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Centaines de logements abandonnés à Montréal: y a-t-il une solution?

«Ils ne font rien. Ils font le strict minimum pour pas avoir à dépenser.»

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Centaines de logements abandonnés à Montréal: y a-t-il une solution? Centaines de logements abandonnés à Montréal: y a-t-il une solution?

Des centaines de logements sont laissés vacants volontairement à Montréal en pleine crise du logement. 

Noovo Info a récemment dénombré près de 300 logements abordables du même propriétaire, Gestion Turret, qui sont laissés à l’abandon. En tout, près de 200 logements vacants sont laissés vacants à Pointe-aux-Trembles et une centaine sont vides à LaSalle.

Le président de l’entreprise immobilière, Robin Lang, avait indiqué que ces logements étaient vacants parce que des rénovations y sont prévues.

«Je vous ai donné l'explication. Si vous n'êtes pas content, je peux rien faire», mentionne M. Lang au téléphone.

Toutefois, un ancien employé de Gestion Turret doute de la bonne foi du propriétaire et de son réel désir de rénover un jour ses parcs immobiliers.

En entrevue au téléphone, il explique que le propriétaire ne serait pas prêt à dépenser pour rénover ses logements.

«Il y a du monde qui ont réellement besoin de rénovations et il ne touche à rien. Ils ne font rien. Ils font le strict minimum pour ne pas avoir à dépenser. S’il y a de la moisissure partout, les murs sont noirs comme s’il y avait de la peinture noire, je ne peux pas laver ça, il faut que ce soit enlevé et remplacé», raconte l’ex-employé.

Ce dernier souligne que même si la Ville allait inspecter, les gestionnaires ne montreraient que des logements propres et que les logements «en périls» ne seraient pas visités.

La CORPIQ s’en mêle

La Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) a également voulu en savoir plus auprès du propriétaire, mais au moment d’écrire ces lignes, ce dernier n’avait toujours pas retourné leur appel.

«200 logements et maintenant 100, c'est quand même important», souligne le porte-parole de la CORPIQ, Éric Sansoucy.

Selon la CORPIQ c'est probable que le propriétaire envisage effectivement de rénover les deux parcs immobiliers et qu'il préfère les laisser vacants au fur et à mesure que les gens quittent pour éviter de procéder ultérieurement à des rénovictions.

«Les projets de rénovations majeures impliquent de relocaliser des familles. Donc si on a des vieux bâtiments, on peut faire une planification en ce sens. Et si on a des systèmes électriques ou de plomberie à faire ou si on veut isoler, c'est pas mal plus simple de faire ça dans des logements qui sont inoccupés», mentionne M. Sansoucy.

Des solutions?

En juillet dernier, la Ville de Montréal avait envoyé une lettre au propriétaire afin qu’il rende des comptes. Elle lui a également annoncé qu’elle utilisera son droit de préemption pour ses logements de Pointe-aux-Trembles.

L'administration Plante indique que «dans le contexte de la crise du logement, chaque logement compte et c'est très douloureux de voir qu'un propriétaire ne met pas ses unités à l'eau. Nous communiquerons avec l'arrondissement afin qu'ils signifient aux propriétaires l'importance de louer ces logements».

Luc Rabouin, candidat à la mairie de Montréal pour Projet Montréal, avait d’ailleurs promis, lors d’un entretien avec Noovo Info, de créer une taxe pour ces propriétaires récalcitrants s’il est élu à l’automne.

Mais pour la candidate à la mairie de Montréal pour Ensemble Montréal, Soraya Martinez, exproprier le propriétaire ou encore le taxer n'est pas une solution, soulignant que ce dernier risque de refiler la facture aux locataires.

Soraya Martinez Ferrada en conférence de presse 2025 pour Ensemble Montréal Soraya Martinez Ferrada en conférence de presse 2025 pour Ensemble Montréal (Noovo Info )

«Actuellement, la Ville a énormément de bâtiments et de maisons qui ont été achetées, qui sont vacants depuis plusieurs années. Il faudrait commencer à s'occuper de ces bâtiments vacants qui sont sous la juridiction de la Ville de Montréal», soutient Mme Martinez.

À la lumière de cette histoire, plusieurs voient maintenant encore plus la nécessité d'obtenir un registre des loyers au Québec. Noovo Info a tenté d'obtenir une entrevue avec la ministre responsable de l'Habitation à ce sujet, mais elle a refusé. Elle nous a répondu par écrit que c'était «inacceptable que des centaines de loyers soient ainsi laissés vacants», mais elle a précisé qu'il s'agit d'un propriétaire privé et que les immeubles n'appartiennent pas à la Société d'habitation du Québec.

Voyez le reportage de Véronique Dubé dans la vidéo.