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Les trois partis d’opposition ont de fortes raisons de s’opposer à ce budget.
Voilà! Nous sommes le s’quat novembre et c’est aujourd’hui que le gouvernement Carney nous présentera son budget. Un budget pour lequel les attentes sont plutôt basses. On le suppose à la fois déficitaire et austère. Le gouvernement minoritaire de Mark Carney devrait néanmoins y survivre. Après tout, qui a envie de repartir en élection?
Voilà un bon moment que nous sommes dans la noirceur budgétaire. Rappelons-nous que la mise à jour de décembre 2024 avait été marquée par le départ fracassant de Chrystia Freeland, qui a donné lieu à une chaîne d’événements spectaculaires. Démission du premier ministre, course à la direction éclair, arrivée de Mark Carney et réélection inespérée des libéraux pour un quatrième mandat.
Tout cela aura eu pour effet que l’on ne nous présente pas de budget au printemps 2025. Et il ne fallait pas compter sur le cadre financier du PLC pour nous donner un portrait réaliste… présenté un samedi de long weekend de Pâques, comme quoi les libéraux eux-mêmes n’étaient pas très fiers du résultat, ce cadre financier ne valait pas beaucoup plus que le papier sur lequel il était imprimé.
Le ministre des Finances avait comme mission de couper dans les dépenses. Jusqu’à quel point aura-t-il réussi à trouver du gras dans les ministères fédéraux ? Nous le saurons tantôt. En l’absence de budget ou de mise à jour depuis bientôt un an, nous avions l’Institut CD Howe qui surveille de près les annonces gouvernementales et qui estime régulièrement la taille du déficit. Récemment, il évaluait le déficit à 92 milliards de dollars. On peut s’attendre à ce que le ministre Champagne ait réussi à faire fondre un peu ce chiffre.
Le gouvernement tentera donc de nous démontrer que des efforts importants d’efficacité ont été faits, alors que l’opposition voudra démontrer que le gouvernement Carney est pire que le gouvernement Trudeau, en fracassant des records de déficit.
Le gouvernement Carney est minoritaire. Or, le vote sur le budget est un vote de confiance. Cela signifie qu’une majorité de députés votant contre le budget ferait tomber le gouvernement et précipiterait le pays dans une autre campagne électorale dont personne n’a envie.
Mais en même temps, les trois partis d’opposition ont de fortes raisons de s’opposer à ce budget.
Les conservateurs auraient l’air fou d’appuyer un budget qui comprend un déficit record. Les libéraux ont beau changer les méthodes comptables, rien ne fera disparaître la réalité. Pierre Poilievre préfère aussi sans doute repartir en élection à la suite d’un vote de confiance convaincant lors de prochain congrès à venir en janvier 2026.
La sortie récente de certains conservateurs qui critiquent le style de Pierre Poilievre peut jeter le doute quant à la solidité de son leadership. Un vote de confiance affichant une confiance élevée dissiperait les doutes et donnerait davantage d’élan au chef conservateur.
Du côté du Bloc, il n’y a pas grand intérêt à repartir en campagne et à dépenser de l’argent qui risque de nous mener à un résultat semblable à avril dernier. Mais en même temps, le Bloc ne peut pas appuyer un budget sans gain pour le Québec. Après s’être fait accuser d’être trop copain-copain avec Mark Carney par le PQ, Blanchet n’a pas tellement de marge de manœuvre pour jouer au collabo.
Et que dire du NPD? Un parti qui, lors de la dernière élection, s’est effondré partout au Canada. Seule une poignée de candidats ont réussi à atteindre un score de 10 % ou plus, leur donnant droit au remboursement des dépenses électorales. Sans chef, le NPD partirait à la guerre avec au mieux, un tire-pois.
Reste que le NPD est tellement affaibli, qu’il est possible qu’il vote de manière à nous épargner des élections hivernales. Appuyer un budget austère rempli de dépenses militaires serait vraiment contre nature pour le NPD, mais une abstention pourrait sauver la donne.
Et vous, une campagne électorale fédérale, ça vous tente?
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