France Lamer est inconsolable depuis que son fils Jean-Patrice Nolin est mort l’été dernier d’une surdose.
En cette journée où il aurait célébré son 33e anniversaire, elle en veut à la personne qui lui a vendu de la cocaïne contaminée par du protonitazène, un opioïde encore plus puissant que le Fentanyl.
«Je veux qu’il paie pour ce qu’il a fait», dit-elle en pleurant.
Dans la jeune vingtaine, Jean-Patrice Nolin, a survécu à un grave accident et a subi un traumatisme crânien, il n’a plus été le même par la suite. Il est devenu invalide au travail et s’est aussi mis à consommer de la cocaïne.
Selon sa mère, il était un consommateur «occasionnel». Il prenait d’ailleurs bien soin de sa fille Aurélie, selon la mère de la petite qui a publié un hommage sur Facebook en avril à ce sujet.
«Je ne pense pas que c’était de façon récurrente chaque jour», raconte Mme Lamer.
Le soir du 18 juillet 2024, il avait un rendez-vous avec une femme. Après sa soirée au restaurant, il est revenu à son appartement et a consommé sa cocaïne, sauf qu’elle était contaminée.
La coroner Me Renée Giroux qui a enquêté sur sa mort conclut que «la drogue consommée par M. Nolin était contaminée par du protonitazène, connu pour être un dangereux opioïde hautement toxique. (…) Elle est relativement nouvelle au Canada et est maintenant reconnue pour être consommée à l’insu des personnes qui utilisent des substances psychoactives comme la cocaïne.»
La substance est plus puissante que le Fentanyl, la coroner termine son rapport en parlant d’une mort involontaire et accidentelle.
«Oui mon gars, en toute connaissance de cause, a acheté de la cocaïne voulant faire un trip à lui, ça lui appartient. Mais il n’a jamais commandé d’être mort après cette consommation-là. Je vois ça comme un meurtre. Combien de personnes, surtout des jeunes, vont devoir mourir avant que quelque chose soit fait?» questionne Mme Lamer.
Enquête en cours
Le Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) confirme qu’une enquête est en cours pour tenter de retrouver le vendeur de Jean-Patrice et peut-être ultimement le fournisseur.
«Le dossier est toujours sous enquête. Les démarches concernant le volet de la surdose sont claires, mais nous sommes toujours à investiguer la provenance de la substance», écrit François Boucher, responsable des communications sur SPAL.
La maman souhaite que son message préventif soit entendu par les consommateurs et souligne qu’il faut parler du sujet sans avoir de préjugés.
«Cette personne m’a enlevé mon fils, un petit-fils, un papa. (…) On se sent impuissants», laisse-t-elle tomber.
Les autorités refusent de répondre
Dans un reportage précédant qui faisait état d’un sombre bilan des surdoses pour 2024 - 645 morts - la docteure Marie-Ève Goyer, cheffe médicale des services en dépendance et en itinérance du CIUSSS Centre-sud-de-l ’Île-de-Montréal disait se sentir aussi impuissante que lors de la crise du VIH.
Elle propose d’ajouter des trousses de Naloxone dans l’espace public, d’éduquer la population sur la consommation illicite pour faire tomber les tabous et va même jusqu’à proposer de décriminaliser les drogues.
Noovo Info a tenté de parler du sujet avec le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, mais ce dernier a refusé de nous accorder une entrevue, préférant nous envoyer une déclaration écrite.
«Pour lutter contre la dépendance aux opioïdes et aux surdoses, notre gouvernement a mis plusieurs actions en place. Depuis 2018, nous en sommes à la deuxième Stratégie nationale de prévention des surdoses. Plusieurs initiatives ont été déployées depuis, telles que des campagnes de sensibilisation, l’accès élargi à la naloxone dans les pharmacies, ainsi qu’une bonification du soutien financier aux sites de consommation supervisée. Sachez que l'on collabore de près avec le réseau et le communautaire pour lutter contre la dépendance aux opioïdes et les surdoses. Par ailleurs, nous travaillons à l’heure actuelle à développer une nouvelle trajectoire de soins en dépendance», peut-on lire dans la déclaration.
La direction de la Santé publique, quant à elle, nous dit être préoccupée et au fait la situation rappelant qu’une campagne de sensibilisation est en cours. Le directeur de la santé publique du Québec, le Dr Luc Boileau, n’a toutefois pas voulu se présenter à la caméra de Noovo Info.
