment général était que la traversée du désert tirait enfin à sa fin. Plusieurs ont le sentiment que le discours libéral traditionnel redevient pertinent, notamment en raison du contexte économique et des tensions persistantes avec les États-Unis.

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Renouer avec le passé

Le congrès a aussi permis de tourner la page sur les divisions internes du passé. Les anciens chefs Daniel Johnson, Jean Charest, Philippe Couillard et Dominique Anglade ont tous pris la parole devant les congressistes. Leurs discours respectifs illustraient une volonté commune d’assumer pleinement ce qui fut le passé du parti, de faire la paix avec les choix passés, mais aussi avec les reproches adressés aux anciens dirigeants. C’était également une manière claire de rappeler aux militants que le Parti libéral du Québec a remporté des nombreuses élections dans un passé pas si lointain.

Des résultats très serrés

Vers 16 h, les résultats du premier tour ont été dévoilés. Marc Bélanger et Mario Roy ont obtenu à peine 5 % des voix à eux deux. Pour la deuxième place, l’écart était infime entre Karl Blackburn (3e) et Charles Milliard, ce dernier accédant même au deuxième tour avec une avance de seulement 4080 points. Chaque circonscription représentait 2000 points pour les 25 ans et moins, et 1000 points pour les jeunes, ce qui montre à quel point le résultat était serré.

Pablo Rodriguez, de son côté, avait récolté 39 % des points, un score qui a provoqué une certaine inquiétude chez ses partisans, qui espéraient une avance plus confortable. Finalement, après environ 40 minutes et le décompte des deuxièmes choix des candidats éliminés, Pablo Rodriguez a été élu chef avec une marge de moins de 5 %. Ce résultat a déclenché une immense joie parmi ses partisans, mais aussi une vive consternation dans le camp de Charles Milliard.

Une unité à bâtir

Perdre une course à la chefferie n’est jamais facile, et la frustration des membres de l’équipe du candidat défait était palpable. Plusieurs étaient consternés d’être passés aussi près de la victoire, et déçus de voir un chef élu issu du Parti libéral du Canada, ancien député fédéral montréalais, qu’ils jugent vulnérable aux attaques du Parti québécois. Ces propos revenaient souvent dans les conversations chuchotées au fond de la salle.

Pendant que le nouveau chef prononçait un discours de rassemblement entouré de tous les élus, peu importe le camp qu’ils soutenaient, plusieurs militants, encore émus, retenaient leurs larmes, les mâchoires serrées.

Cette image forte, captée dans l’instant de l’émotion, incarne bien l’ampleur du défi qui attend Pablo Rodriguez. Les sondages semblent indiquer que les Québécois sont prêts à écouter de nouveau le message libéral, mais une frange importante de la base militante demeure sceptique, voire désabusée. Il faudra d’abord rassembler les candidats défaits, mais surtout séduire leurs partisans, les convaincre et les mobiliser dès maintenant pour l’élection prévue dans quatorze mois.

C’est là la première des nombreuses tâches qui attendent le nouveau chef s’il veut réellement aspirer à une victoire en 2026. Pour l’heure, 47 % des membres ont voté pour un autre candidat et partagent des réserves qui font écho aux arguments de leurs adversaires.

Les vacances seront courtes pour Pablo Rodriguez et son équipe, car l’unité ne se force pas : elle se bâtit, un geste à la fois.

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