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Le chef Sipi Flamand souhaite que le tribunal tranche en faveur de la communauté et force le gouvernement à effectuer une réfection majeure du chemin de Manawan d’ici les deux prochaines années.
«Chaque jour sans travaux met en danger nos membres et tous les usagers de cette route de l’enfer, et compromet l’accès à des services essentiels. Le temps des discussions est terminé», dit-il.
Noovo Info a roulé sur les 86 km qui séparent Saint-Michel-des-Saints et la communauté de Manawan. La route forestière, presque entièrement sur terre battue, est sinueuse et très étroite. De nombreux camions lourds l’empruntent et soulèvent la poussière, rendant la visibilité réduite. Lorsque les conditions routières se dégradent, d’énormes nids de poule et crevasses se forment sur la route. Ceux qui l’empruntent doivent se munir d’une radio pour s’annoncer, particulièrement avant une courbe.
«C’est hyper dangereux! On ne voit pas dans les courbes quand on tourne», raconte Samantha Dobbin, art-thérapeute, qui fait le voyage vers Manawan depuis maintenant deux ans.
Narcisse Ottawa a survécu à un grave accident de la route en 1990 dans lequel son oncle lui a péri.
«On a vu l’autre véhicule à la dernière minute avec toute la poussière que faisait le camion devant nous. Mon oncle n’a rien pu faire. Il était déjà trop tard», témoigne-t-il les yeux remplis de larmes.
Encore aujourd’hui, le père de famille est craintif lorsqu’il emprunte le chemin forestier pour une sortie en ville avec ses enfants. Il était aussi un proche de Jonas Dubé et son fils de 7 ans qui eux, ont perdu la vie tout près de Saint-Michel-des-Saints lorsque leur véhicule a fait des tonneaux avant de se retrouver dans la rivière. La piètre qualité de chemin avait été montrée du doigt.
Le bilan du Comité d’examen sur la mortalité autochtone publié en 2024 mentionne également que «la route, elle-même, est un enjeu extrêmement important dont les coroners devraient tenir compte lors de la rédaction de leurs rapports d’investigation».
Des passagers se rendant à un rendez-vous médical à l’hôpital de Joliette ont témoigné que le trajet «brassait pas mal» et que «c’était parfois inquiétant». Des photos partagées par les autorités atikamekw exposent des ambulances accidentées qui ont fait les frais de l’état du chemin de Manawan.

Le chef Sipi Flamand a confirmé à Noovo Info que les ambulanciers avaient déjà eu comme directive de ne pas rouler à plus de 70 km/h.
«Ça pouvait entraîner de graves conséquences pour les patients qui devaient être transférés. (…) C’est vraiment dangereux ce chemin», ajoute le leader autochtone.
«Ça toujours été un enjeu, un défi le transport ambulancier. Une grande inquiétude», ajoute l’ex-directrice du Centre de santé qui relate des transports difficiles, dont pour une fillette qui avait dû endurer un trajet pénible alors qu’elle avait un bras fracturé.
À voir dans la vidéo.