Donald Trump a haussé le ton lundi contre Vladimir Poutine, à l’occasion d’une rencontre en Écosse avec le premier ministre britannique Keir Starmer, en donnant «10 ou 12 jours» au président russe pour mettre fin au conflit en Ukraine, sous peine de sévères sanctions.
Le président américain, qui jusqu’ici ne s’était pas beaucoup étendu sur la catastrophe humanitaire à Gaza, a dit voir des signes d’une «vraie famine» dans le territoire palestinien assiégé par Israël, et promis plus d’aide, notamment avec l’ouverture de «centres de distribution alimentaire».
À Vladimir Poutine, il a fixé «une nouvelle date limite d’environ 10 ou 12 jours à partir d’aujourd’hui» pour mettre un terme à la guerre en Ukraine.
«Il n’y a aucune raison d’attendre. Nous ne voyons aucun progrès.»
Il a notamment dit envisager des sanctions «secondaires», c’est-à-dire touchant les pays qui achètent des produits russes, par exemple des hydrocarbures, afin d’assécher les revenus de Moscou.
Donald Trump s’est dit «très déçu» par le maître du Kremlin, qui poursuit ses attaques en Ukraine. « Je pensais vraiment que cela allait s’arrêter. Mais à chaque fois que je pense que cela va s’arrêter il tue des gens», a-t-il commenté. «Cela ne m’intéresse plus vraiment de discuter» avec lui, a-t-il ajouté.
Kiev a immédiatement salué son message de «fermeté».
Le Kremlin a affirmé lundi qu’une rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump n’était «pas exclue» en Chine en septembre, si le président américain se rendait dans ce pays à la même date que son homologue russe.
Vladimir Poutine doit se rendre en Chine pour les célébrations du 80ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, début septembre. Et, «s’il se trouve que le président américain décide d’aller en Chine à ce moment-là, alors une telle rencontre ne peut théoriquement pas être exclue», a déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, lors de son breffage quotidien auquel assiste l’AFP.
M. Poutine doit se rendre à Pékin pour une grande parade militaire marquant les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le président Xi Jinping présidera cet événement qui aura lieu sur la place Tiananmen le 3 septembre.
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier 2025, les présidents américain et russe se sont entretenus à plusieurs reprises par téléphone, notamment au sujet de l’offensive à grande échelle lancée par Moscou en Ukraine en février 2022, mais ils n’ont pas eu de réunion.
«Réelle famine»
Le milliardaire a accueilli le premier ministre britannique Keir Starmer et son épouse Victoria sur le perron du luxueux complexe de golf appartenant à sa famille à Turnberry, sur la côte ouest de l’Écosse.
Les deux dirigeants ont ensuite pris place dans deux fauteuils de la fastueuse salle de bal où Trump avait déjà reçu la veille la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen pour conclure un accord commercial. Là, le président américain a répondu aux questions des journalistes pendant plus d’une heure.
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Concernant Gaza, il a jugé qu’un cessez-le-feu était «possible» et reconnu que «beaucoup de gens mouraient de faim».
Évoquant des images d’enfants de Gaza vus à la télévision, il a dit: «C’est une réelle famine», en ajoutant: «ce n’est pas possible de simuler ça.»
«Nous allons mettre en place des centres alimentaires où les gens pourront entrer librement - sans limites. Nous n’aurons pas de clôtures», a-t-il déclaré aux journalistes en Écosse, où il passe un séjour mi-diplomatique, mi-privé.
Keir Starmer a lui parlé d’une « totale catastrophe » humanitaire à Gaza et ajouté: «Il faut arriver à ce cessez-le-feu».
Éoliennes «monstrueuses»
Le premier ministre britannique est sous pression dans son pays pour reconnaître un État palestinien, après qu’Emmanuel Macron a annoncé l’intention de la France de le faire lors de la prochaine Assemblée générale de l’ONU en septembre.
Lors de cette interminable conférence de presse, le président américain a, en vrac, chanté les louanges de la femme du premier ministre britannique, vanté la rénovation du golf de Turnberry, qu’il avait racheté en 2014, repris ses diatribes récurrentes contre les éoliennes qualifiées de « monstruosités » et contre l’immigration....
Le tout aux côtés d’un Keir Starmer pour l’essentiel silencieux, qui a toutefois pris la parole de temps en temps, par exemple pour défendre le choix au Royaume-Uni d’un «mix» entre énergies renouvelables et sources conventionnelles.
Devant la presse du moins, les deux dirigeants n’ont pas beaucoup parlé de commerce, ce qui devait être un élément essentiel de leur conversation.
Londres bénéficie déjà d’un sort plus favorable que les autres partenaires internationaux, avec des droits de douane généralement limités au plancher de 10%.
L’Union européenne s’est résignée dimanche à un taux de 15%, après une visite de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à Turnberry.
Mais le gouvernement britannique négocie toujours d’arrache-pied des exemptions durables pour l’acier et l’aluminium.
Ils sont actuellement taxés à 25%, soit deux fois moins que le taux de 50% appliqué au reste du monde, mais l’arrangement annoncé en mai prévoyait qu’ils soient ramenés à zéro.
Malgré les compliments dont il a inondé Keir Starmer, Donald Trump n’a jusqu’ici pas cédé. Il a en revanche laissé entendre qu’il n’imposerait pas de tarifs douaniers prohibitifs sur le secteur pharmaceutique britannique.
Après leur rencontre, Donald Trump et Keir Starmer ont pris ensemble la direction d’Aberdeen, dans le nord-est de l’Écosse, où le président américain doit inaugurer un nouveau parcours de golf mardi.
