Le gouvernement du Québec a dévoilé jeudi le corridor sélectionné pour le troisième lien entre Québec et Lévis: le point de connexion au réseau supérieur du côté de Québec sera l’autoroute Félix-Leclerc (A-40), soit via l’autoroute Robert-Bourassa (A-740), soit via le boulevard Pierre-Bertrand (R-358). Du côté de Lévis, le point de connexion sera l’autoroute Jean-Lesage (A-20), dans l’axe du chemin des Îles.
«Ce corridor permettra de réaliser le meilleur projet pour les deux régions, en plus de répondre aux besoins et aux attentes de la population, des entrepreneurs et des élus, qui réclament depuis plusieurs années un nouveau lien pour soutenir le développement économique de leurs régions», souligne-t-on dans un communiqué.

Selon le ministère des Transports et de la Mobilité durable, ce corridor répond donc aux grands objectifs du projet, notamment en matière de développement économique, de sécurité commerciale, de transport de marchandises, de fluidité de la circulation et de transport collectif.
«Ce projet va bien au-delà d’un axe routier : il s’agit d’un levier stratégique pour sécuriser le transport des marchandises, assurer la fluidité des échanges commerciaux, soutenir nos entreprises et renforcer la résilience économique et logistique du Québec, à commencer par les régions de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches», a notamment commenté Geneviève Guilbault, vice-première ministre et ministre des Transports et de la Mobilité durable (MTMD).
À lire aussi | Le 3e lien des années 1960 à aujourd’hui: comment s’y retrouver?
«Le troisième lien répond concrètement aux besoins exprimés depuis longtemps par la population. Le corridor annoncé aujourd’hui est le meilleur projet : il favorisera la croissance économique, soutiendra nos entreprises et améliorera la qualité de vie des citoyens de la Capitale-Nationale en leur offrant d’autres options de mobilité», a pour sa part mentionné Jonatan Julien, ministre responsable des Infrastructures et ministre responsable de la Capitale‑Nationale.
Bien que le choix du corridor soit maintenant fait, il reste tout de même plusieurs questions – sans réponse aujourd’hui – concernant le coût éventuel du projet, le tracé précis, les secteurs qui pourraient être touchés par des expropriations et la place du transport en commun.
Encore du travail à faire
Le travail entourant le 3e lien entre Québec et Lévis n'est évidemment pas terminé alors que les diverses études, notamment en ingénierie, préalables à la phase de conception collaborative se poursuivent. Le MTMD précise que des inventaires sur le terrain et des forages géotechniques seront aussi réalisés afin de caractériser le corridor.
«L’ensemble de ces activités permettront de définir le tracé ainsi que les exigences de base du projet. La prochaine étape sera le dépôt, vers la mi-2025, de l’avis de projet préalable aux travaux du BAPE», ajoute-t-on.
Québec prévoit le dévoilement du tracé et du budget cible à l’automne 2025. Viendra ensuite, en 2026, le processus de sélection d’un concepteur et d’un constructeur et en 2027, la signature du contrat et le lancement de la phase de conception collaborative pour le 3e lien.
Retour sur le projet de 3e lien
Le projet d'ajouter un 3e lien pour relier les rives de Québec et de Lévis est sur la table à dessin depuis un bon moment.
En avril 2023, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, abandonne le projet d’un lien autoroutier entre Québec et Lévis. Elle proposera plutôt un tunnel dédié au transport en commun.
Puis, en octobre 2023, le premier ministre François Legault prend tout le monde par surprise en annonçant qu’il veut consulter la population de Québec au sujet du troisième lien et que toutes les options étaient sur la table.
Le projet est ressuscité en juin 2024, malgré un rapport défavorable de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
En février dernier, le MTMD a présenté cinq corridors à l'édude pour la construction d'un nouveau lien entre Québec et Lévis. Le MTMD précise que le corridor situé à proximité des ponts actuels a été rejeté en raison de risques élevés en matière d'intégration urbaine et de risques importants de congestion en cas d'incident.
Toujours selon le ministère des Transports, les corridors situés plus à l'Est ont été éliminés en raison, entre autres, de leur longueur, de l'empiètement plus important dans le fleuve, des risques d’intégration importants quant au paysage culturel du Vieux-Québec inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, du peu de potentiel à la bonification de l’offre en transport collectif et des coûts anticipés plus importants.
Depuis 2018, plus de 60 millions $ d'argent public ont été engagés dans ce projet de troisième lien.
3e lien: pas toujours un fleuve tranquille
Le dossier du 3e lien n'a pas toujours fait l'unanimité – et ne le fait pas encore – que ce soit au sein de la population ou auprès des différents partis politiques.
En avril dernier, par exemple, le Collège des médecins dénonçait le gouvernement du Québec déplorant «qu'il préfère investir des millions dans le projet flou de troisième lien Québec-Lévis plutôt que dans les hôpitaux qui tombent en ruine».
La Coalition nationale «Non au troisième lien» s’oppose aussi depuis plusieurs années à la construction d’un troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis jugeant que le projet est «un gaspillage de fonds publics».
À voir aussi | 3e lien: Gilles Lehouillier apprécie la position de Sam Hamad
Les citoyens semblent toutefois s'être faits à l'idée au fil du temps. Un sondage SOM publié dans Le Soleil au début du mois indique que 70% des citoyens sondés sont favorables au projet de troisième lien entre Québec et Lévis.
Avec des informations de La Presse canadienne

