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L’itinérance touche désormais toutes les générations et réalités sociales.
Le quartier Centre-Sud de Montréal sonne l'alarme mercredi en publiant le Portrait et service en lien avec l’itinérance dans le Centre-Sud qui démontre que malgré des efforts colossaux du milieu communautaire, la crise humaine liée à l'itinérance s'aggrave et qu'il est alors «urgent de fournir un soutien majeur aux organismes communautaires pour faire face à cette crise».
Le portrait, dévoilé par la Corporation de développement communautaire Centre-Sud (CDC) et l’Observatoire québécois des inégalités (OQI), expose une nouvelle réalité : l'itinérance n'est plus marginale.
«Dans un même organisme d’hébergement, la personne la plus jeune a 23 ans et la plus âgée 91 ans, preuve que l’itinérance dans Centre-Sud traverse toutes les générations», explique-t-on mercredi dans un communiqué.
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Les organismes expliquent également qu'aujourd'hui, l'itinérance dans Centre-Sud s'étend à des personnes qui vivent une première expérience sans antécédents de consommation ou de santé mentale et que l'itinérance gagne de nouveaux profils, notamment des personnes travaillant et/ou aux études ainsi que des familles.
Parmi les populations particulièrement touchées, le portrait met en lumière les personnes autochtones, des personnes issues de l'immigration - dont plusieurs jeunes sans statut - et des groupes vulnérables «sous-desservis par des ressources adaptés» comme les communautés 2ELGBTQIA+, les femmes, les personnes en situation de handicap et les personnes accompagnées d’un partenaire animal.
La CDC Centre-Sud et l'OQI ciblent différents contexte et facteurs aggravants pour expliquer la situation de l'itinérance, dont la crise du logmement, la hausse du coût de la vie et le fait que la santé mentale des gens soit fragilisée et que l'on constate une toxicité accrue des substances, c'est-à-dire une hausse des surdoses.
Le milieu communautaire note aussi des discriminations et des programmes inadaptés pour les personnes migrantes ou sans statut, «qui accentuent la précarité».
Les organismes communautaires du Centre-Sud militent encore et toujours pour l'obtention d'un appui financier structurant, et ce, afin de répondre aux besoins des personnes en situation d'itinérance et de vulnérabilité.
«Jour après jour, je constate à quel point les organismes sont au bord de la rupture. S’ils craquent, c’est tout le quartier qui s’effondre.»
Selon les intervenants sur le terrain, les impacts du sous-financement du milieu communautaire sont grands: fragilisation des actions, épuisement des équipes, difficultés de recrutement, difficultés à retenir le personnel, etc.
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Les acteurs du milieu communautaire du quartier Centre-Sud de Montréal ont mené 500 000 interventions variées en 2023-2024 auprès des personnes en situation d'itinérance et de grande précarité, dont des interventions psychosociales, du travail de rue et de l'accompagnement judiciaire.
«Ce chiffre n’a rien de rassurant», explique-t-on.
«Ce chiffre rappelle aussi une réalité brutale : malgré ces efforts immenses, des personnes ont toujours faim, ont toujours besoin de se laver et de dormir à l’abri. 500 000 interventions, ce n’est pas assez pour répondre à la crise humaine qui frappe le quartier», déplorent la Corporation de développement communautaire Centre-Sud et l’Observatoire québécois des inégalités.
La CDC Centre-Sud dévoile qu'en un an, 116 000 nuitées ont été offertes par seulement quatre organismes communautaires.
«C’est presque comme si chaque personne de l’arrondissement Ville-Marie avait dû être logée une nuit par les organismes communautaires», constate Éléonord Robert-D’Amour, chargée de concertation de la CDC Centre-Sud.
Réponse communautaire dans le Centre-Sud (2023-2024)
Les organismes du quartier ont fourni un soutien colossal, dont :
- 64 000 douches offertes
- 7600 trousses d’hygiène distribuées
- 200 000 vêtements donnés
- 116 000 nuitées offertes
- 80 000 visites aux haltes chaleur et de répit
- 280 000 visites dans les centres de jour/soir et sites de consommation supervisée
- 91 000 kg de nourriture distribués
Source : Portrait et service en lien avec l’itinérance dans le Centre-Sud