Florence Bollet Michel a quitté la France pour déménager au Québec durant la pandémie afin de prêter main-forte au système de santé qui était en manque criant de personnel. Aujourd'hui, elle craint de devoir quitter la province.
À l’époque, le gouvernement avait lancé un appel urgent de recrutement, promettant aux travailleurs temporaires de pouvoir s’installer à vie au Québec. Des programmes étaient d’ailleurs disponibles pour qu’ils obtiennent leur résidence permanente.
Toutefois, Mme Bollet Michel se retrouve désormais dans l'impossibilité d'obtenir sa résidence permanente au Québec. Selon elle, ce sont les nombreux changements dans les programmes d'immigration au Québec qui sont en cause.
«On parle souvent d’immigration, mais rarement de nous: ces centaines de professionnels de santé que le Québec est allé recruter à l’étranger avec une promesse claire – du travail pour toute une vie – et une résidence permanente accessible via des programmes aujourd’hui fermés», mentionne-t-elle.
En entrevue avec Noovo Info, elle explique qu’elle s’est installée au Québec avec sa famille, qu’elle a acheté une maison et que ses quatre enfants vont maintenant à l’école ici. Elle soutient qu’aujourd’hui, elle ne trouve plus de solution pour avoir accès à la résidence permanente et que son avenir dans la province lui cause beaucoup de stress.
«Un contrat de travail, c'est un peu une épée de Damoclès, on s'est rendu compte depuis qu'on est là que les politiques, elles changent tellement souvent qu'on ne sait jamais sur quel pied danser», soutient-elle.
Notons que Québec a fermé le Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PRTQ) il y a un an et le Programme de l'expérience québécoise (PEQ) en juin dernier. Il n’y a donc plus aucune porte pour obtenir la résidence permanente, outre le Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ) – un programme ouvert en juillet où les gens doivent accumuler des points et le gouvernement fait un tirage au sort pour octroyer des résidences permanentes.
Travailleuse sociale dans un CLSC, Florence explique que les journées au travail ne sont pas toujours faciles et que dès qu’elle rentre à la maison le soir, elle se demande ce qui arrivera à sa famille lorsque son contrat de travail prendra fin en avril prochain.
«On se dit, mais qu'est-ce qui va nous arriver dans six mois? Qu'est-ce qui va se passer? On se rajoute un stress énorme», raconte-t-elle.
Elle demande que le gouvernement revoie ses politiques d’immigration pour permettre à sa famille, mais aussi à plusieurs autres travailleurs temporaires qui sont venus prêter main-forte dans les établissements de santé de pouvoir continuer de s’établir au Québec.
«Nous ne demandons pas de traitement spécial, mais que les engagements pris soient respectés. Nous aimons notre travail, nous sommes intégrées, nous voulons simplement pouvoir continuer à exercer, comme prévu», souligne-t-elle.
«On a besoin qu'un programme rouvre, peut-être qu’il ne soit pas forcément juste pour les professionnels de la santé, mais en tout cas qu'on ait ces portes-là pour pouvoir rester», ajoute-t-elle.
Qu’arrivera-t-il à nos «anges gardiens»?
Le Parti libéral du Québec (PLQ) trouve la situation déplorable et compte se pencher sur la question de l’immigration permanente alors que des consultations sont présentement en cours.
Le porte-parole en matière d'immigration du PLQ, André Albert Morin, compte d’ailleurs utiliser l’histoire de Florence et des autres travailleurs qui se retrouvent dans la même situation à l’Assemblée nationale.
«C'est une situation que je déplore vivement parce qu’on a invité ces gens-là ici au Québec. Rappelez-vous, à la fin de la pandémie, on les appelait nos anges gardiens. Et là, soudainement, quelques années plus tard, il n’y a plus rien qui fonctionne», a-t-il lancé en entrevue avec Noovo Info.
Il soutient que le discours du premier ministre Legault sur l'immigration a «complètement changé», soulignant que «le contrat moral que le gouvernement est rompu».
Voyez le reportage de Lila Mouch dans la vidéo.
Avec la collaboration de Jennifer Gravel pour Noovo Info.

