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Une défection rend la coalition de Nétanyahou minoritaire au Parlement israélien

Diriger un gouvernement minoritaire constituerait un défi pour Benyamin Nétanyahou.

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b66a29f3c12a5a91377beeacf754026e0efa4dab35d43ccb483f234734a7c430.jpg Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu, speaks to reporters before a meeting with lawmakers at the Capitol in Washington, Wednesday, July 9, 2025. (AP Photo/Manuel Balce Ceneta) (AP Photo)

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a subi un revers politique majeur mercredi: un partenaire clé de son gouvernement a annoncé qu’il quittait sa coalition, le laissant en minorité au Parlement alors que le pays est confronté à une multitude de défis.

Le Shas, parti ultraorthodoxe qui a longtemps fait office de faiseur de rois dans la politique israélienne, a annoncé qu’il quitterait la coalition gouvernementale en raison de désaccords autour d’un projet de loi visant à garantir de larges exemptions de service militaire pour ses électeurs. Il est le deuxième parti ultraorthodoxe membre de la coalition au pouvoir à faire défection cette semaine.

«Dans le contexte actuel, il est impossible de siéger au gouvernement et d’en être un partenaire», a fait savoir Michael Malkieli, ministre membre du Shas, en annonçant la décision du parti.

Le Shas a toutefois affirmé qu’il ne compromettrait pas la coalition de M. Nétanyahou de l’extérieur et qu’il pourrait voter avec elle sur certaines lois, offrant ainsi au premier ministre une bouée de sauvetage dans ce qui, autrement, rendrait la tâche du gouvernement quasiment impossible et mettrait en péril son long règne. 

Une fois la démission du parti effective, la coalition de Benyamin Nétanyahou disposera de 50 sièges sur les 120 que compte le Parlement.

Pour l'instant, le pouvoir du premier ministre ne semble pas menacé. Une fois la démission du Shas annoncée, il y a 48 heures avant qu'elle ne soit officielle, ce qui donnera au dirigeant israélien l'occasion de sauver son gouvernement.

L'annonce du parti intervient également juste avant les vacances parlementaires d'été, accordant à M. Nétanyahou plusieurs mois de faible activité législative, voire d'inactivité, pour réintégrer les partis.

Un porte-parole du Likoud, le parti de M. Nétanyahou, n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire.

Cette instabilité politique survient à un moment crucial pour Israël, qui négocie avec le Hamas les termes d'un projet de cessez-le-feu pour Gaza soutenu par les États-Unis. La décision du Shas ne devrait pas faire dérailler les négociations.

Mais avec une coalition qui se fracture, le premier ministre israélien ressentira une pression accrue pour apaiser ses autres alliés au pouvoir, notamment l'influente aile droite, qui s'oppose à la fin de la guerre de 21 mois à Gaza tant que le Hamas demeurera intact.

Malgré la perte de deux partenaires politiques importants, Benyamin Nétanyahou pourra toujours avancer à partir d'un accord de cessez-le-feu, une fois celui-ci conclu. L'administration Trump pousse Israël à mettre un terme à la guerre.

Mardi, le parti ultraorthodoxe Judaïsme unifié de la Torah a annoncé son départ après l'échec de M. Nétanyahou à faire adopter une loi sur les exemptions au service militaire.

Le service militaire est obligatoire pour la plupart des Juifs israéliens, et la question des exemptions divise depuis longtemps le pays. Ces divisions n'ont fait que se creuser depuis le début de la guerre à Gaza, la demande de main-d'œuvre militaire ayant augmenté et des centaines de soldats ayant été tués.

Un accord conclu il y a plusieurs décennies par le tout premier premier ministre israélien a accordé à des centaines d'hommes ultraorthodoxes des exemptions du service militaire obligatoire. Au fil des ans, ces exemptions se sont multipliées par milliers et ont créé de profondes divisions en Israël.

Les ultraorthodoxes affirment que leurs hommes servent le pays en étudiant les textes sacrés du judaïsme et en préservant une tradition séculaire. Ils craignent que l'enrôlement obligatoire ne dilue le lien de leurs fidèles avec leur foi.

Mais la plupart des Juifs israéliens considèrent cette exemption comme injuste, tout comme les généreuses allocations gouvernementales accordées à de nombreux hommes ultraorthodoxes qui étudient au lieu de travailler tout au long de leur vie adulte. Cette amertume n'a fait qu'empirer pendant près de deux ans de guerre.

La coalition de Benyamin Nétanyahou tente de trouver une voie à suivre pour une nouvelle loi. Mais sa base est largement opposée à l'octroi d'exemptions générales à la conscription et un législateur clé s'est opposé à l'adoption d'une loi que les ultraorthodoxes pourraient soutenir, ce qui a entraîné leur départ.