L'ancien ambassadeur du Canada aux États-Unis affirme que l'échéance que s'est imposée le gouvernement fédéral pour conclure un nouvel accord économique et de sécurité avec les États-Unis n'est «pas réaliste à l'heure actuelle».
«Je ne pense pas que nous parviendrons à une percée significative d'ici le 21», a déclaré David MacNaughton lors d'une entrevue accordée à CTV News jeudi. «Je pense qu'on peut toujours espérer le meilleur, mais je pense que ce n'est pas réaliste à l'heure actuelle, parce le président Trump se sent assez confiant dans sa propre position, pas seulement avec le Canada, mais ailleurs.»
Ce texte est une traduction d’un article de CTV News.
M. MacNaughton, qui a été ambassadeur pendant le premier mandat de M. Trump entre 2016 et 2019, est actuellement membre du Conseil des relations canado-américaines du premier ministre Mark Carney.
M. Carney a fixé la date limite du 21 juillet après avoir rencontré M. Trump le mois dernier lors du sommet du G7 à Kananaskis, en Alberta. Aucun représentant de l'administration Trump n'a déclaré publiquement cette date limite.
Les deux pays sont en proie à une guerre commerciale depuis des mois, après une série de droits de douane imposés par le président sur les produits canadiens en février. Depuis, M. Trump a imposé une série de droits de douane importants et cumulés sur les produits canadiens, y compris un prélèvement de 25 % sur les importations d'acier et d'aluminium.
La date limite du 21 juillet est également la date cible où Carney a déclaré que le Canada ajusterait les contre-tarifs sur l'acier et l'aluminium à des niveaux «compatibles» avec les progrès réalisés au cours des négociations commerciales avec les États-Unis.
S'adressant aux journalistes jeudi en marge du sommet de l'ANASE en Malaisie, la ministre des Affaires étrangères Anita Anand a déclaré que le gouvernement fédéral «espère toujours» qu'un accord pourra être conclu d'ici le 21 juillet, en dépit de la «complexité des négociations».
«Nos équipes travaillent d'arrache-pied à huis clos», a indiqué Mme Anand. «C'est un effort que nous soutenons de toutes nos forces.»
Mais dans un entretien accordé la semaine dernière à CTV News, l'ambassadeur américain Pete Hoekstra n'a pas voulu s'engager sur la date du 21 juillet pour finaliser un accord.
M. Hoekstra a également précisé que tous les pays, y compris le Canada, «paieront un certain niveau de droits de douane».
«Mais je pense qu'en fin de compte, l'accord global sera bénéfique pour le Canada et pour l'Amérique», a souligné M. Hoekstra.
La gestion de l'offre doit-elle être mise sur la table?
Les responsables américains, y compris Trump, s'opposent depuis longtemps au système laitier canadien de gestion de l'offre, bien que le Canada ait accepté de permettre aux producteurs laitiers américains d'accéder à environ 3,5 % du marché intérieur dans le cadre de l'accord Canada-États-Unis-Mexique (CUSMA), qui a été signé en 2018 au cours de la première administration Trump.
Au Canada, la gestion de l'offre permet de coordonner la production et de contrôler les importations de produits laitiers, de volailles et d'œufs afin de fixer des prix stables pour les agriculteurs et les consommateurs.
À la question à savoir si cette politique devrait faire partie des négociations, M. MacNaughton a répondu: «je ne vois pas la nécessité de mettre la gestion de l'offre sur la table», ajoutant qu'il s'agit d'une «équation compliquée» puisque les États-Unis accordent des subventions aux agriculteurs pour soutenir la production agricole, tout en imposant des droits de douane à certaines industries, comme l'agriculture, pour empêcher les importations.
En juin, le Sénat a également adopté le projet de loi C-202, qui vise à protéger la gestion de l'offre de tout accord commercial futur.
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Deanna Horton, ancienne diplomate canadienne et négociatrice de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), explique que, comme dans toute négociation, il s'agit de savoir ce que l'on a dans sa poche.
«Il faut attendre d'être au pied du mur», a déclaré Mme Horton lors d'une entrevue accordée à CTV News. «J'ai l'impression que le Canada voudra garder certaines de ces choses jusqu'à la dernière minute, y compris la gestion de l'offre.»
Le Canada a récemment fait une concession à M. Trump au cours des négociations en annulant la taxe sur les services numériques il y a moins de deux semaines.
Cette taxe, présentée pour la première fois par les libéraux dans leur budget 2021, imposait un prélèvement de 3 % sur les revenus de plus de 20 millions de dollars des géants de la technologie qui gagnaient de l'argent grâce au contenu canadien et aux utilisateurs canadiens, les premiers paiements devant être effectués le 30 juin.
Mais dans un message publié sur Truth Social le 27 juin, Trump a brusquement mis fin aux négociations commerciales au sujet de la taxe. Deux jours plus tard, M. Carney a annulé la politique et les négociations entre les deux pays ont repris.
Tout en décrivant les pourparlers en cours comme une «situation volatile», M. MacNaughton estime que le gouvernement fédéral devrait être «patient» et «prêt à prolonger les discussions».
«Je pense qu'il s'agit simplement de ne pas paniquer parce que je ne pense pas que (Trump) soit prêt à conclure un accord qui serait dans le meilleur intérêt du Canada. Je ne pense donc pas qu'il faille se précipiter», a ajouté M. MacNaughton.
L'ancien ambassadeur a également déclaré à CTV News que les Canadiens allaient devoir «souffrir un peu» dans l'intervalle.
«Je pense que les Canadiens devront comprendre que cela ne sera pas simple. Cela ne se fera pas rapidement», a déclaré M. MacNaughton, soulignant les efforts continus du Canada pour diversifier ses marchés.
Avec les informations de Spencer Van Dyk de CTV News

