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Les gouvernements précédents ont tenté en vain de réformer le système.
Un ancien pilote de chasse de l'armée canadienne, Stephen Fuhr, a une nouvelle mission à accomplir.
Le premier ministre Mark Carney l'a mandaté pour corriger le système des achats militaires de la Défense nationale.
M. Fuhr, qui s'est souvent plaint des délais pour l'achat de nouveaux équipements militaires, dit avoir été témoin de l'intérieur de la frustration générée par le système actuel pour le personnel de l'armée, mais aussi pour les entrepreneurs qui doivent se dépêtrer d'un réseau de règles complexes.
Il ne lui était jamais venu à l'esprit qu'il se retrouverait à ce poste. «Je trouve très ironique d'avoir été l'un des nombreux à se plaindre des délais et d’être ici maintenant», a déclaré l’homme 56 ans dans une entrevue avec La Presse Canadienne.
L'ancien détracteur de la gestion de la défense par le gouvernement de l'ex-premier ministre Stephen Harper, notamment le processus initial d'acquisition des chasseurs furtifs F-35, s'engage à changer le fonctionnement du système.
Au cours de la dernière campagne électorale, les libéraux avaient promis de créer une nouvelle agence d’approvisionnement en matière de défense afin d'accélérer la prise de décision et de faciliter la vie de l'industrie.
Les gouvernements précédents ont tenté en vain de réformer le système. M. Fuhr dit que cela sera différent cette fois, car le premier ministre en a fait une priorité.
L’accent mis par le gouvernement Carney sur la réforme de l'approvisionnement en matière de défense intervient alors que de nouvelles menaces émergent sur la scène mondiale et que le Canada et d'autres alliés de l'OTAN subissent de fortes pressions de la part du président américain Donald Trump pour augmenter considérablement leurs dépenses de défense.
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Le Canada cherche également des moyens de renforcer son industrie de la défense nationale et ses partenariats avec l'Europe, tout en s'éloignant d'un voisin américain plus isolationniste et protectionniste.
Pour la première fois depuis longtemps, l'armée est une priorité essentielle du gouvernement.
«Je suis satisfait de cette situation, a déclaré M. Fuhr. Les Canadiens nous encouragent à participer davantage aux dépenses de défense. Nos industries et nos entreprises ont la chance d’occuper une plus grande place sur la scène internationale grâce à nos relations en matière de défense.»
C'est aussi une période d'incertitude pour le gouvernement Carney, pour le Canada et pour le monde entier. L'expérience de M. Fuhr dans l'armée de l'air lui a appris à se préparer à l'inattendu.
Lors des attentats terroristes du 11 septembre 2001, il se trouvait à Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest, où il pilotait un CF-18 pour des exercices.
Il a patrouillé dans le ciel arctique pendant que les événements se déroulaient au sud de la frontière, puis il a été envoyé à la BFC Comox, sur l'île de Vancouver, où il a été maintenu en état d'alerte jusqu'à ce que le Canada assouplisse son dispositif de défense aérienne.
«C'était assez surréaliste», s’est-il souvenu.
Il a servi au sein de l'Aviation royale canadienne pendant deux décennies et a été, à un moment donné, gestionnaire de flotte d'une division aérienne pilotant des CF-18 Hornets.
Ancien électeur conservateur, M. Fuhr a fait le saut en politique fédérale avec les libéraux il y a dix ans, frustré par l'achat controversé des F-35. Il avait alors averti que le coût du contrat était voué à exploser et que le processus allait déraper.
Il a eu raison: le budget alloué à l'achat des F-35 a depuis explosé et Ottawa procède à un examen du projet en réponse au chaos commercial de l'administration Trump. Pourtant, M. Fuhr rejette l'idée de donner son avis sur les F-35 au premier ministre.
«Mes opinions bien arrêtées datent de dix ans, et beaucoup de choses ont changé en dix ans», a souligné le député de Kelowna. Mais il pourrait bien contribuer à décider du déploiement des prochains projets importants.
Mark Carney a pris de nombreux engagements en matière de défense lors des élections du printemps. L'une d'elles était la promesse de créer une nouvelle agence d'approvisionnement afin d'accélérer les achats d'équipement pour l'armée, et cette agence relève de Stephen Fuhr.
La plateforme électorale du parti promettait des modifications législatives visant à «élargir les approches fondées sur les risques» pour les approbations d'achats, à «centraliser l'expertise de l'ensemble du gouvernement» et à «simplifier la façon dont nous achetons de l'équipement pour l'armée».
L'armée canadienne a souffert de difficultés budgétaires en temps de paix, sous des gouvernements de toutes tendances, depuis la fin de la Guerre froide. Les principaux équipements militaires approchent de la fin de leur durée de vie utile et les nouveaux achats progressent lentement dans une bureaucratie peu encline à prendre des risques et qui agit lentement.
Au cours du dernier demi-siècle, les décisions d'achat de matériel militaire ont eu tendance à impliquer plusieurs ministères. Le projet de M. Carney pour cette nouvelle agence créerait un point de contact unique, comme en temps de guerre.
«Nous sommes coincés hors du cycle technologique, ce qui est très difficile, et nous devons agir plus rapidement. Il faut que ce soit plus organisé. Il faut que ce soit plus facile pour l'industrie», a déclaré M. Fuhr.
M. Fuhr a été député de la circonscription fédérale de Kelowna—Lake Country, en Colombie-Britannique, de 2015 à 2019. Il a été réélu dans la circonscription de Kelowna aux dernières élections.