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Le juge en chef Richard Wagner a qualifié ces toges de typiquement canadiennes.
Une boutique de confection sur mesure de la région du Saguenay, au Québec, a reçu une commande ambitieuse de la Cour suprême du Canada.
Les Rabats-Joies a été chargée de créer de nouvelles toges cérémonielles pour les neuf juges de la plus haute cour du pays. Il s'agit de la première refonte des tenues officielles en 150 ans d'existence du tribunal.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
La mission consistait à trouver le juste équilibre entre le respect des traditions et le renouveau.
«Il était très important que les nouvelles toges ne comportent pas de fourrure», explique Romane LeGallou, propriétaire de Les Rabats-Joies. «Nous avons utilisé de la soie, de la soie pure, qui est un tissu très noble.»
Romane LeGallou a fait ses débuts dans la confection de toges et d'accessoires pour avocats et juges en les concevant pour ses amis à la faculté de droit.
Aujourd'hui, Romane LeGallou, dont la boutique est située au cœur de Saguenay, est l'une des rares sur le sol canadien à se consacrer à l'habillement des professionnels de nombreuses provinces. Sa boutique élégante mélange une machine à coudre antique et des toges noires.
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En novembre 2024, Mme LeGallou a reçu un courriel intrigant de la Cour suprême.«On m'a envoyé un courriel pour organiser une réunion, car la marque était audacieuse, originale», a-t-elle dit. «Ils voulaient parler d'un projet secret.»
Elle pensait que le travail consisterait à apporter des ajustements et des modifications aux toges existantes pour le 150e anniversaire de la Cour, mais elle était ravie d'apprendre qu'il s'agissait d'une mission bien plus élaborée.
Les anciennes toges des juges étaient d'un rouge vif, bordées de plusieurs couches de fourrure blanche, et décrites par certains, même par certains membres de la plus haute juridiction, comme des costumes de Père Noël. Les juges les portaient lors de cérémonies, notamment lors du discours du Trône, prononcé par le roi Charles III au Parlement en mai dernier.
«Les juges disaient que les toges étaient très lourdes, très chaudes et inconfortables. Il était donc possible d'apporter des modifications non seulement sur le plan esthétique, mais aussi pour les rendre plus confortables.»
Mme LeGallou et son équipe se sont lancées dans une entreprise qui a duré près d'un an afin de créer un nouveau modèle plus moderne pour ce monde traditionnel. La responsable technique de l'atelier, la couturière Myriam Herrera, a joué un rôle clé.
Originaire du Nicaragua, Mme Herrera a appris le métier de sa mère, qui lui a enseigné la couture dès son plus jeune âge. Elle confectionnait des robes de mariée et des robes de soirée pour les candidates à Miss Monde avant de s'installer dans la région du Saguenay.
«Ce projet était assez compliqué», a-t-elle confié. «Nous avons travaillé avec de la soie pure, il y avait des centaines de broderies sur chaque robe, tout devait être parfait. Je n'aurais jamais imaginé participer à un projet comme celui-ci.»
Les nouvelles toges ont été dévoilées au début du mois lors de l'ouverture judiciaire de la Cour suprême, un événement marquant le début des audiences de l'année. Les toges noires sont ornées d'un simple liseré rouge, en référence au drapeau canadien. La broderie représente les emblèmes héraldiques de la Cour suprême, qui ont été dévoilés en 2021.
Le juge en chef Richard Wagner a qualifié ces toges de typiquement canadiennes. «Elles ont un design moderne et simple», a-t-il dit.
Certains critiques ont dénoncé l'affaiblissement de la tradition, mais Mme LeGallou affirme que la nouvelle conception reflète les valeurs fondamentales que le juge en chef a énoncées pour la Cour.
«Il souhaite que la Cour soit plus accessible, avec intégrité et respect», a-t-elle expliqué.
Le fil des toges de la Cour suprême fait désormais partie intégrante du tissu du Saguenay, ce qui est une source de fierté.