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Le DPB prévoit une forte hausse du déficit, à 68,5 milliards $

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0f0948d20a59a0af302e7e1b25765b7c6a81e78bc4387e95510d9d8681bda372.jpg Jason Jacques, le directeur parlementaire du budget par intérim, comparaît devant le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires sur la colline du Parlement, à Ottawa, le mardi 16 septembre 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Adrian Wyld (La Presse canadienne)

Le ratio de la dette fédérale par rapport au produit intérieur brut (PIB), un indicateur clé des libéraux sous Justin Trudeau, n'est pas en voie de baisser sous Mark Carney, selon des projections du directeur parlementaire du budget dévoilées jeudi.

L'ex-premier ministre et ses troupes ont insisté, durant leurs 10 ans au pouvoir, sur leur objectif de faire décliner ce pourcentage, année après année, malgré les déficits qu'ils cumulaient.

Aujourd'hui, le chien de garde des finances publiques par intérim, Jason Jacques, estime que ce ratio «devrait s’établir à plus de 43 % à moyen terme» et «ne devrait plus être sur une trajectoire descendante» sur la même période.

Plus précisément, son rapport projette que le taux devrait atteindre 43,3 % en 2026-2027, augmenter graduellement pendant les deux années suivantes pour ensuite stagner à 43,7 % de 2028-2029 à 2030-2031.

Dans un communiqué, le bureau de M. Jacques a déclaré que cette donne «soulève des inquiétudes quant à la viabilité à long terme de la politique budgétaire actuelle».

Questionné à ce sujet à son arrivée à une réunion du cabinet, le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, a martelé que le gouvernement Carney s'est doté, dans sa plateforme électorale, d'«ancrages fiscaux» qu'il considère comme étant «très clairs». 

Appelé à fournir des détails sur ce en quoi consistent, concrètement, ces cibles, il a parlé d'un autre ratio effectivement chiffré sur quatre ans dans le plan fiscal de campagne électorale, celui du déficit quant au PIB.

«On a dit que, sur cette période-là, il y aurait un déclin (...) et qu’on attirerait 500 milliards $ d'investissements. Donc on était très très clairs sur nos ratios et je peux vous dire que ces ratios-là, quand vous les comparez aux autres pays du G7, le Canada est dans une très bonne (posture)», a-t-il dit.

Le ministre a, du même souffle, réitéré la promesse électorale de M. Carney d'équilibrer ce que les libéraux appellent le «budget opérationnel» d'ici 2028. Depuis la campagne électorale, M. Carney insiste pour faire une distinction entre les «dépenses opérationnelles» du gouvernement qu’il promet de réduire et les investissements dans l’avenir qu’il souhaite faire fructifier.

Or, aucune cible du ratio de la dette quant au PIB, année après année, ne figure dans la plateforme électorale des libéraux.

Étant donné que le budget 2025 n'a pas encore été déposé, les plus récentes cibles de réduction du ratio dette/PIB publiées par le ministère des Finances remontent à décembre 2024, quand la mise à jour économique d'automne a été présentée dans la tourmente par l'ex-gouvernement Trudeau.

«Le ratio de la dette au PIB devrait baisser chaque année de la période de projection, passant de 41,9 % en 2024-2025 à 38,6 % en 2029-2030», projetait Ottawa à ce moment-là.

Quoi qu'il en soit, les projections du directeur parlementaire du budget (DPB) quant à l'autre ratio mentionné par M. Champagne, celui du déficit quant au PIB, sont moins optimistes que les chiffres avancés en campagne par l'équipe de M. Carney. Néanmoins, une baisse est tout de même prévue, quoique moins importante.

Par ailleurs, M. Jacques prévoit maintenant que le gouvernement fédéral affichera un déficit de 68,5 milliards $ cette année, contre 51,7 milliards $ l'an dernier.

La mise à jour ne tient pas compte des plans visant à accroître les dépenses en matière de défense afin d'atteindre, d'ici 2035, la nouvelle cible de l'OTAN de 5 % du PIB.

Cependant, les quelque 115,1 milliards $ de nouvelles dépenses nettes sur cinq ans annoncées par le gouvernement depuis la mise à jour économique de décembre 2024 ont été inclus dans les calculs du DPB.

M. Jacques affirme qu'une économie affaiblie par la guerre commerciale du Canada avec les États-Unis fait baisser les recettes fiscales d'Ottawa et creuse les déficits alors que les libéraux augmentent également les dépenses en capital.

Il reste aussi à voir ce qu'il adviendra des économies de 15 % sur trois ans que promettent de faire les troupes de M. Carney dans les coûts de programmes des différents ministères.

Le budget 2025 doit être déposé le 4 novembre puisque le gouvernement Carney, au lendemain de son élection, en avril dernier, a choisi de repousser son dépôt.

Le rapport du DPB a été une occasion de plus pour le chef conservateur Pierre Poilievre de reprocher en Chambre aux libéraux d'être encore plus dépensiers sous ls gouverne de M. Carney que de M. Trudeau.

«Pourquoi les Canadiens qui ne peuvent même pas nourrir leurs familles doivent nourrir la dette de ce premier ministre irresponsable?», a-t-il lancé au cours de la période des questions.

Le ministre Champagne a, en réponse, vanté les engagements des libéraux qui «construiron(t) l'économie du 21e siècle», en profitant pour reprocher à M. Poilievre d'avoir voté contre des mesures législatives comme celles ayant jeté les bases d'un programme de prestations pour des soins dentaires.

Émilie Bergeron

Émilie Bergeron

Journaliste