Début du contenu principal.
«J’ai vu un intervenant qui criait d’arrêter ça.» Photos à l’appui, il montre que les employés étaient vêtus de combinaisons blanches et sont arrivés avec une grue sur le terrain et un camion de vidanges. Selon lui, les employés de la Ville surpris ont alors eu un ton moqueur à l’endroit de la femme qui était secouée d’avoir été brusquement soulevée de terre de la sorte.
«Avec arrogance, ça riait et ils disaient qu’ils étaient payés à l’heure. Ça les dérangeait que la personne désorganisée prenne du temps pour quitter les lieux » explique-t-il.
Au lendemain du démantèlement, il y avait encore des tentes sur les lieux. Pierre, 63 ans est resté. Il n’a pas d’autre endroit où aller. Même chose pour une jeune femme de 32 ans qui croit que ses droits sont bafoués. Elle dit avoir subi au moins cinq démantèlements au cours des dernières années.
«Je suis sans domicile fixe et alors ? J’ai donc pas de droits ou quoi ?», demande-t-elle. Elle raconte avoir réussi à conserver sa tente cette fois même si les employés ont jeté certaines choses. «On joue à la chaise musicale sans musique», laisse-t-elle tomber.
L’opposition à l’hôtel de ville a été choquée par la scène indigne dénoncée par le citoyen. Pour l’élu Benoit Langevin, c’est la preuve que l’administration Plante improvise lorsqu’elle démantèle de tels campements. Les employés de la Ville ne sont pas formés comme des travailleurs sociaux capables d’adopter une approche empathique, selon lui. «Encore une fois, ils ne sont pas prêts après sept ans au pouvoir.», martèle-t-il.
La Ville admet avoir omis d’inspecter ladite tente avant d’aller de l’avant et vouloir faire un post mortem. Elle s’est fiée sur les dires d’un voisin avant d’intervenir. Le service des communications s’explique dans une déclaration écrite.
«La tente à laquelle nous croyons que vous faites référence était située à côté d'un autre campement. Le voisin nous a affirmé qu'elle était vide. Nos équipes ont donc commencé à la défaire, et se sont rendu compte avec surprise qu'il y avait quelqu'un encore à l'intérieur. La dame a pu prendre le temps de ramasser ses affaires avant que nous poursuivions le délicat travail de démantèlement. Comme lors de toute opération délicate de ce type, un post-mortem sera effectué et nous réitérons l'engagement de l'arrondissement et de ses partenaires à gérer ces situations avec empathie et bienveillance.»
Le cabinet de la mairesse trouve que la situation rapportée par le témoin est «inadmissible» et promet de faire toute la lumière sur l’intervention.
«Soyons clairs, cela ne doit pas se reproduire et les comportements inappropriés ne sont pas tolérés et viennent avec des conséquences. La brigade EMMIS, le SPVM et des travailleurs de rue sont toujours disposés à répondre aux besoins des personnes en situation d’itinérance et à soutenir les équipes qui interviennent. Évidemment, il s’agit d’interventions délicates qui nécessitent humanité et professionnalisme de la part des équipes. On s’attend donc à un comportement exemplaire de la part de tous les intervenants impliqués.»