L'ambassadeur américain au Canada soutient qu'il n'y aura pas de conclusion d'un nouvel accord économique et de sécurité entre le Canada et les États-Unis – qui pourrait entraîner la réduction ou la suppression totale des droits de douane dans le cadre d'un différend commercial en cours – avant la nouvelle année.
«Nous avons interrompu les négociations avec le Canada», a indiqué Pete Hoekstra lundi dans un discours prononcé devant la Coalition of Concerned Manufacturers and Business Canada.
Ce texte est une traduction d'un contenu de CTV News.
«Je ne vois pas comment un accord pourrait être conclu avant Thanksgiving aux États-Unis.»
«Je ne sais pas ce qu'il faudra pour que les parties reviennent à la table des négociations dans un esprit constructif et positif», a-t-il ajouté.
Les commentaires de M. Hoekstra interviennent quelques jours seulement après que le président américain Donald Trump a déclaré qu'il mettait fin aux négociations commerciales avec le Canada et augmentait de 10 % les droits de douane sur les produits canadiens en réponse à une publicité anti-droits de douane du gouvernement de l'Ontario mettant en vedette la voix de l'ancien président républicain américain Ronald Reagan.
L'Ontario a depuis retiré ces publicités, avec effet lundi.
Des sources gouvernementales ont indiqué à CTV News que les responsables canadiens espéraient que des progrès seraient réalisés sur un accord sur l'acier et l'aluminium lors du sommet de l'APEC qui se tient cette semaine en Corée du Sud.
Et, s'adressant aux journalistes en marge du sommet de l'ASEAN en Malaisie lundi, le premier ministre Mark Carney a soutenu que les négociations «avaient progressé» sur les secteurs touchés comme l'acier et l'aluminium jusqu'à ce que la publicité anti-droits de douane de l'Ontario fasse des vagues.
M. Hoekstra a dit que, bien qu'il ne fasse pas partie de l'équipe de négociation, il était en contact fréquent avec les responsables américains qui en font partie. Il a ajouté que, si ce n'était pas cette semaine, il avait entendu dire qu'un accord pourrait être conclu avant l'Action de grâce américaine, à la fin novembre.
«Ils étaient convaincus que cela se ferait avant Thanksgiving, que nous parviendrions à un accord sur l'acier, l'aluminium et l'énergie, qui inclurait à la fois le pétrole et l'uranium», a-t-il affirmé. «Voilà où nous en étions jeudi.»
«La réponse était: "Oh, oui, absolument, nous avons réglé la plupart des questions importantes, la plupart des obstacles majeurs"», a-t-il également expliqué.
À présent, avec très peu de temps entre l'Action de grâce américaine et les vacances de Noël, M. Hoekstra a affirmé qu'il était peu probable qu'un accord commercial avec le Canada soit une priorité avant la nouvelle année.
«Le Canada a brûlé ses ponts», selon Hoekstra
Interrogé par les participants à l'événement sur la possibilité de relancer les négociations, par exemple en présentant des excuses pour la publicité, M. Hoekstra a répondu: «Non».
S'exprimant de manière plus générale sur l'état des négociations, M. Hoekstra a rejeté la responsabilité de la détérioration des relations sur le Canada.
M. Hoekstra a déjà exprimé son aversion pour ce qu'il qualifie de sentiment «anti-américain» au Canada, et a cité lundi comme exemples le retrait des alcools américains des rayons des magasins dans certaines provinces et le fait que les Canadiens soient découragés de se rendre au sud de la frontière.
Il a également déclaré que cette publicité équivalait à une ingérence étrangère, alors que la Cour suprême des États-Unis s'apprête à entendre les arguments sur la légalité des droits de douane imposés par Trump le 5 novembre, et que certaines élections gouverneuriales et législatives auront lieu la semaine prochaine.
«Le Canada a brûlé ses ponts avec les États-Unis», a-t-il soutenu. «Donald Trump n'a pas claqué la porte.»
«Donald Trump pouvait faire la seule chose qu'un dirigeant d'une nation souveraine pouvait faire lorsqu'un voisin, une autre nation souveraine, a décidé de s'immiscer dans la politique américaine», a-t-il ajouté. «Le Canada a claqué cette porte tout seul.»
«Mission accomplie», dit Doug Ford
S'adressant aux journalistes à Queen's Park lundi, le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a exprimé que M. Carney et son chef de cabinet, Marc-André Blanchard, avaient vu la publicité avant sa diffusion.
Ford a également dit que la publicité avait atteint son objectif, dépassant le milliard d'impressions et touchant les électeurs Américains.
«Mission accomplie, c'était fait», a-t-il indiqué. «Ils en parlent aux États-Unis, et ils n'en parlaient pas avant que je diffuse la publicité».
«Nous avons atteint notre objectif, qui est de nous assurer d'obtenir un accord équitable, non pas un accord unilatéral de Donald Trump, mais un accord équitable pour les habitants de l'Ontario et du Canada», a-t-il également déclaré.
Ford a précisé que l'intention n'était jamais de «provoquer le président», mais plutôt d'«informer le peuple américain».
Lorsqu'on lui a demandé s'il pensait devoir présenter des excuses pour avoir fait dérailler les négociations, Ford a répondu que son travail consistait à se battre pour les travailleurs des secteurs à risque en Ontario, et qu'il estimait que malgré l'annonce d'un accord imminent, certains secteurs, notamment celui de l'automobile, avaient été «mis de côté».
Sans cette publicité, le président Trump regarderait par la porte ou par la fenêtre et dirait: "Oh, les feuilles ont changé de couleur, arrêtons-nous là"», a expliqué M. Ford. «Croyez-moi, le président Trump ne négocie pas un accord qui profitera au Canada. C'est notre travail. C'est le travail du premier ministre de conclure un accord qui profite à tout le Canada.»
«Il ne s'agit pas de la publicité, il s'agit de trouver toutes les excuses possibles pour ne pas conclure d'accord», a-t-il également souligné.
Avec des informations de Stephanie Ha pour CTV News.


