Noam, qui était privé d’école depuis janvier dernier, a finalement pu remettre les pieds dans son établissement scolaire. La nouvelle a été annoncée à la mère du garçon de 11 ans après la diffusion d’un reportage de Noovo Info le concernant.
Il a droit à un retour progressif, mais sur une base quotidienne.
Rappelons que Noam a un trouble de l’autisme (TSA) non verbal et fréquente une école spécialisée pour les élèves aux besoins particuliers. Il avait été retiré des classes parce qu’il était jugé «violent» et «agressif».
Une situation qui a été déplorée par le Dr Égide Royer, psychologue et spécialiste de la réussite scolaire et par la Fédération québécoise de l’autisme.
Aujourd’hui la mère de Noam, Emélie Dubé, se dit soulagée de voir son enfant pouvoir recevoir l’éducation auquel il a droit.
«On est vraiment content et lui aussi», a-t-elle dit, ajoutant qu’elle avait été très surprise de la décision rapide de la direction de l’école après la diffusion du reportage de Noovo Info. Notons qu’elle a tenté à multiples reprises de convaincre l’école de reprendre son garçon.

La Fédération québécoise de l’autisme s’est également réjouie pour Noam et sa famille, mais avec un bémol.
«C'est une victoire, mais ce n’est pas normal qu'on soit obligé de sortir dans les médias pour réussir à avoir les services scolaires dont on a besoin. J'ose espérer que les autres écoles vont réaliser qu'il faut offrir les services nécessaires aux enfants parce que c'est dans la loi sur l'instruction publique», a déclaré Lili Plourde, directrice générale de la Fédération québécoise de l’autisme.
De nombreux enfants vivent toujours des bris de service scolaire
Les nouvelles sont moins bonnes pour Julie Rioux, une autre maman rencontrée par Noovo Info dans le cadre de notre dossier spécial sur la déscolarisation. Son cadet, qui est aussi TSA, est maintenant privé du service de garde le midi et le soir.
Il fréquente une classe régulière à l’école des Berges à Québec et a cumulé depuis le début de la rentrée plusieurs suspensions. Il d’ailleurs été retiré de l’école pendant une semaine en octobre dernier après un événement que la direction a qualifié «d’épisode de désorganisation importante».
Dans un courriel daté du 20 novembre, soit deux jours après la diffusion de notre reportage, une éducatrice spécialisée a indiqué à Mme Rioux que «le retour au service de garde est possible dès qu’une technicienne en éducation spécialisée (TES) est disponible pour assurer une prise en charge un pour un».

Il s’agit selon l’école d’une «condition jugée essentielle pour garantir un encadrement sécuritaire et adapté». Mais l’enfant doit aussi répondre à d’autres critères «incontournables», dont être présent en après-midi. Et c’est là où le bât blesse.
«Il revient à 11h30 et il est démotivé. On a beau faire tout ce qui est en notre pouvoir, il ne veut pas retourner en classe. Il se retrouve scolarisé à mi-temps en ce moment. Sa routine est déstabilisée complètement. Il se sent rejeté», raconte la maman du jeune garçon.
Pour Mme Plourde, l’école n’offre pas les solutions adaptées pour les enfants avec un TSA.
«Les enfants autistes ont besoin de routines, ça, on ne le dira jamais assez… Comment il est censé comprendre que l'après-midi il faut qu'il retourne à l'école?»
Mais l’histoire des enfants de Mme Rioux n’est unique et de nombreux autres enfants vivent toujours des bris de service scolaire au Québec.
Les bris de service scolaire ont d’ailleurs presque triplé au cours des quatre dernières années pour atteindre 3417 en 2025, un chiffre qui serait d’ailleurs sous-évalué selon les experts.
«Les enfants vivent beaucoup d'expulsions, de suspensions, d'absence de services et le manque de formation du personnel fait que ça touche beaucoup, beaucoup de parents. Et malheureusement, il faut reconnaître que ce sont des situations qui sont assez répandues dans tout le Québec», souligne Mme Plourde.
C’est donc un dossier à suivre.
Voyez le reportage de Marie-Claude Paradis-Desfossés dans la vidéo.

