La ministre de l'Enseignement supérieur, Pascale Déry, a dévoilé vendredi matin le rapport d'enquête — contenant des «faits très préoccupants» — sur deux cégeps anglophones de Montréal en lien avec la sécurité des étudiants. Cette enquête avait été déclenchée le 27 novembre 2024 visant à faire la lumière sur des signalements faisant état d'une détérioration du climat dans les collèges Dawson et Vanier dans le contexte du conflit au Proche-Orient.
Selon le ministère, cette enquête a permis de mettre en évidence plusieurs enjeux visant notamment la liberté académique, les associations étudiantes et les accommodements religieux. Elle souligne ainsi la présence de tensions et de conflits entre différents groupes d'étudiants et entre les enseignants, alimentés par l'accumulation de plusieurs facteurs.
Voyez l'entrevue avec Pascale Déry dans la vidéo liée à l'article.
«Ce rapport met en lumière une série de défaillances qui ont profondément miné le climat dans les deux collèges, nourri les tensions et fragilisé le vivre-ensemble», a réagi la ministre Déry par communiqué. «Fréquenter un établissement d'enseignement dans un environnement sain et sécuritaire n'est pas un privilège, c'est un droit et celui-ci n'est pas négociable.»
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En effet, le rapport indique qu'en raison des difficultés et des controverses en lien avec la liberté académique, notamment au niveau des choix des conférenciers invités, des sujets retenus lors d'un symposium et de certains contenus de cours, il y a un «climat de soupçon et la formation de clans entre les professeurs». Cette situation peut avoir aussi des effets négatifs sur les services éducatifs et ainsi engendrer des tensions chez les étudiants, ajoute le rapport.
«Nous analyserons le rapport avec rigueur et s'il faut aller plus loin pour encadrer ou corriger certaines pratiques, nous n'hésiterons pas à le faire.»
D'après le rapport d'enquête, certaines activités organisées par des clubs étudiants peuvent susciter la «création de clans» excluant ainsi une partie des étudiants «qui ne partagent pas les mêmes objectifs». La Loi sur l'accréditation et le financement des associations d'élèves ou d'étudiants ne prévoit rien quant aux devoirs et responsabilités des associations, dit-on.
L'enquête du ministère révèle que les principes de laïcité ne sont pas respectés dans les deux cégeps de Montréal. En effet, toujours selon le rapport, la présence de salles de prières «alimente un climat de radicalisation, de repli communautaire et de méfiance réciproque à l'intérieur du cégep».
Ainsi, il est recommandé de prendre des «actions immédiates afin de préserver la sécurité physique ou psychologique des étudiants», de «réduire les zones de vulnérabilité» et de «favoriser la cohésion entre toutes les composantes des collèges et diminuer les sources de tensions».
La ministre Déry demande à tous les acteurs concernés à prendre les recommandations «au sérieux» et à travailler ensemble «afin de rétablir un climat serein et respectueux».
Notons que la ministre de l'Enseignement supérieur du Québec avait admis être intervenue, en février dernier, dans un cours sur «l’appartenance palestinienne» au collège Dawson et dans un autre cours traitant de littérature palestinienne donné au cégep Vanier. Ce qui lui a valu une vague de critiques de la part du milieu académique et des partis d’opposition.
Dans une enquête de La Presse publiée en février dernier, des enseignants des collèges Dawson et Vanier avaient dénoncé ce qu’ils considèrent comme étant de l’ingérence de la part du ministère de l’Enseignement supérieur dans leur établissement. Plus tôt, le gouvernement Legault avait aussi bloqué une motion solidaire demandant que «l’Assemblée nationale dénonce toute ingérence politique dans le contenu des cours du réseau collégial québécois».
En novembre 2024 un mouvement étudiant de soutien à la Palestine a donné lieu à des grèves dans de nombreux établissements d'enseignement. La direction du Collège Dawson a choisi d'annuler tous les cours le 21 novembre, citant «de nombreux courriels et appels de membres de la communauté exprimant des inquiétudes quant à la sécurité des étudiants et des employés» le jour de la grève.
Avec des informations de La Presse canadienne

