Le premier ministre Mark Carney a conclu sa première visite officielle en Asie après avoir assisté à deux sommets majeurs et tenu une réunion avec le président chinois Xi Jinping que les deux pays ont salué comme un tournant dans leurs relations.
Le premier ministre a commencé son voyage lors du sommet de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), en Malaisie la semaine dernière, avec un plan pour présenter le Canada comme un partenaire commercial fiable et encourager les investissements dans des projets d’édification nationale au pays.
«Nous devons transformer notre économie», a déclaré M. Carney lors d’une conférence de presse de clôture samedi au forum de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC), à Gyeongju, en Corée du Sud.
«Passer d’un système de dépendance à un seul partenaire commercial à un système plus résilient aux chocs mondiaux», est devenu une priorité, a-t-il souligné.
Le premier ministre Carney a déclaré que le Canada travaille à conclure des accords de libre-échange avec la Thaïlande et les Philippines, ainsi qu’avec l’ensemble du bloc de l’ANASE, d’ici un an. Il a également signé un partenariat de défense et de sécurité avec la Corée du Sud.
«Une occasion existe pour transformer fondamentalement les échanges commerciaux entre les pays, les façons de s'associer, d'établir ces relations et les moyens technologiques qui les entourent, a lancé M. Carney avant de revenir au pays. L'Asie est une région qui, comme le Canada, est sur le front de la transformation qui prend son élan dans le monde.»
Jonathan Berkshire Miller, de la firme de lobbying Pendulum Group, a affirmé vendredi que la façon par laquelle M. Carney expliquait son voyage en laissant entendre que le Canada était maintenant prêt à s'engager en Asie à cause de ses problèmes avec le président américain Donald Trump le troublait.
«Ce discours, articulé sur nos relations avec les États-Unis, est problématique en soi», a-t-il déclaré lors du balado Defence Deconstructed diffusé par l'Institut canadien des Affaires mondiales.
Il a souligné que la stratégie canadienne dans la région Indo-Pacifique, que le gouvernement veut mettre à jour trois ans après son dévoilement, vise à démontrer que le Canada est un partenaire fiable et non comme un partenaire intermittent qui va et vient. Selon M. Miller, les propos de M. Carney semble saper cet effort en laissant entendre que le pays se tourne vers l'Asie seulement lorsqu'il est en difficulté.
«On doit faire très attention, car ce discours semble très opportuniste, même occasionnel. C'est ce dont on nous a déjà accusés dans cette région.»
Andreas Schotter, de la Ivey Business School de l'Université Western, à London, en Ontario, souhaite que le Canada investisse davantage dans les moyens pour appuyer les entreprises qui veulent diversifier leurs marchés.
Il juge que le Canada accuse un retard sur ses concurrents quant au nombre suffisant de délégués commerciaux travaillant dans ses ambassades pour identifier les occasions et les contacts locaux.
«On doit vraiment aider les entreprise qui cherchent d'autres marchés. Les aider à le faire, à franchir les bonnes étapes», dit-il.
Le budget
Alors qu’il revient au Canada, le premier ministre sera confronté à un test différent au Parlement, soit l’introduction du premier budget de son gouvernement mardi.
Selon M. Carney, le plan de dépenses fournira des détails sur la façon dont il entend transformer l’économie canadienne, et qu’il arrive à «un moment important dans l’économie mondiale».
Le gouvernement libéral minoritaire aura besoin de l’appui de certains députés de l’opposition, ou que des députés s’abstiennent de voter, pour faire adopter le budget fédéral à la Chambre des communes.
Les partis d’opposition ont présenté leurs listes de demandes au gouvernement avant le jour du budget.
Samedi, Mark Carney ne voulait pas préciser s’il était confiant que le budget soit adopté.
«Je suis entièrement convaincu que ce budget est le bon pour notre pays en ce moment», a-t-il résumé.
Si le budget ne fait pas l’objet d’un vote de confiance, le gouvernement sera renversé et les Canadiens pourraient se diriger vers une autre élection fédérale.
«Je suis toujours prêt à défendre la bonne chose», a ajouté M. Carney, lorsqu'interrogé sur la possibilité que son gouvernement minoritaire tombe lors du vote sur le budget, renvoyant les Canadiens aux urnes.

