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Une infirmière montréalaise témoigne de la situation à Gaza alors qu'elle en revient

«La deuxième fois, c'était encore pire, et nous ne pensions pas que cela pouvait empirer. Et pourtant, cela a empiré.»

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L'infirmière Amy Low qui a travaillé pendant huit semaines avec MSF à Gaza. L'infirmière Amy Low qui a travaillé pendant huit semaines avec MSF à Gaza. (CTV News)

L'infirmière montréalaise Amy Low est rentrée chez elle après avoir travaillé pendant huit semaines avec Médecins Sans Frontières (MSF) à Gaza. C'est sa troisième mission dans la région depuis 2023, et en réfléchissant à son séjour, elle a déclaré qu'il «ne semblait plus y avoir aucune humanité».

«La première fois, c'était assez difficile», a indiqué Mme Low. «La deuxième fois, c'était encore pire, et nous ne pensions pas que cela pouvait empirer. Et pourtant, cela a empiré.»

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News

Elle a décrit des moments «chaotiques et extrêmement tristes» où les blessés et les cadavres étaient transportés en urgence vers un centre de soins primaires de MSF depuis un centre de distribution alimentaire situé à environ deux kilomètres.

«Nous ne sommes pas un centre de traumatologie», a-t-elle indiqué.

«Pour les personnes gravement blessées, il fallait appeler l'ambulance. Mais souvent, l'ambulance ne venait pas. Il valait mieux pour nous disposer d'un moyen de transport pour emmener ces personnes à l'hôpital.», a t-elle affirmé. 

«Mais si les hôpitaux étaient pleins, ils nous disaient : "Gardez-les". Et nous ne pouvons pas. Nous n'avons pas de place. Et nous ne pouvons rien faire d'autre que les stabiliser.»
- Amy Low, infirmière

Après les frappes sur une église en début de semaine, l'Associated Press a rapporté que l'armée israélienne avait indiqué qu'elle «opérait pour démanteler les capacités militaires du Hamas » et qu'elle prenait « toutes les précautions possibles pour limiter les dommages civils».

Le rapport mentionne également des tirs près de centres de distribution de nourriture, comme celui situé près du site où MSF opère, qui sont gérés par la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), un prestataire américain soutenu par Israël. L'AFP a rapporté que l'armée israélienne avait dit que ses troupes n'avaient tiré que des coups de semonce pour contrôler la foule.

MSF affirme que ses équipes à Al-Masawi, dans le sud de Gaza, et à Gaza City constatent une forte augmentation de la malnutrition aiguë. Sept cents femmes enceintes et allaitantes et 500 enfants sont actuellement traités dans des centres d'alimentation.

Mme Low a également raconté l'histoire d'un garçon de 13 ans qui a été transporté d'urgence avec une blessure superficielle au mollet, tenant un sac de nourriture provenant du centre. Une infirmière lui a dit que son père était mort et qu'il avait été envoyé chercher de la nourriture pour sa famille.

«Il a dit qu'il était heureux d'avoir réussi à obtenir un sac de nourriture, même s'il avait été blessé en essayant de le récupérer», a-t-elle expliqué.

Les collègues locaux de Mme Low ont dû faire face à la tension liée à l'arrivée des blessés, ainsi qu'au stress mental extrême causé par la peur pour leurs proches ou par le fait de devoir évacuer leur maison à tout moment.

«À notre retour, nous souffrirons peut-être de stress post-traumatique», a-t-elle soutenu. «Mais eux, ils y sont confrontés en permanence. Comment vont-ils s'en remettre ?»

Les hôpitaux et les centres de soins ont été confrontés à des pénuries de certaines fournitures, plaçant le personnel médical dans la situation difficile de devoir décider s'il fallait poser un drain thoracique à une personne qui risquait de ne pas survivre, car le patient suivant avait peut-être de meilleures chances de survie.

Selon MSF, depuis octobre 2023, 12 personnes travaillant pour l'organisation sont mortes à Gaza.

Mme Low a grandi à Montréal et a suivi une formation d'infirmière à l'université McGill. Elle a rejoint les rangs de l'organisation il y a plus de dix ans et possède une vaste expérience dans les zones de conflit. Elle a travaillé en Haïti, au Soudan du Sud, en Éthiopie, au Yémen, au Nigeria, au Mexique, au Costa Rica et au Congo.

En tant que chef de l'équipe médicale, elle a coordonné les équipes sur le terrain dans deux centres de soins de santé primaires et dans le service de pédiatrie et de maternité de l'hôpital Nasser.

Malgré les défis considérables auxquels elle a été confrontée, Mme Low prévoit de retourner à Gaza pour soutenir les équipes médicales sur le terrain.

«Pour leur montrer que nous nous soucions toujours d'eux, que nous sommes toujours là, que nous voulons toujours les aider et que le monde ne les a pas oubliés.»

CTV News

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