On entend souvent dire que la gestion passive, via les FNB indiciels, a gagné la partie. C’est vrai que c’est séduisant. C’est simple, pas cher et ça suit le marché. Mais quand vient le temps de mettre nos économies durement gagnées à l’œuvre, il y a de bonnes raisons de penser autrement. Parce qu’au fond, investir, ce n’est pas seulement cocher une case ou suivre un indice : c’est choisir les entreprises avec lesquelles on veut grandir selon ses principes et ses valeurs.
Voici dix raisons qui expliquent pourquoi la gestion active garde toute sa pertinence… surtout si on pense comme un propriétaire d’entreprise.
1. Choisir des entreprises qui partagent la richesse
Un investisseur qui choisit des fonds ou des FNB actifs peut mettre son argent dans des compagnies qui traitent bien leurs actionnaires et leurs employés. Des dividendes réguliers, une culture d’entreprise saine, des rachats d’actions disciplinés : c’est du concret, et ça crée de la valeur durable. Acheter un indice boursier est un geste totalement déconnecté de la compétence, de la saine gestion ou de l’impact social d’une société.
2. Miser sur la rentabilité à long terme
Les marchés se laissent vite emporter par les modes : aujourd’hui l’IA, hier les technos, le mois d’avant, les titres «verts», puis autre chose. Un bon gestionnaire actif peut se tenir loin des feux d’artifice passagers et concentrer ses billes sur les sociétés solides, celles qui construisent patiemment leur avenir avec un alignement vers les tendances durables.
3. Éviter de payer trop cher
Les indices incluent tout, même les entreprises qui se négocient à des prix complètement fous. Dans le fond, quand on achète un FNB indiciel pour une fraction de pourcentage, rien ne garantit que vous payiez au rabais les titres qui le compose. Par exemple, le ratio cours/bénéfice CAPE Shiller, indique que le S&P500 se négocie à plus de 39 fois ses bénéfices. Un sommet historique atteint la dernière fois, il y a 25 ans juste avant l’éclatement de la bulle techno en mars 2000. Un gestionnaire actif peut dire : « non merci » et réduire le risque de se retrouver coincé quand la bulle éclatera. Autrement dit, les frais du FNB indiciel, c’est votre ticket d’entrée pour un centre commercial où la marchandise peut être affichée à des tarifs surréalistes. Prenez Palentir (PTLR) lié à l’IA, l’action se négocie à près de 600 fois ses bénéfices.
4. Aligner ses placements avec ses valeurs
On veut tous que notre argent ait du sens. La gestion active permet de dire : « je veux investir dans des entreprises qui respectent l’environnement, qui paient leurs employés décemment, qui ont une gouvernance claire. » C’est une manière de voter avec son portefeuille. Vous avez beau être « granola sur les bords » avec des valeurs hippies et souhaitez la paix dans le monde, mais, si vous investissez dans un portefeuille indiciel tout en un, il y a de fortes chances que vous encouragiez du même coup les géants du militaire comme Lockheed Martin, RTX, Northrop Grumman, General Dynamics, L3Harris Honeywell, Textron, etc. Quoi, vous avez ça dans le REEE de vos enfants ?
5. Chercher là où les autres ne regardent pas
Les petites capitalisations, les marchés émergents, les entreprises de niche… ce sont des endroits où l’information circule moins vite et où les opportunités existent. Un gestionnaire actif peut y trouver des joyaux cachés, invisibles pour un indice. C’est dans les catégories des revenus fixes, dans les actions canadiennes et à l’international qu’on trouve le plus des équipes de gestion qui surpassent les indices.
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6. Réduire certains risques qu’un indice ne filtre pas
Une entreprise en procès, menacée par une réglementation sévère, ou avec une gouvernance douteuse ou un chef de la direction qui mange dans la main d’un autocrate… l’indice la garde quand même. La gestion active permet d’appuyer sur le bouton «éjecter». D’ailleurs à ce sujet, certains gestionnaires ESG ont pu rapidement tasser «Disney» propriétaire d’ABC, lorsque la direction a cédé aux pressions de Trump et a suspendu l’animateur Jimmy Kimmel.
7. S’adapter aux grandes transformations
Quand une révolution comme l’intelligence artificielle ou la transition énergétique bouleverse des secteurs, attendre que les indices s’ajustent, c’est un peu tard. Un gestionnaire actif peut agir vite, et ça peut faire une différence en dénichant, les titres de croissance qui sorte du cadre et qui ont des avantages concurrentiels sous-estimés.
8. Jouer son rôle d’actionnaire
La gestion active, ce n’est pas seulement acheter et vendre. C’est aussi exercer ses droits de vote et discuter avec les entreprises. C’est encourager une gouvernance plus transparente, pousser à une meilleure répartition des bénéfices. Bref, avoir son mot à dire.
9. Ajuster selon le cycle économique
Les indices ne connaissent pas le cycle économique. Un gestionnaire, lui, peut renforcer les secteurs cycliques quand l’économie repart, ou se réfugier dans des valeurs plus défensives quand le climat se détériore. Cela peut rendre la traversée moins turbulente.
10. Construire un portefeuille qui nous ressemble
Certains investisseurs veulent miser sur les entreprises familiales, d’autres sur celles qui versent des dividendes croissants, d’autres encore sûr des sociétés innovantes. La gestion active permet de bâtir un portefeuille avec une vraie personnalité, qui reflète nos propres convictions. Et avant que vous ne posiez la question, NON les conseillers ne gagnent pas plus ni moins si vous investissez en gestion active ou en gestion passive. De nos jours la rémunération de la majorité de planificateurs et de conseillers est détachée des produits choisis. Ils fonctionnent à honoraires selon l’actif confié.
Penser comme un propriétaire, pas comme un passager
La vraie force de la gestion active, c’est qu’elle permet de se comporter en propriétaire d’entreprise. Un propriétaire ne se demande pas si sa compagnie figure dans un palmarès : il regarde la qualité du produit, la culture de travail, la durabilité du modèle d’affaires. Il veut que ça rapporte, oui, mais pas à n’importe quel prix et pas au détriment de ses valeurs et sa morale.
En tant qu’investisseurs, nous pouvons adopter cette même posture. Plutôt que d’être de simples passagers dans un train appelé «indice boursier», nous pouvons choisir d’être aux commandes, de sélectionner les entreprises qui incarnent ce qu’on souhaite pour l’avenir. Ce n’est pas toujours plus simple, ni moins coûteux, mais c’est une façon d’investir avec conviction. Et parfois, ça vaut plus que quelques points de rendement : ça nous rapproche de ce qu’on croit vraiment.
À notre prochain rendez-vous, il sera question de la « gestion indicielle factorielle », une manière d’ajouter des filtres de qualité aux indices afin de respecter justement un peu plus ses principes.
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