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Aux racines de la violence des hommes

Tous les hommes ne sont pas violents. Or, même ceux qui sont passifs face à cette violence participent au problème.

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(Montage Noovo Info et Envato)

Il y a quelques jours à peine, La Presse rapportait une augmentation marquée des signalements d’actes de violences et de discriminations envers des membres de la communauté LGBTQ+. 

Force est d’admettre que c’était écrit dans le ciel, vu le contexte actuel aux États-Unis.

Déjà, en janvier dernier, une étude de l’organisme GRIS-Montréal mettait en lumière une intolérance grandissante envers les personnes LGBTQ+ dans les écoles secondaires du Québec, un malaise qui apparaît plus important chez les garçons.

Tous les hommes ne sont pas violents. Or, même ceux qui sont passifs face à cette violence participent au problème. Et toutes les formes de violences — qu’elles soient envers les femmes, les personnes queers ou d’autres hommes ou garçons — s’inscrivent sur un même continuum.

J’en parlais ici et ici, mais il est difficile de ne pas voir un lien entre la détresse chez les communautés LGBTQ+, l’émergence du mouvement tradwives et la montée des extrêmes droites. C’est sans parler d’un discours masculiniste qui exploite les fragilités affectives de jeunes adolescents en quête de sens dans une société qui semble en être dépourvue.

L’impuissance est le sentiment qui prédomine pour plusieurs, à juste titre, face à l’état du monde. C’est d’autant plus le cas pour des groupes minorisés qui sont très loin d’avoir un rapport de force aussi grand que certains commentateurs laissent entendre.

Quoi dire aux hommes en devenir?

Au cours des dernières décennies, on a énormément dit aux femmes et aux filles d’être fortes, rebelles et de sortir des sentiers battus. Avec raison. Et il faut continuer de le faire, parce qu’elles sont très loin de diriger le monde.

Cela étant dit, comment faire pour élever de futurs hommes qui soient équilibrés sur le plan émotionnel?

Cette question parfois difficile à nommer est pourtant cruciale. En la délaissant dans l’espace public, ce sont les influenceurs misogynes du Web qui se chargent d’y répondre à notre place.

Je pense notamment à cette lettre coup-de-poing d’un père triste et en colère publiée dans Le Devoir samedi dernier, qui dénonce le viol de sa fille par un garçon.

Je ne suis pas parent, je ne veux pas prétendre avoir une réponse toute faite face à ces enjeux.

Mais connaissez-vous vraiment vos enfants ?

Sauriez-vous quoi faire si vous appreniez que votre fils a violenté quelqu’un ?

Êtes-vous conscient que, malgré toutes vos bonnes volontés, il est statistiquement probable que cela se produise et que vous n’y verriez que du feu ?

L’intellectuelle afro-américaine bell hooks a beaucoup écrit sur la masculinité chez les hommes noirs. Dérober le droit à la vulnérabilité aux hommes a un impact direct sur leur amour-propre, mais également sur leur capacité à aimer les autres de manière authentique et saine.

Débattre du sexe des anges

À l’automne 2023, le Gouvernement du Québec a annoncé la mise sur pied d’un Comité des sages sur l’identité de genre dont la composition, le mandat et la pertinence même ont aussitôt été remis en question par des organisations des droits de la personne, des universitaires chevronnés et des membres des communautés LGBTQ+.

Le rapport de près de 300 pages a été rendu public il y a un mois à peine. Il a suscité de nombreuses critiques et inquiétudes, notamment en raison de l’exclusion des personnes concernées et des nombreux travaux de spécialistes du domaine au Québec.

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Pour paraphraser Laverne Cox, célèbre actrice de l’émission américaine Orange Is The New Black, qui était de passage à l’émission d’affaires publiques The View en février dernier : les personnes trans représentent moins de 1 % de la population.

Ce n’est pas à cause d’elles que nous n’arrivons pas à nous payer des œufs ou à nous acheter une maison.

Ce n’est pas non plus en raison des personnes trans que nous avons des enjeux majeurs d’accès à des soins de santé de qualité.

Nous devrions mettre nos énergies sur le 1% de la population qui exerce une influence non négligeable sur les nombreuses crises que nous traversons collectivement: les hommes riches de ce monde et la valorisation de leur mode de vie comme seule aspiration valable pour les jeunes garçons.

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