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La masculinité toxique nuit aussi aux hommes.
La masculinité toxique nuit aussi aux hommes. Dans le but de rectifier le tir, et en voulant déconstruire l’idée préconçue de ce que devrait être un homme, l’organisme Des hommes qui changent a lancé un concours célébrant la masculinité positive.
La deuxième édition connaît un franc succès: depuis l’ouverture du concours le 18 mars, le nombre de candidatures a triplé comparativement à l’année dernière.
«Le succès s’explique en partie parce que des tierces parties peuvent nominer des hommes autour d’eux et cette façon de faire fonctionne mieux que l’an passé », dit Mickaël Carlier, consultant en impact social et fondateur de l’organisme.
Sans vouloir donner de chiffres précis quant au nombre de candidats, M. Carlier assure que chacune des catégories (citoyens, jeunes, éducation, personnalités publiques et professionnels) est représentée.
«Je trouve qu’on manque un peu de candidats du côté de la jeunesse, je pense à des jeunes du Cégep ou de l’université», indique-t-il.
Pourquoi ce concours ? Tout simplement pour renverser la tendance, celle où on parle des hommes en termes peu élogieux… presque tout le temps. «On n’est pas en train d’inventer la réflexion sur la masculinité, mais ça nous semble plus nécessaire que jamais d’avoir cette conversation.»
Mickaël Carlier fait référence entre autres à ce qui se passe aux États-Unis, à la montée de la droite et au retour de valeurs traditionnelles qui ramènent aux rôles genrés. Les étiquettes reviennent vite — pour les hommes comme pour les femmes.
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Il n’en demeure pas moins que les statistiques, présentées sur le site de l’organisme Des hommes qui changent, parlent d’elles-mêmes : les hommes ne vont pas bien.
Des exemples ? Les hommes représentent 97 % des auteurs de violences sexuelles, 96% des auteurs de violences au sein du couple, 84 % des auteurs de coups et violences volontaires, 84 % des auteurs d’accidents de la route mortels, 86 % des mis en cause pour meurtre et 97 % des auteurs de tueries de masse.
Aussi, 96 % de la population carcérale et 90 % des personnes condamnées par la justice sont des hommes.
«Si les hommes vont mieux, s’ils sont bien avec eux-mêmes, c’est évident que leurs relations avec les autres iront mieux», souligne M. Carlier.
En ce sens, l’objectif du concours, c’est aussi de présenter d’autres façons d’être un homme et de montrer des modèles inspirants, sains et positifs.
L’an dernier, trois hommes ont été lauréats du concours : Jean-Marc Bouchard, fondateur et président de l’organisme Emphase ; Thierry Prieur, enseignant et artiste ; et Éric Trudel, bénévole pour Hommes Québec.
Ces hommes ont des parcours ordinaires «extraordinaires». Ils démontrent qu’être un homme peut s’incarner de toutes sortes de manières. «On est proféministes, mais nous, on s’adresse aux hommes entre autres dans le but que le “vivre-ensemble” aille mieux», confie M. Carlier, père d’une fille de 17 ans.
À une époque où les relations amoureuses commencent via les applications, où l’éducation à la sexualité se fait trop souvent par des sites pornographiques et où toutes sortes de nouvelles configurations relationnelles se créent, un fossé se creuse entre les hommes et les femmes.
Les relations sont complexes. Chez les jeunes, par exemple, la solitude et l’isolement battent des records. Près de la moitié des jeunes de 18 à 24 ont avoué éprouver la solitude «parfois ou souvent», selon de récentes données de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Chez les 70 ans et plus, ce chiffre atteint 19%.
Et ça fait mal.
«Depuis le mouvement MeToo, il y a un éveil des consciences, dit Mickaël Carlier, mais il y a aussi un malaise chez certains hommes, qui ne savent plus comment se positionner.»
Des initiatives comme celles du concours pourraient-elles se multiplier, dans le but de briser les stéréotypes? Selon M. Carlier, il faut que le sujet prenne plus d’espace dans la conversation publique.
«On parle de masculinité toxique et c’est vrai que le phénomène existe, mais il existe plein d’autres sortes de masculinités. Il faut en parler!»
Le concours prend fin le 18 mai — c’est donc dire que vous avez encore le temps de postuler ou de présenter un homme de votre entourage.
Pour postuler ou nominer quelqu’un, il suffit de remplir le formulaire de candidature
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