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Dès le début de l'année, le gouvernement Legault avait reçu une version préliminaire de l'étude qui a mené l'abandon du projet de tunnel autoroutier Québec-Lévis, alors que la décision a été annoncée quatre mois plus tard.
Dès le début de l’année, le gouvernement Legault avait reçu une version préliminaire de l’étude qui a mené à l’abandon du projet de tunnel autoroutier Québec-Lévis, alors que la décision a été annoncée quatre mois plus tard.
C'est ce qu'a indiqué la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, en commission parlementaire mardi matin. Il y aurait eu pas moins de six versions de l'étude entre janvier et avril.
Les partis d'opposition soupçonnent le gouvernement Legault de savoir depuis longtemps que le projet de lien n'était pas réalisable et d'avoir fait campagne en 2022 «sous de fausses représentations», pour reprendre l'accusation du Parti québécois (PQ).
À l'étude des crédits mardi matin, la ministre a fait savoir qu'elle avait en main une version 1 de l'étude le 27 janvier. Or, elle a fait l'annonce de la décision d'abandonner le projet autoroutier le 20 avril, avec la version 6 du document, pour ne garder que le volet transport en commun du tunnel. La ministre a obtenu un «rapport synthèse» le 17 mars et une «dernière version» le 31 mars.
«J'ai reçu de l'information (en janvier), c'était incomplet», a plaidé la ministre pour justifier ce long délai, en s'adressant au député Étienne Grandmont, de Québec solidaire (QS).
«C'est là qu'on a eu des discussions avec les villes, pour pouvoir arriver au fameux document auquel vous faites référence, tout ça a été évolutif. Le moment où j'ai reçu quelque chose d'aussi complet que ça, ce n'est pas forcément le 27 janvier.»
Elle dit avoir pris connaissance de l'estimation des coûts - qui demeurent caviardés - en mars, mais cette estimation n'existait pas dans la première version du document, a-t-elle précisé.
Elle a assuré que la décision de renoncer au projet autoroutier n'a pas été prise avant son entretien avec le premier ministre François Legault, le 5 avril.
Dans cette rencontre avec M. Legault, il n'a alors même pas été question du coût éventuel de la nouvelle version du projet entièrement consacré au transport en commun et sans lien autoroutier. L'opposition s'en est étonnée.
«De mémoire, je ne crois pas, a répondu Mme Guilbault. Je pourrais pas jurer d'un oui ou d'un non, je ne crois pas, non.»
Seul le coût d'origine du «grand projet», 9,5 à 10 milliards $, incluant à la fois l'autoroute et le transport collectif, a été mentionné, a-t-elle expliqué.
La ministre a encore une fois refusé de dévoiler les coûts estimés des diverses versions du projet, qui apparaissent caviardés dans l'étude finale. Tout au plus a-t-elle affirmé que le nouveau projet coûterait moins cher.
«On passe de deux tubes à un tube, c'est forcément moins cher», a argué Mme Guilbault.
Elle a répété la justification déjà évoquée du gouvernement caquiste pour ne pas révéler les coûts estimés des projets précédents: pour ne pas nuire aux appels d'offres à venir dans le projet revu à la baisse.
«Caviarder, ce n'est pas pour cacher, ce n'est pas une manigance ou un complot. Ce ne serait pas responsable à ce stade-ci de donner des évaluations de coûts qui de toute façon sont appelées à changer. Ça a une incidence sur les appels d'offres.»
Elle a assuré que rien ne permettait de croire avant les élections de 2022 que la CAQ allait ou devrait renoncer à son projet - qui a été un des gages de sa réélection dans la région de la capitale et de Chaudières-Appalaches.
«Aucun d'entre nous, parmi les candidats caquistes, n'a fait une élection et ne s'est engagé à faire le troisième lien en ayant à l'esprit qu'on devrait changer le projet de façon aussi significative par la suite. Jamais on aurait menti sciemment à nos électeurs.»