L’évêque de Londres, Sarah Mullally, a été nommée vendredi archevêque de Canterbury, devenant la plus haute responsable religieuse de l’Église d’Angleterre et cheffe spirituelle des anglicans, une première pour une femme.
Sarah Mullally, 63 ans, ancienne infirmière, mariée et mère de deux enfants, remplace Justin Welby, contraint à la démission en novembre 2024, après avoir été mis en cause pour sa gestion d’un scandale d’agressions physiques et sexuelles.
Dans un discours prononcé dans la cathédrale de Canterbury (sud-est de l’Angleterre) après sa nomination, la première cheffe de l’Église anglicane d’Angleterre s’est engagée à «favoriser une culture de sécurité et de bien-être pour tous».
«En tant qu’Église, nous avons trop souvent échoué à reconnaître ou à prendre au sérieux les abus de pouvoir sous toutes leurs formes», a déclaré Sarah Mullally, qui prendra officiellement ses fonctions lors d’une cérémonie à la cathédrale Saint-Paul à Londres.
Elle devrait occuper ce poste jusqu’à ses 70 ans, âge de départ à la retraite de tous les évêques de l’Église d’Angleterre.
La démission de son prédécesseur avait plongé cette institution dans la tourmente, et de nombreuses voix s’étaient élevées pour appeler à des réformes.
Justin Welby avait annoncé son départ à la suite d’un rapport accablant, qui l’accusait d’avoir couvert pendant des années un scandale d’agressions physiques et sexuelles contre 130 garçons et jeunes hommes par un avocat lié à l’institution religieuse.
Cet avocat, John Smyth, est mort en Afrique du Sud en 2018 sans avoir fait l’objet de poursuites judiciaires.
Sarah Mullally a par ailleurs souligné que l’Église d’Angleterre avait la «responsabilité» d’être «aux côtés de la communauté juive pour lutter contre l’antisémitisme sous toutes ses formes», au lendemain d’un attentat contre une synagogue à Manchester qui a fait deux morts, l’une des pires attaques antisémites dans le pays.
«Une bergère»
Première femme à diriger l’Église d’Angleterre, elle a décrit son rôle comme celui d’«une bergère».
«Aujourd’hui, je rends grâce à tous les hommes et femmes, laïcs et ordonnés, diacres, prêtres et évêques, qui ont ouvert la voie à ce moment, ainsi qu’à toutes les femmes qui m’ont précédée : merci pour votre soutien et votre inspiration», a dit cette femme blonde, qui a travaillé pendant plus de 35 ans dans le secteur de la santé.
Sarah Mullally, qui s’est décrite comme «féministe» selon la presse, a approuvé la décision de l’Église d’Angleterre d’autoriser les prêtres à bénir les unions de personnes de même sexe en 2023. Membre de la Chambre des Lords, elle a exprimé son opposition au projet de loi sur l’aide à mourir actuellement en discussion.
Sarah Mullally a été ordonnée prêtre en 2002. Elle est devenue la première femme évêque de Londres en 2018, quatre ans après l’autorisation faite aux femmes d’accéder à la charge d’évêque, après de vifs débats internes au sein de l’Église d’Angleterre.
Plus de 40 des 108 évêques d’Angleterre sont désormais des femmes. La proportion est similaire parmi les prêtres, un sacerdoce que peuvent exercer les femmes depuis le début des années 1990.
Sa nomination, par un collège d’électeurs membres et non membres du clergé anglican, a été approuvée par le roi Charles III, gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre.
Depuis le départ en janvier de Justin Welby, c’est l’archevêque d’York, Stephen Cottrell, qui assurait l’intérim.
L’archevêque de Canterbury officie notamment lors des grands événements royaux, comme les couronnements, mariages et obsèques.
L’Église d’Angleterre, en perte de vitesse, compte une vingtaine de millions de fidèles baptisés, mais évalue à un peu moins d’un million ses pratiquants réguliers, selon des statistiques portant sur l’année 2022.
La religion anglicane est née en Angleterre au XVIe siècle d’une scission avec l’Église catholique en raison d’un désaccord entre le roi Henri VIII et le pape.
Elle se veut à mi-chemin entre catholicisme et protestantisme. À la différence de l’Église catholique romaine, l’Église anglicane ordonne des femmes et permet aux prêtres de se marier.
