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Cette envie d’union me donne espoir.
Des vacances aux États-Unis annulées. Des résiliations d’abonnements à des plateformes américaines. Des produits mieux sélectionnés à l’épicerie. Et des marques choisies avec attention. L’élan de solidarité face à la menace de l’imposition des tarifs (reportée pour le moment) est le petit baume dans toute cette morosité.
Bien qu’ils soient suspendus pour trente jours, les tarifs de 25% que Trump brûle d’imposer au Canada inquiètent. Rappelons que les menaces tarifaires mettent en péril 100 000 emplois au Québec.
Ce ne sont pas que les travailleurs, les entrepreneurs et les gens d’affaires qui sont préoccupés: tous les citoyens se sentent concernés.
La preuve? Une grande vague d’entraide déferle au Québec et dans tout le pays depuis quelques jours. Sur les réseaux sociaux, les listes de produits «de remplacement» circulent. Elles sont examinées, étudiées, peaufinées. Et largement partagées.
C’est le seul petit aspect lumineux dans la grisaille et l’accablement du moment: et si on pouvait faire pencher la balance? Et si on pouvait changer quelque chose? Et si on pouvait se tenir debout, ensemble, faire front commun?
Est-ce possible que pour la première fois, dans notre histoire récente du moins, les citoyens de toutes les provinces canadiennes fassent tomber les barrières entre eux et s’aident davantage, s’aident mieux?
Cette envie d’union, un peu soudaine, me redonne foi je dois avouer. Elle me donne espoir.
Le boycottage des produits et services américains ne règlera pas tout – mais il reste, selon moi, une bonne façon de faire un gros doigt d’honneur collectif au président américain. Encore faut-il qu’il soit bien fait, c’est-à-dire de viser réellement des entreprises américaines.
Ce serait catastrophique de nuire aux entreprises d’ici en faisant des choix précipités et non éclairés. Par exemple, si on fait le boycottage de bannières américaines qui font vivre plein de Québécois ou de Canadiens ici, la mesure perd en efficacité.
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Si on ne connait pas la chaîne d’approvisionnement dudit produit, on peut se retrouver à se tirer dans le pied. Où est fabriqué le produit? Avec quelle matière première? Comment arrive-t-il ici?
Chose certaine, la menace tarifaire nous force à nous poser des questions qu’on ne s’est jamais posées auparavant. Notre grande dépendance économique à nos voisins du Sud est tout à coup exposée. Comment faire autrement, pour s’éloigner, pour devenir plus autonome?
Un premier pas est d’acheter local. Plusieurs l’ont fait la fin de semaine dernière : à l’épicerie, jamais les étiquettes n’ont autant été scrutées.
Il suffit parfois de ne pas être sur le pilote automatique dans les allées du supermarché. Les options existent. Il faut simplement prendre le temps, explorer, s’informer, comprendre. Et apprendre à naviguer avec ces nouveaux paramètres.
On aurait pu croire que la pandémie nous avait domptés et qu’on ferait plus attention à encourager les entreprises et les marques de chez nous… Mais non. La menace Trump ramène cette urgence. Elle nous force à remettre à question notre modèle économique – et notre mode de vie.
Cela commence par nos achats. On le sait, acheter et voter.
Plusieurs Québécois reportent ou annulent leur plan de voyage aux États-Unis. «Pas question d’investir mon dollar "loisir" dans un pays où le président nous maltraite et rit de nous», m’a confié une internaute sur mes réseaux sociaux. Elle a l’habitude d’aller dans le Maine tous les étés, mais «pas pour les prochaines quatre années».
Est-ce que ce boycottage va durer? Enverra-t-il un signal d’alarme aux Américains?
On peut en douter, mais on ne peut pas reculer. Ni les gouvernements, ni les entreprises, ni les citoyens.
Il ne faut pas oublier que notre relation avec les États-Unis ne sera plus jamais la même. Ils étaient nos amis, nos alliés – oui je mets le verbe à l’imparfait.
Nos anciens camarades sont devenus hostiles et ils nous ont déclaré la guerre (économique). Ce n’est pas le temps de laisser tomber la pression.
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