Reese Ketler, joueur offensif de l'équipe canadienne de rugby en fauteuil roulant, s'est lancé le défi de vivre avec un budget alimentaire d'environ 6,67$ par jour pendant un mois.
Son objectif était de sensibiliser le public aux insuffisances de la nouvelle prestation canadienne d'invalidité — jusqu'à 200$ par mois pour les Canadiens handicapés éligibles — et aux difficultés auxquelles sont confrontées de nombreuses personnes handicapées qui bénéficient d'une aide limitée.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Il n'a tenu que trois jours avant d'être à bout de forces, car son budget ne lui permettait d'acheter que des ramen, du thon, un petit pain et une tasse de macaroni au fromage.
«J'ai la chance de ne pas avoir à compter sur ce type de prestation d'invalidité, mais une grande partie de mon activité sur les réseaux sociaux consiste à défendre ceux qui n'ont pas vraiment la possibilité de s'exprimer ou de se faire entendre», a expliqué M. Ketler dans une entrevue accordée à CTVNews.ca.
«J'essaie simplement de normaliser et de montrer une perspective différente sur le handicap.»
Âgé de 25 ans, M. Ketler était ancien défenseur des St. Vital Victorias de la Ligue majeure junior de hockey du Manitoba (MMJHL) lorsqu'il est devenu paralysé à l'âge de 19 ans à la suite d'une blessure à la moelle épinière subie en jouant au hockey.
Sa vie a complètement changé après cet accident. Il est passé d'une vie active d'athlète et d'étudiant universitaire à devoir abandonner les deux.
Après quelques années difficiles passées à accepter sa nouvelle réalité, Reese Ketler a rejoint une équipe de rugby en fauteuil roulant au Manitoba.
Il a intégré l'équipe nationale canadienne de rugby en fauteuil roulant en 2023. L'année suivante, il a décidé de créer du contenu sur les réseaux sociaux afin de partager son histoire et de sensibiliser le public à la réalité de la vie avec un handicap.
«Mon objectif est désormais d'informer les gens sur les handicaps», a-t-il dit. «Je reçois beaucoup de messages de personnes qui sont également en fauteuil roulant et dont la blessure est peut-être un peu plus récente, et cela leur donne vraiment de l'espoir.»
«Ne répond pas à leurs besoins financiers»
Huit millions de Canadiens âgés de 15 ans et plus avaient au moins un handicap, selon les données de Statistique Canada pour 2022. Selon un rapport de Disability Without Poverty, 1 521 000 personnes handicapées vivaient dans la pauvreté cette même année.
La Prestation canadienne pour personnes handicapées offre un soutien financier aux personnes handicapées âgées de 18 à 64 ans.
Cette prestation, qui représente un engagement de 6,1 milliards de dollars sur six ans dans le cadre du Plan d'action pour l'inclusion des personnes handicapées du gouvernement fédéral, est en préparation depuis quelques années en collaboration avec plusieurs parties prenantes du secteur du handicap.
Cependant, malgré les consultations menées pendant l'élaboration de la prestation, certains défenseurs des personnes handicapées affirment que le gouvernement n'a pas mis en œuvre leurs recommandations.

Alors que les premiers versements ont commencé en juillet, Rabia Khedr, directrice nationale de Disability Without Poverty, l'un des groupes de défense consultés par le gouvernement, a déclaré que la prestation était insuffisante.
«Nous entendons des gens dire que (la prestation) est utile, mais qu'elle ne répond pas à leurs besoins financiers», a indiqué Mme Khedr à CTVNews.ca. «Les Canadiens valides trouvent que les coûts du logement et de l'alimentation sont inabordables. Ils doivent reconnaître que l'impact sur les Canadiens handicapés est bien plus important lorsqu'ils ne peuvent pas travailler suffisamment pour payer leurs factures et qu'ils dépendent des prestations provinciales et fédérales pour les aider à subvenir à leurs besoins.»
Mme Khedr a également souligné la difficulté d'être admissible à cette prestation et d'en faire la demande.
Il s'agit là d'un autre point de discorde, certains groupes s'interrogeant sur la manière dont cette prestation pourrait être améliorée.
«La société pense généralement que les personnes handicapées reçoivent tout ce dont elles ont besoin parce qu'elles sont handicapées dans cette société, mais cela est loin d'être vrai», a-t-elle mentionné.
Sensibilisation via les réseaux sociaux
Pour Reese Ketler, sensibiliser le public à la vie avec un handicap sur ses réseaux sociaux reste une partie importante de sa vie.
Ses publications sur TikTok et Instagram comprennent régulièrement des vidéos montrant comment il passe sa journée en fauteuil roulant — se lever, s'habiller, nettoyer son appartement ou aller à la plage — et ce qu'il appelle «se montrer tel que l'on est» malgré les défis liés au handicap.
«Si quelqu'un comme moi avait publié du contenu sur mon handicap lorsque j'étais encore à l'hôpital, peu après mon accident, je pense que cela m'aurait beaucoup aidé, car cela m'aurait donné beaucoup plus d'espoir au début», a-t-il indiqué. «Je veux montrer aux gens qu'on peut vraiment tout faire, et qu'on n'a pas toujours les meilleures cartes en main, mais que ce qui compte, c'est vraiment la façon dont on joue ces cartes.»

