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Trump impose des droits de douane de 10% aux producteurs de bois d’œuvre

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0dd1feab3f99c28016228791a4e991e5d6cb2dcd8cde5f7f78fa83cf7d1652c3.jpg Un travailleur trie du bois d’œuvre à la scierie Gorman Brothers Lumber, à West Kelowna, en Colombie-Britannique, le mardi 5 août 2025. Le président américain Donald Trump a imposé de nouveaux droits de douane lundi soir, ce qui pourrait accentuer la pression sur les producteurs canadiens de bois d’œuvre et de meubles. LA PRESSE CANADIENNE/Darryl Dyck (Darryl Dick | La Presse canadienne)

Le président américain Donald Trump a annoncé lundi soir de nouveaux droits de douane qui pourraient accentuer la pression sur les producteurs canadiens de bois d’œuvre et de meubles. 

Une nouvelle proclamation présidentielle prévoit un droit de douane de 10 % sur les importations de bois d’œuvre et de bois d’œuvre résineux, ainsi qu’une taxe de 25 % sur les importations d’armoires de cuisine et de meubles-lavabos — pièces et modèles finis — et d’autres produits en bois rembourrés.

Les droits de douane devraient entrer en vigueur le 14 octobre.

Le taux appliqué aux meubles de cuisine et aux meubles-lavabos devrait passer à 50 % le 1er janvier, et celui appliqué aux autres produits en bois rembourrés à 30 % l’année prochaine, à moins que les pays ne parviennent à un accord avec les États-Unis.

La Maison-Blanche a déclaré que les produits concernés par la proclamation ne sont pas soumis aux droits de douane dits du «Jour de la Libération» de M. Trump, le train de mesures tarifaires annoncées le 2 avril. Toutefois, ces nouveaux droits s’ajoutent aux autres appliqués auparavant aux produits en bois importés.

Ces droits font suite à un rapport remis à M. Trump par le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick. M. Trump soutient qu’une enquête menée par M. Lutnick a révélé que des produits en bois étaient importés aux États-Unis «en quantités et dans des circonstances telles qu’elles menaçaient de porter atteinte à la sécurité nationale des États-Unis».

La proclamation fixait au 1er octobre 2026 la date limite pour que M. Lutnick informe M. Trump de la situation des importations de produits du bois afin que le président puisse déterminer «si l’imposition de droits supplémentaires sur les importations de bois d’œuvre de feuillus ou de bois d’œuvre (…) est justifiée pour répondre à une menace à la sécurité nationale».

Le British Columbia Lumber Trade Council qualifie les nouveaux droits de douane de «malavisés et inutiles».

«Ces droits de douane n’amélioreront pas la sécurité nationale des États-Unis; ils ne feront qu’augmenter le coût du bois d’œuvre, rendant le logement encore plus difficile à payer pour les familles américaines et compromettant la relation commerciale intégrée qui profite à nos deux pays», soutient le président du conseil, Kurt Niquidet, dans un communiqué.

Les États-Unis accusent depuis longtemps le secteur canadien du bois d’œuvre résineux d’enfreindre les règles antidumping, inondant un marché de produits moins chers et subventionnés afin de perturber une industrie nationale.

Le département du Commerce des États-Unis a annoncé le mois dernier son intention de presque tripler les droits de douane sur le bois d’œuvre résineux canadien, pour les porter à un peu plus de 20 %.

Les producteurs canadiens de bois d’œuvre étant déjà confrontés à des droits de douane d’un peu plus de 35 % de la part des États-Unis, le British Columbia Lumber Trade Council constate que le bois d’œuvre résineux canadien entrant aux États-Unis sera désormais soumis à des taxes à l’importation totales dépassant 45 %.

«Cela exercera une pression inutile sur le marché nord-américain, menacera des emplois des deux côtés de la frontière et compliquera la résolution de la crise de l’offre de logements aux États-Unis», indique le conseil dans son communiqué.

Cibler les produits forestiers est «injustifié», martèle l’Association des produits forestiers du Canada, ajoutant que la décision de M. Trump «aggrave la pression, fausse les marchés, menace les emplois de part et d'autre de la frontière et intensifie les tensions commerciales à un moment où les défis de l'offre de logements exigent une plus grande coopération».

«Étendre le champ d'application de cette mesure à des produits tels que les meubles et les armoires de cuisine est imprudent, néfaste pour l'économie et déstabilise davantage la chaîne d'approvisionnement du secteur forestier nord-américain dans son ensemble», souligne Derek Nighbor, président et chef de la direction de l'association, dans un communiqué.

«Cette mesure malavisée risque d'augmenter les coûts du logement aux États-Unis et de compromettre les relations commerciales intégrées qui ont permis de créer des emplois, des investissements et de la prospérité dans les deux pays.»

Une pression supplémentaire

L’analyste Matthew McKellar, de la Banque Royale, explique que la nouvelle taxe accentuera encore la pression sur les producteurs canadiens de bois d’œuvre, dans un marché déjà faible.

«Les droits de douane pourraient accélérer les réductions de l’offre canadienne, que nous jugeons probablement nécessaires même dans un scénario de statu quo», précise M. McKellar dans une note aux analystes.

«La date d’entrée en vigueur des nouveaux droits de douane étant désormais fixée, nous nous demandons si les prix du bois d’œuvre pourraient augmenter au cours des deux prochaines semaines.»

Plus tôt ce mois-ci, le Canada a abandonné deux contestations judiciaires concernant les droits américains sur le bois d’œuvre résineux canadien.

La porte-parole d’Affaires mondiales Canada, Dina Destin, a indiqué dans une déclaration que la décision d’abandonner les deux appels avait été prise «en étroite consultation avec l’industrie canadienne, les provinces et les principaux partenaires, et qu’elle reflétait un choix stratégique visant à maximiser les intérêts à long terme et les perspectives d’un règlement négocié avec les États-Unis». 

Elle a ajouté que le Canada estime toujours que les droits antidumping américains sur le bois d’œuvre résineux sont injustes et qu’Ottawa poursuit six autres contestations judiciaires à ce sujet.

Le mois dernier, le premier ministre Mark Carney a promis un programme d’aide à l’industrie du bois d’œuvre comprenant 700 millions $ en garanties de prêts et 500 millions $ en soutien à long terme pour aider les entreprises à diversifier leurs marchés d’exportation et à développer leurs produits.

Sammy Hudes

Sammy Hudes

Journaliste