Économie

Un contrôleur s'oppose à l'entente entre La Baie d'Hudson et Ruby Liu

Plus tôt cette année, Mme Liu a acquis trois baux de La Baie dans des centres commerciaux britanno-colombiens.

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b191da26ae244792eb17fb82115990c7afe4ae562f53c553961f96fc92abad96.jpg La milliardaire Ruby Liu dans un ancien grand magasin Saks Off 5th, propriété de La Baie d'Hudson, après une cérémonie de passation de pouvoirs au cours de laquelle elle a reçu les clés de l'espace dont elle est propriétaire au centre commercial Tsawwassen Mills, à Tsawwassen, en Colombie-Britannique, le jeudi 26 juin 2025. (Darryl Dyck | La Presse canadienne)

Le contrôleur nommé par le tribunal pour superviser la procédure de protection contre les créanciers de La Baie d'Hudson s'oppose à ce que les propriétaires soient contraints d'accepter le projet d'une milliardaire britanno-colombienne d'acheter plus d'une vingtaine de baux du détaillant.

Dans un nouveau document déposé mercredi soir, Alvarez & Marsal a indiqué qu'il n'était pas d'accord avec l'idée que les propriétaires soient obligés d'accepter Ruby Liu comme locataire, même s'il soutient le processus de vente qui a abouti à son choix d'acheter 28 baux de La Baie.

Plus tôt cette année, Mme Liu a acquis trois baux de La Baie dans des centres commerciaux britanno-colombiens dont elle est propriétaire pour 6 millions $, mais son accord d'achat des 25 autres pour 69,1 millions $ s'est heurté à l'opposition de l'un des plus importants prêteurs du détaillant et de la plupart de ses propriétaires.

Ils ont affirmé que les baux ne prévoient pas les espaces de restauration, de divertissement et de loisirs dont Mme Liu a parlé d'ouvrir dans les magasins qu'elle souhaite exploiter dans ces propriétés.

Ils ont également avancé que les délais et les budgets de Mme Liu sont trop irréalistes compte tenu de l'ampleur des travaux et des réparations nécessaires à leurs propriétés.

Mme Liu estime que les locaux ne nécessitent pas toutes les réparations exigées par les propriétaires, car La Baie y opérait sans les rénovations. Si elles s'avèrent nécessaires, elle a souligné que son entreprise les effectuera, même si elles dépassent son budget actuel.

Un tribunal devrait entendre les arguments des deux parties jeudi et vendredi prochains avant que le juge Peter Osborne ne statue sur l'affaire.

Alvarez & Marsal a été la dernière partie impliquée dans le volet location de l'affaire à se prononcer sur le contrat de Mme Liu.

Pour conclure que la milliardaire ne devrait pas obtenir les baux, le contrôleur a examiné son plan d'affaires et les documents déposés auprès du tribunal par elle-même, La Baie, les prêteurs et les propriétaires.

Il a également observé un récent contre-interrogatoire, au cours duquel il a été indiqué que Mme Liu avait témoigné avoir participé à l'élaboration de son plan d'affaires, mais ne parlait pas anglais, et avait admis que le document n'avait été traduit en mandarin que peu avant l'audience.

«Cela soulève raisonnablement des inquiétudes quant à l'implication de Mme Liu et à sa compréhension du plan d'affaires», a mentionné le contrôleur.

Après avoir examiné l'ensemble des documents et des déclarations de Mme Liu, il a été déterminé que Central Walk, la société de Mme Liu souhaitant acquérir les baux, «est une jeune entreprise sans activité existante, sans notoriété de marque et sans expérience en tant que commerce de détail».

L'équipe de direction proposée par Mme Liu est tout aussi inexpérimentée et, bien qu'elle ait cherché à embaucher d'anciens cadres et gestionnaires de La Baie d'Hudson, «ces efforts restent inachevés», a fait remarquer le contrôleur.

Par exemple, il a été noté que Mme Liu a déclaré lors de son contre-interrogatoire avoir retenu les services de l'ancien président de La Baie, Wayne Drummond, comme consultant, mais pour deux jours seulement. Elle a ajouté qu'il ne participerait pas à ses opérations futures, a précisé le contrôleur.

Alvarez & Marsal a donc conclu que «le manque général d'expérience au niveau de la direction représente un risque pour la viabilité opérationnelle du lancement et de la gestion de 25 magasins dans les délais prévus».

Mme Liu espère ouvrir 19 de ses 25 magasins dans les six mois suivant l'attribution des baux. Les autres ouvriront dans les 12 mois.

Elle prévoit d'investir 120 millions $ dans la réparation et la rénovation de ses magasins et a évoqué la possibilité de se procurer des stocks auprès de la société de gestion de marchandises J2.

Le rapport d'Alvarez & Marsal indique cependant que le récent contre-interrogatoire a révélé que Mme Liu n'envisage plus de faire appel à J2 pour gérer sa chaîne d'approvisionnement et n'a identifié aucune autre solution.

Le calendrier serré et le volume de stocks dont elle aura besoin «représentent un risque pour l'exécution du plan d'affaires», a soutenu le contrôleur.

Tara Deschamps

Tara Deschamps

Journaliste