Un législateur démocrate lance une tentative de destitution du président Donald Trump en s'attaquant aux anciens dirigeants du parti et en tentant d'imposer un vote de procédure à la Chambre des représentants des États-Unis, mais sa tentative devrait échouer.
Le représentant du Michigan Shri Thanedar a annoncé mercredi son intention de passer à l'action, affirmant qu'en tant qu'immigrant, il souhaite tout mettre en œuvre pour protéger la Constitution américaine et ses institutions. Sa résolution, critiquée par ses collègues démocrates, contient sept articles de destitution contre le président républicain.
«Donald J. Trump commet des crimes depuis le premier jour: pots-de-vin, corruption, appropriation du pouvoir au Congrès, création d'un poste illégal au sein du DOGE, violation des droits garantis par le Premier amendement, non-respect des procédures régulières», a-t-il déclaré à la Chambre.
Ce serait la troisième fois que Donald Trump est confronté à une procédure de destitution, après avoir été mis en accusation à deux reprises au cours de son premier mandat: en 2019 pour avoir refusé l’aide militaire à l’Ukraine face à la Russie, puis pour avoir incité à l’insurrection avec l’attaque du Capitole par ses partisans le 6 janvier 2021. Il a été acquitté à chaque fois par le Sénat.
M. Thanedar n’est pas le seul démocrate à avoir évoqué une procédure de destitution contre M. Trump. Mais sa décision de mener cette procédure presque seul, sans le soutien de la direction du parti, intervient alors qu’il est confronté à ses propres défis politiques aux États-Unis, plusieurs adversaires aux primaires cherchant à le destituer dans sa circonscription de la région de Detroit.
Le président du caucus démocrate de la Chambre, Pete Aguilar, de la Californie, a affirmé que les dirigeants démocrates voteraient pour écarter toute tentative de soumettre les articles de destitution de M. Thanedar à un vote, qualifiant la destitution de «non appropriée».
«Pour l'instant, nous nous concentrons sur les soins de santé qui sont en train d'être retirés au peuple américain. C'est le sujet le plus urgent et le plus grave dont nous puissions parler cette semaine», a déclaré M. Aguilar.
Il a ajouté que la proposition de M. Thanedar n'était «ni mûre ni opportune» compte tenu des négociations sur le plan de réconciliation budgétaire des républicains.
Les démocrates ont critiqué la procédure de destitution après leur caucus hebdomadaire. Ils ont affirmé que l'accent ne devrait pas être mis sur la destitution, mais sur les efforts des républicains pour réduire les dépenses de programmes importants dont dépendent les Américains, comme Medicaid et l'aide alimentaire.
«Il n'y a aucun soutien à une résolution de destitution. Aucune audition n'a eu lieu pour établir un dossier sur lequel fonder une procédure de destitution. Et c'est une procédure qui n'a aucun sens à ce stade. Le parrain de la proposition est en décalage avec l'humeur des démocrates de la Chambre», a déclaré le représentant démocrate de la Georgie Hank Johnson.
«Nous devons nous concentrer sur le problème des républicains qui restreignent l'accès aux soins de santé, suppriment l'aide alimentaire aux enfants souffrant de la faim et accordent des allégements fiscaux aux Américains les plus riches et aux grandes entreprises. La résolution n'a rien à voir avec cela», a renchéri Rick Larsen, un démocrate de l'État de Washington.
«Il est temps de nous lever»
La résolution de M. Thanedar, qui accuse M. Trump d'avoir commis des «crimes et délits graves», survient alors que le président se trouve au Moyen-Orient pour son premier grand déplacement à l'étranger depuis son second mandat, violant ainsi une norme politique américaine qui consiste à ne pas critiquer le président une fois qu'il a quitté les eaux territoriales américaines.
M. Thanedar a toutefois déclaré qu'il poursuivait sa démarche en partie à cause du voyage de M. Trump à l'étranger et des conflits d'intérêts potentiels, le président semblant mêler ses affaires personnelles à ses fonctions présidentielles en envisageant d'accepter un avion offert en cadeau par le gouvernement qatari.
«Mes électeurs veulent que j'agisse. Il est temps pour nous de nous lever et de parler. Nous ne pouvons pas nous inquiéter de savoir si le moment est venu ou non. Nous ne pouvons pas nous inquiéter de savoir si nous allons gagner cette bataille. Il s'agit plutôt de faire ce qui est juste», a déclaré M. Thanedar à l'Associated Press mardi soir.
«J'ai prêté serment de protéger et de défendre la Constitution. M. Trump aussi. Il a violé son serment et se livre à des activités inconstitutionnelles. Il est temps que quelqu'un se lève et le dise, et si c'est seulement moi, qu'il en soit ainsi», a-t-il ajouté.
Une proche alliée de M. Trump, la représentante républicaine de la Géorgie Marjorie Taylor Greene, a critiqué M. Thanedar et rejeté la procédure de destitution.
«C'est mort-né», a-t-elle écrit sur les réseaux sociaux.
La destitution d'un président ou d'autres responsables américains, qui était autrefois rare, est devenue de plus en plus courante au Congrès. Les républicains de la Chambre des représentants ont ouvert une enquête de destitution contre le président démocrate de l'époque, Joe Biden, mais ils n'y ont pas donné suite.
Les républicains du Congrès ont cependant réussi à destituer le secrétaire à la Sécurité intérieure de M. Biden, Alejandro Mayorkas.
