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«Au bord du gouffre»: les avertissements du DPB avant le dépôt du premier budget Carney

Les libéraux devraient présenter leur budget longtemps retardé, le 4 novembre prochain.

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Jason Jacques, directeur parlementaire du budget par intérim, se prépare à comparaître devant le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires, sur la Colline du Parlement à Ottawa, le jeudi 25 septembre 2025. Jason Jacques, directeur parlementaire du budget par intérim, se prépare à comparaître devant le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires, sur la Colline du Parlement à Ottawa, le jeudi 25 septembre 2025. (Justin Tang/La Presse canadienne)

À quelques semaines seulement de la présentation du budget par le gouvernement fédéral, les perspectives financières du pays placent le Canada «au bord du précipice», selon Jason Jacques, directeur parlementaire du budget par intérim.

Dans ses dernières prévisions économiques et financières, M. Jacques estime que les libéraux afficheront un déficit annuel de 68,5 milliards de dollars cette année, contre 51,7 milliards l'année dernière. Le directeur parlementaire intérimaire prévoit également que le ratio de la dette fédérale par rapport au PIB — l'un des piliers budgétaires du gouvernement — augmentera à moyen terme et restera supérieur à son niveau d'avant la pandémie.

Dans une entrevue diffusée dimanche dans l'émission Question Period diffusée sur le réseau CTV, M. Jacques a indiqué à l'animatrice Vassy Kapelos que son analyse «soulève des préoccupations importantes» quant à la «viabilité des finances fédérales».

Interrogé sur ce que cela signifie en termes simples, M. Jacques a répondu que même si le Canada n'est pas «tombé dans le précipice», il «se trouve au bord du gouffre».

«D'après nos chiffres, nous sommes arrivés à un point où les choses ne peuvent pas continuer ainsi, et je pense que tout le monde en est conscient», a expliqué M. Jacques, ajoutant que son rapport contextualise l'inquiétude que certains Canadiens ressentent actuellement à l'égard de l'économie.

«Pour nous, il est vraiment important de préparer le terrain pour les parlementaires afin qu'ils sachent à quoi s'attendre et qu'ils aient une meilleure idée du contexte général dans lequel le budget 2025 leur sera présenté.»
- Jason Jacques, directeur parlementaire du budget par intérim

Les libéraux devraient présenter leur budget longtemps retardé — le premier de Mark Carney en tant que premier ministre — le 4 novembre.

Bien que M. Jacques n'ait pas précisé le scénario le plus pessimiste si le Canada venait à basculer dans le «précipice», il a soutenu que ce ne serait «rien de bon».

Il a expliqué qu'en tenant compte du déficit et de la nécessité pour le Canada de restructurer son économie face à certains enjeux géopolitiques — par exemple, le régime tarifaire du président américain Donald Trump —, «le gouvernement ne dispose pas d'une grande marge de manœuvre budgétaire».

 

Interrogé sur la marge de manœuvre dont dispose le gouvernement pour soutenir les secteurs particulièrement touchés de l'économie, M. Jacques l'a qualifiée de « voie étroite ».

«Cela nécessitera à la fois d'envisager de réorienter les dépenses au sein du gouvernement fédéral, en plus de réduire les dépenses ou éventuellement de supprimer des programmes dans certains domaines, ainsi que d'envisager éventuellement d'augmenter les recettes afin de s'assurer que le Canada soit réellement en mesure de naviguer sur cette voie très étroite», a-t-il indiqué.

Il a également ajouté que tout cela nécessiterait un « changement substantiel » de la part du gouvernement.

M. Carney a décrit son budget très attendu comme étant à la fois «austère» et «investisseur», ce qui a amené certains à se demander comment le gouvernement fédéral pouvait consacrer des milliards de dollars à de nouvelles dépenses tout en équilibrant le budget de fonctionnement en trois ans.

Le gouvernement fédéral a publié son dernier budget complet en avril 2024, avec une déclaration économique à l'automne à la fin de l'année dernière.

L'augmentation du ratio dette/PIB «suscite une inquiétude considérable»

L'augmentation du ratio dette/PIB du Canada — qui, selon les estimations de Jason Jacques dans ses perspectives budgétaires, passera de 41,7 % en 2024-2025 à plus de 43 % au cours des cinq prochaines années — « suscite également une inquiétude considérable », selon le DPB par intérim.

Le précédent gouvernement libéral, dirigé par l'ancien premier ministre Justin Trudeau, soulignait fréquemment que le Canada avait le ratio dette/PIB le plus bas du G7, ce qui prouvait la viabilité et la responsabilité budgétaires du pays.

«Cela a probablement été, je dirais, le pilier le plus important des objectifs budgétaires fédéraux au cours des 30 dernières années, et si l'on considère les personnes qui prêtent de l'argent au pays, c'est certainement l'un des principaux indicateurs clés qu'elles examinent également», a indiqué M. Jacques, ajoutant qu'il se soucie moins de la situation du Canada par rapport à celle des pays alliés que de sa situation globale.

CTV News

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