Les vidéos d’interrogatoires conduits auprès de la mère de LaSalle accusée d’avoir abandonné sa fille de 3 ans sur le bord d’une autoroute ontarienne montrent pourquoi le juge Bertrand Saint-Arnaud l’a déclarée non criminellement responsable, lundi au palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield.
La mère souffre d’un trouble schizophrénique affectif, selon l’évaluation psychiatrique. La femme de 34 ans n’était pas en mesure de distinguer le bien du mal au moment des évènements ayant mené à l’abandon de son enfant.
Voici des extraits de ce qu’elle a dit lors de plusieurs entretiens avec les autorités, entre le 15 et le 17 juin dernier, avant que sa petite fille ne soit retrouvée vivante le 18 juin, seule sur le bord de l’autoroute 417 près de Saint-Albert par un drone de la police à l’issue d’une opération de recherche massive menée par plus de 150 policiers du Québec et de l’Ontario.
Elle disait alors croire que sa fille était comme «possédée», ou encore contrôlée, reprogrammée par ordinateur. À voir dans la vidéo ci-contre, obtenue par CTV News et Noovo Info.
«En ce moment, elle est ma vie. J’ai rien d’autre qu’elle dans ma vie. J’ai quitté mon job, toute. Toutes les raisons de pourquoi j’ai changé ma vie vont être expliquées dans mon histoire […] La première fois que c’est arrivé… Je sais pas pourquoi j’oublie… C’était quand, dans quel contexte? Ce qui est arrivé à matin, c’était exactement pareil. Je l'ai tout de suite reconnu. Qu’est-ce que j’ai fait la dernière fois, j’ai refait…»
Longue pause.
«Oh! My God… Je sais qu’est-ce qui s’est passé! What the f**k… What the f**k, what the f**k… Oh! My God, (en anglais) je panique. La première fois que c’est arrivé… Est-ce que ça vous dérange si je parle en anglais maintenant? C’est urgent, je comprends maintenant. C’est pour ça que je dois raconter l’histoire à partir du début. F**K!»
«(En anglais) Je sais que ça sonne fou, mais elle devenait possédée par des démons, ma fille. […] J’ai fait la seule chose que Dieu m’a enseigné et je l’ai prise toute de suite, je me suis assuré de toucher sa peau, je lui ai dit que je l’aime…» Longue pause.
Dans un autre entretien, la mère ne collabore pas.
«Moi, je veux recommencer nulle part! Ça va être un gros point. That’s it et je vais me recoucher […] Je connais très bien mes droits!»
«Moi, j’ai pas besoin de t’aider avec ton travail, c’est pas ma responsabilité! Moi j’ai déjà fait ma responsabilité dans ça […] Premièrement, je reconnais mes erreurs, ça va être à moi de vivre avec ça pour le reste de ma vie, ça va être ma responsabilité de vivre avec le fait que ma fille est disparue sur mon temps, ça va être à moi, ma responsabilité, ça va être à moi de vivre avec.»
Plus tard: «(Sa fille) était programmée. Comme s’il y avait quelqu’un sur un ordinateur qui réécrivait son script.»
Et elle affirme avoir laissé sa fille.
«Jesus f**king Christ, (en anglais) qu’est-ce j’ai fait… J’ai eu si peur pour sa vie, je l’ai laissée sur le bord de la route. Je suis retournée immédiatement… Elle était partie. Oh! My God, je dois la trouver. Je venais de réaliser que c’était de ma faute.»
La mère aura passé par plusieurs gammes d’émotion pendant les interrogatoires. Elle a été soumise dans les dernières semaines à une évaluation psychiatrique de 60 jours réalisée à l'Institut Philippe-Pinel à Montréal. Les conclusions de cette évaluation ont été remises au tribunal la semaine dernière.
À la suite de son arrestation, la mère avait été accusée d’abandon illégal d’un enfant. Après avoir comparu devant le tribunal le 3 juillet, elle a été accusée d’une deuxième infraction: négligence criminelle causant des lésions corporelles, passible d’une peine maximale de 10 ans de prison.
Le nom de la femme ne peut être publié afin de respecter la vie privée de l’enfant, dont l’identité est protégée par une ordonnance de non-publication. Il existe également une interdiction de publication systématique interdisant la divulgation de toute information relative aux preuves présentées lors de l’audience de mise en liberté sous caution.
Avec de l'information de Lili Mercure et la collaboration d'Émile Bérubé-Lupien et de Jennifer Gravel pour Noovo Info, ainsi que de l'information de La Presse canadienne
