Bruno Serre affirme qu'il n'a plus l'esprit tranquille depuis l'assassinat de sa fille, il y a près de 20 ans.
Brigitte Serre a été tuée lors d'un vol à main armée alors qu'elle travaillait de nuit dans une station-service de Saint-Léonard.
Ce texte est une traduction d’un article de CTV News.
«Je me suis toujours sentie coupable de ne pas avoir été là pour ma fille. J'aurais dû être là», a déclaré M. Serre dans une entrevue avec CTV News.
Sébastien Simon, un ancien collègue de Brigitte à la station-service, a été arrêté plus tard avec deux complices. Simon a été condamné à la prison à vie pour meurtre au premier degré, sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. Cependant, la commission des libérations conditionnelles vient de lui accorder des permissions de sortie sous escorte, cinq jours par semaine, pour un programme de travail non spécifié, depuis le pénitencier où il purge sa peine dans un établissement à sécurité minimale.
M. Serre et son épouse, Darlene Ryan, considèrent cette décision comme une gifle.
«C'est vraiment le cas. C'est une vraie blague. C'est, vous savez, c'est 25 ans», rapporte Mme Ryan, en faisant référence au minimum qu'un meurtrier condamné doit, selon elle, purger avant de pouvoir demander une libération conditionnelle.
M. Serre et Mme Ryan ont passé la majeure partie de la dernière décennie à faire pression pour les droits des victimes de crimes et pour s'assurer que l'assassin de Brigitte ne verrait jamais la lumière du jour.
Au début de sa peine, la commission des libérations conditionnelles a classé Simon comme ayant des traits de personnalité antisociaux, des signes d'immaturité et un «risque élevé de récidive violente».
M. Serre et sa femme écrivaient des lettres chaque fois que Simon demandait un transfert dans un pénitencier du Québec ou une permission de sortie sous escorte. Le couple a toujours craint que l'assassin de Brigitte se joue du système et dise à la commission ce qu'elle voulait entendre.
Aujourd'hui encore, ils estiment que leur avis en tant que victimes n'a jamais compté, puisque Simon a eu droit à plus de 50 permissions occasionnelles pour voir sa famille ou participer à des programmes de travail, en présence d'une escorte du Service correctionnel du Canada.
«Honnêtement, je ne vois pas comment nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour mettre un terme à cette situation, pour lutter contre le système, pour obtenir les droits des victimes», a déclaré Mme Ryan, qui est devenue la belle-mère de Brigitte quatre ans avant la tragédie.
La commission des libérations conditionnelles ne commente pas les cas individuels, mais les experts juridiques affirment que c'est ainsi que fonctionne le système.
«S'ils estiment que l'individu présente un risque excessif pour la communauté, ils n'accorderont pas la permission de sortir avec escorte», explique l'avocat de la défense Eric Sutton.
«Et s'ils estiment que cette activité n'est pas de nature à réhabiliter la personne, ils ne l'accorderont pas non plus.»
Mais si Simon continue à bien se comporter, M. Sutton reconnaît que c'est un signe qu'il pourrait bénéficier d'une libération conditionnelle totale d'ici 2030.
Il souligne que Simon restera sous l'œil vigilant de la commission des libérations conditionnelles jusqu'à la fin de sa vie.
«Un jour, il sortira», a déclaré M. Serre. «Mais pour nous, la souffrance durera toujours.»


