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Liberté académique: la ministre Pascale Déry persiste et signe

«Je vais continuer de poser des questions. C'est mon rôle, c'est mon obligation.»

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e526773065054e1c477bd451e0d3cba04b413d4991e8ba680239484121588354.jpg La ministre de l'Enseignement supérieur du Québec, Pascale Dery, répond à l'opposition lors de la période de questions à l'Assemblée nationale du Québec, le jeudi 30 janvier 2025. (Jacques Boissinot | La Presse canadienne)

La ministre de l'Enseignement supérieur, Pascale Déry, persiste et signe, malgré de nouvelles révélations indiquant qu’elle est intervenue dans un autre cours traitant de littérature palestinienne donné au cégep Vanier. Le premier ministre François Legault s'est porté à sa défense. 

«Comme je l'ai dit au cours des derniers jours, j'ai posé des questions. Je vais continuer de poser des questions. C'est mon rôle, c'est mon obligation», a-t-elle affirmé jeudi lors d’une courte mêlée de presse. 

«La Presse» indiquait jeudi matin que la ministre avait questionné la direction du cégep quant au sujet choisi pour un cours d’anglais. 

On indique également que le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) – sur lequel la ministre a siégé de 2016 à 2022 – avait tenté d'intervenir dans le contenu du même cours. 

La semaine dernière, la ministre Déry avait admis être intervenue dans un autre cours portant sur «l’appartenance palestinienne», cette fois-ci au collège Dawson. Une décision qui a soulevé des critiques de la part du milieu académique et des partis d’opposition.  

«On sait que le climat sur certains campus s'est visiblement détérioré. Il y a eu des plaintes de harcèlement, d'intimidation. Mon rôle, c'est de m'assurer que tous les étudiants puissent évoluer dans un climat sain et sécuritaire», a ajouté la ministre.

«Je pense que Pascale Déry a bien fait d'intervenir et de dire: "ne faites pas exprès pour envenimer les choses dans les cours"», a soutenu le premier ministre François Legault. 

«Brimer la liberté académique»

La situation a provoqué de vifs échanges entre la ministre Déry et Québec solidaire (QS) en période de questions jeudi. 

«Alors que son réseau souffre, la ministre considère-t-elle vraiment que de brimer la liberté académique devrait être sa priorité?» a questionné le député solidaire Guillaume Cliche-Rivard. 

Pascale Déry s’est de nouveau défendue en affirmant qu’elle ne faisait que son travail. Elle a accusé QS de ne pas être préoccupé par la paix sociale. «On l'a vu avec le député de Maurice Richard (Haroun Bouazzi) quand il a traité les Québécois de racistes», a-t-elle lancé. 

«Après la Palestine, quels autres cours la ministre Pascale Déry jugera-t-elle inacceptables? La liberté académique n’est pas une faveur du gouvernement, c’est un droit fondamental», a pour sa part écrit la députée libérale Michelle Setlakwe sur le réseau social X.

En décembre, la ministre Déry a déclenché des enquêtes aux collèges Dawson et Vanier dans la foulée des manifestations qui se sont déroulées sur des campus en lien avec le conflit israélo-palestinien. Les enquêtes sont toujours en cours. 

Dans une enquête de «La Presse» publiée il y a deux semaines, des enseignants des collèges Dawson et Vanier ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme étant de l’ingérence de la part du ministère de l’Enseignement supérieur dans leur établissement.

La semaine dernière, le gouvernement Legault a bloqué une motion solidaire demandant que «l’Assemblée nationale dénonce toute ingérence politique dans le contenu des cours du réseau collégial québécois».

Thomas Laberge

Thomas Laberge

Journaliste