Les communautés innues de la Côte-Nord connaissent une hausse importante de la violence, notamment en lien avec la présence du crime organisé.
Dans la nuit de vendredi à samedi, cinq incendies criminels ont semé la panique dans la communauté de Uashat mak Mani-Utenam, situé près de Sept-Îles.
«Le dernier feu était aux alentours de 2h. Là, avec tout ce qui se passe dernièrement, ça crée beaucoup de peur», indique Audrey Ringuette, enquêtrice de la Sécurité publique d’Uashat mak Mani-Utenam.
Selon la Sécurité publique, les incendies ont été provoqués par des cocktails Molotov et des accélérants. Un suspect a été arrêté.
Depuis les récents événements, la communauté est sous le choc. Les intervenants de la région invitent d’ailleurs les citoyens à venir se confier.
«Je vous dirais qu’on ne sentait pas ça avant. C'était assez calme et paisible ici. Puis là, ça bouge énormément, ça crée de l'inquiétude», explique Anne-Sophie Bourgeois, intervenante sociale.
Deux membres de la communauté rencontrés par Noovo Info ont indiqué sous le couvert de l’anonymat qu’ils se sentaient menacés.
«Je ne dors pas les nuits tellement j’ai peur que les gangs de rue viennent chez moi et mettent le feu chez moi… ils peuvent se tromper de maison», a témoigné l’une des personnes rencontrées.
Rencontre importante pour la sécurité
Les leaders autochtones et le ministre de la Sécurité publique, Ian Lafrenière, ont fait le point mercredi lors d'une importante rencontre afin d’agir ensemble pour prévenir l’incursion du crime organisé dans les communautés.
«C'est important qu'on fasse ressentir la sécurité à nos membres. […] C'est pas juste la politique, c'est pas juste les corps policiers, c'est tous ensemble», a indiqué Jonathan Shetush St-Onge, chef d’Uashat mak Mani-Utenam.
Le ministre Lafrenière souhaite notamment travailler avec les jeunes des communautés afin de prévenir leur recrutement par le crime organisé.
«Oui, des arrestations, mais vous savez, si on fait juste des arrestations, il y a d'autres vendeurs qui vont arriver le lendemain. Il faut travailler avec les jeunes, que ce soit des messages positifs», dit-il.
Il promet aussi de trouver une solution législative pour permettre les regroupements de services policiers autochtones, comme le demandent notamment Pakua Shipi et Unamen Shipu.
Pour Francis Verreault-Paul, Chef de l'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador, l’une des solutions pour améliorer la situation dans les communautés serait de reconnaître les services de police autochtones comme des services essentiels.
Même si les récents événements d’Uashat mak Mani-Utenam ne sont pas nécessairement liés au crime organisé, ils ajoutent du poids sur une situation qui est déjà très préoccupante depuis plusieurs mois, voire les deux dernières années.
«C’est du monde qui viennent recruter des personnes de la communauté, qui recrutent, mais pas pour vendre des stupéfiants pour eux», explique Carl Jourdain, directeur de la Sécurité publique d’Uashat mak Mani-Utenam.
«Je pense que c'est vraiment primordial de travailler en ce sens là», dit-il.
Voyez le reportage de Marie-Claude Paradis-Desfossés dans la vidéo.

