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Élection partielle dans Arthabaska: un débat, deux visions

Peu importe ce qui arrivera le 11 août, un des chefs parmi les deux partis meneurs passera une très mauvaise soirée.

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(Montage Noovo Info | La Presse canadienne)

À moins de deux semaines du vote, les candidats à l’élection partielle dans Arthabaska-L’Érable ont débattu, lundi, sur les ondes de la radio locale 102.9 et ce débat aura permis de voir que les deux candidats en tête nous présentent des approches bien différentes. D’un côté, le chef conservateur demande aux électeurs son billet d’entrée pour l’Assemblée nationale, alors que de l’autre, Alex Boissonneault mise sur une campagne plus locale. 

Les cinq candidats ont pu présenter leurs visions, leurs idées et échanger dans un cadre qui aurait pu être cacophonique, mais qui a été respectueux.

Ce débat a mis en lumière deux constats. Premièrement, les deux meneurs (PCQ et PQ) ont une approche très différente face à cette élection partielle. Deuxièmement, Duhaime doit peaufiner ses propositions, surtout s’il souhaite devenir une force politique qui vise à durer dans le temps.

Deux campagnes fort différentes

Depuis des semaines, le chef conservateur multiplie les assemblées de cuisine, il fait le tour des festivals, se fait prendre en photo par des centaines de personnes. Il semble avoir le vent dans les voiles depuis le début de la campagne. En coulisse, on dit qu’il est surtout populaire dans la partie «L’Érable» du comté.

À Victoriaville, Duhaime a davantage de détracteurs. Et c’est d’ailleurs une des faiblesses du chef conservateur: il y a des gens qui le détestent profondément. Et ceux-ci pourraient être tentés de faire des compromis et de votre de manière stratégique pour lui bloquer l’accès parlementaire tant désiré.

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Eric Duhaime demande donc aux électeurs de donner au PCQ son premier député. Bien sûr, le chef conservateur propose des choses qui ont le potentiel d’intéresser les électeurs d’Arthabaska-L’Érable. Il parle de santé, de coût de la vie, d’agriculture… mais ses propositions sont plus générales, plus «nationales».

Alex Boissonneault fait lui aussi le tour des festivals et bien du porte-à-porte, mais il mène une campagne plus locale, riche en propositions spécifiques pour la région. Dans les derniers jours, il a annoncé des propositions en agriculture, pour les aînés, pour la Maison Sacré-Cœur à Saint-Ferdinand. Ces propositions faisaient office de boîte à outils pour M. Boissonneault durant le débat, qui avait des exemples concrets pour illustrer sa vision.

Duhaime et l’art de la simplicité

L’une des forces de Duhaime est la simplicité de ses messages. En communication politique, on aime bien ce qui est punché, qui peut être résumé dans une clip de 15 secondes.

Les problèmes surviennent quand ces idées simples sont confrontées et questionnées. C’est ici que ça se complique pour le chef conservateur.

Sur les questions d’immigration, les auditeurs auront peut-être appris que le chef du PCQ est très favorable à l’immigration. Il dénonce avec véhémence que des politiciens ne se fassent du «capital politique sur le dos des immigrants». Il refuse de se commettre sur les seuils d’immigration, arguant que ça devrait être aux régions de décider.

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Plus facile à dire qu’à faire… et surtout: belle manière de ne pas détailler sa vision. Vouloir donner plus de pouvoir aux régions est un beau slogan, et tout le monde ou presque est d’accord avec cette idée générale, mais comment cela fonctionnerait-il exactement? Mystère. Cette porte de sortie tiendra difficilement la route à l’approche des élections générales en 2026.

Sur le prix de l’essence, le chef conservateur s’est fait attaquer par le péquiste Alex Boissoneault qui lui a rappelé qu’il n’y avait pas de «taxe carbone» au Québec, qu’il s’agissait de la bourse du carbone et qu’il existait d’autres manières de faire baisser le prix de l’essence sans que le Québec ne se retire de la bourse du carbone.

Beaucoup à perdre

Peu importe ce qui arrivera le 11 août prochain, un des deux chefs parmi les deux partis meneurs passera une très mauvaise soirée.

Si le PCQ devait perdre, ce serait catastrophique pour Éric Duhaime, lui qui a besoin d’un député pour pouvoir rêver de participer aux débats des chefs en 2026. À moins de trouver une autre Claire Samson, députée transfuge qui avait permis au chef conservateur d’avoir son lutrin en 2022. Cela dit, il est possible aussi que les médias organisant des débats déterminent que les sondages d'intention de vote sont suffisants pour justifier d'inviter M. Duhaime. 

Ce serait étonnant, mais le député indépendant Youri Chassin pourrait peut-être lui faire cette fleur un peu avant l’élection, qui sait.

Pour le PQ, une défaite aurait inévitablement l’air d’un élan brisé. Le PQ ayant remporté les élections partielles dans Jean-Talon et dans Terrebonne, une défaite dans Arthabaska, même si ce comté n’est pas un terreau très fertile au PQ, donnerait une impression de ralentissement.

Pour les trois autres partis, les enjeux sont différents. Le PLQ voudra montrer qu’il a repris un peu de poil de la bête. La CAQ souhaite sans doute dépasser les attentes (elle qui était évaluée à 3% dans le dernier sondage Segma), et QS aura profité de cette élection partielle pour démontrer que les députés soutiennent leur candidate, à la suite de la campagne dans Terrebonne durant laquelle la candidate solidaire avait été laissée à elle-même.

On ne peut s’avancer avec certitude sur l’identité du gagnant, mais une chose est sûre : les élections partielles sont toujours intéressantes! 

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