En début de semaine, je suis tombé sur cet article où un entraîneur sportif dans une école secondaire racontait qu’en raison des coupes budgétaires faites par le ministère de l’Éducation dans les activités parascolaires, plusieurs de ses élèves ne pouvaient plus se permettre d’y participer.
Cet entraîneur travaille dans une école en milieu plutôt défavorisé et demander une plus grosse contribution monétaire aux parents n’est juste pas possible. Alors, encore une fois, ce sont les profs qui font des pieds et des mains pour trouver des solutions.
Ce gentil entraîneur essayait de gratter des sous à gauche et à droite pour combler le manque à gagner pour certains étudiants. Et ça m’a mis en citronnade de berlingot (je veux plutôt dire en crisse, mais ce n’est pas un beau mot à mettre dans un texte).
Je comprends que les temps sont durs même pour notre gouvernement. Mais on ne devrait pas avoir à couper dans les activités parascolaires. Parce que ces activités, qu’elles soient sportives, artistiques ou autres, sont importantes.
La vie parascolaire est un élément essentiel au développement d’un ado (c’est mon avis, rien de scientifique ici). Que ce soit sur l’heure du midi ou après les cours, se retrouver en gang pour pratiquer un sport ou monter une pièce de théâtre, ça veut dire socialiser, apprendre, se discipliner, avoir du plaisir, se dépasser, s’ouvrir à d’autres possibilités, se découvrir des habiletés et des talents. Oui, c’est tout ça. Et probablement, plus.
En 1847 (ça ne me rajeunit pas), lorsqu’un beau jour, je me suis mis à faire de l’impro dans la ligue qu’il y avait à mon école secondaire (allo, Samuel-de-Champlain à Beauport), je me suis rendu compte que j’avais ce pouvoir magique de faire rire les gens. Je savais que je pouvais amuser mes amis avec mes bonnes blagues, mais des étrangers, non. Ce fut une révélation dans ma petite tête d’adolescent. Un chant d’anges révélateur. À partir de ce moment-là, mes midis et mes fins de journée se sont remplis d’activités parascolaires. Ce n’était pas clair dans ma tête que j’allais un jour en faire un métier, mais je suis convaincu que ces activités ont forgé une partie de ma personnalité et que le tout a semé une graine dans mon petit cerveau qui allait me pousser plus tard vers les arts. La germination du rire.
Je ne dis pas que tous ceux qui pratiquent le volley-ball ou la danse le midi dans leur école secondaire vont en faire un métier, mais ça reste une possibilité. Une possibilité au même titre que le cours de chimie, de maths ou d’histoire. Et je ne parle même pas ici des effets bénéfiques sur la santé mentale, l’estime de soi et le lâchage des fameux cellulaires.
Une piste de solution pour trouver des sous ? On ne cesse de parler de la lourdeur administrative dans les ministères et les institutions. On parle souvent de doublon de postes et des sous-postes qui ne font qu’ajouter à l’enveloppe budgétaire et ralentir la machine… peut-être qu’on pourrait jeter un œil de ce côté. Bien entendu, le but n’est pas de sabrer dans le bon fonctionnement de la patente, mais c’est une piste d’exploration.
Pourquoi faut-il toujours que ce soit au bout de la file qu’on coupe ? Parce que c’est plus facile de réduire un budget par manque d’argent que de chercher à revoir l’organigramme des têtes dirigeantes ? Je pense humblement que la question se pose. Et de l’argent, bizarrement, quand on en veut, il y en a. On a juste à écouter une certaine commission qui se déroule présentement et ne cesse de nous surprendre par ses sommes titanesques.
On n’arrête pas de nous casser les oreilles que l’éducation est importante et que nos jeunes sont une priorité. Eh bien, agissons en conséquence. Fournissons un effort pour trouver le sac de piasses qui va permettre aux jeunes de continuer à se découvrir. Je n’ai pas envie que les gymnases et les amphithéâtres d’écoles secondaires se vident le midi. Parce que c’est triste des midis sans activités parascolaires. Parce que c’est triste de ne pas avoir une chance égale pour tous de se développer autrement que par les apprentissages de base.
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