Économie

L'inflation s'est élevée à 1,9% au Canada et à 2,2% au Québec en juin

Notamment parce que les consommateurs ont payé plus cher pour certains biens durables.

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c38795a525c6ba53395efc9a155af3f768f4bafd2752b0daf926642ace355957.jpg Une personne met de l'essence dans son véhicule à Toronto, le mercredi 12 septembre 2012. (Michelle Siu | La Presse canadienne)

L’inflation sous-jacente est restée obstinément élevée en juin, ce qui a incité les marchés financiers et de nombreux économistes à renforcer leurs appels à un troisième maintien consécutif des taux d’intérêt de la Banque du Canada plus tard ce mois-ci.

Statistique Canada a annoncé mardi que l’indice des prix à la consommation a augmenté de 1,9 % d’une année à l’autre en juin au Canada, ce qui représente une accélération par rapport à la hausse annuelle de 1,7 % observée en mai, ce qui est largement conforme aux attentes des économistes.

L'agence fédérale a souligné que l'indice des prix à la consommation a augmenté à un rythme plus élevé dans huit provinces. Au Québec, l'inflation annuelle s'est établie à 2,2 % le mois dernier, après avoir été de 1,7 % en mai.

Les prix à la pompe n’ont pas beaucoup baissé le mois dernier, selon l’agence, et la hausse des prix des véhicules automobiles et d’autres biens durables a également alimenté l’inflation.

Par ailleurs, les indicateurs d’inflation sous-jacente, étroitement surveillés par la Banque du Canada, sont restés autour de 3 % en juin, ce qui est «un peu trop élevé» au goût de la banque centrale, a souligné Doug Porter, économiste en chef de la BMO, lors d’une entrevue.

L’économie semble résister au poids de la guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis, a-t-il expliqué, ce qui signifie que les consommateurs continuent de dépenser et que les entreprises n’hésitent pas à augmenter leurs prix.

«L’une des raisons pour lesquelles l’inflation sous-jacente demeure relativement forte est que, oui, l’économie s’est montrée un peu plus résiliente que beaucoup ne l’espéraient, à mon avis», a avancé M. Porter.

Quel impact sur les taux?

Les données pour le mois de juin constituent le dernier aperçu que la Banque du Canada recueillera avant sa prochaine décision sur les taux d’intérêt, le 30 juillet.

La banque centrale a maintenu son taux directeur à 2,75 % lors de deux décisions consécutives, et M. Porter a convenu qu’il ne voyait guère de raisons de changer de position.

«La Banque du Canada est restée en retrait lors de ses deux dernières réunions. Il semble maintenant qu’elle y restera à nouveau fin juillet, et cela s’explique simplement par le fait que l’inflation sous-jacente s’est avérée trop forte à son goût », a-t-il déclaré.

Les derniers chiffres de l’inflation surviennent quelques jours après que Statistique Canada a annoncé une hausse inattendue de 83 000 emplois en juin, suffisante pour faire baisser légèrement le taux de chômage à 6,9 %.

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Stephen Brown, économiste en chef adjoint pour l’Amérique du Nord chez Capital Economics, a indiqué en entrevue que le dernier rapport sur l’inflation ne changeait guère le discours de la banque centrale après la publication d’un rapport sur l’emploi étonnamment solide la semaine dernière.

«Cette forte hausse de l’emploi suggère que les effets des droits de douane ne causent pas de dommages importants à l’économie jusqu’à présent et signifie que, même si la banque estime qu’une légère baisse du taux directeur pourrait éventuellement être bénéfique, elle n’a pas besoin de se précipiter», a-t-il expliqué.

La probabilité d’une baisse d’un quart de point de taux plus tard ce mois-ci est tombée à un peu plus de 5 % mardi après-midi, selon LSEG Data & Analytics, contre un peu plus de 13 % avant la publication de l’indice des prix à la consommation.

M. Brown a indiqué que Capital Economics anticipait toujours deux baisses d’un quart de point de taux lors des décisions de la Banque du Canada en septembre et en décembre. Il a toutefois souligné que la confiance vacillait quant à la baisse annoncée en septembre.

Ali Jaffery, économiste principal de la CIBC, a dit prévoir que la Banque du Canada va maintenir son taux directeur à son niveau actuel à la fin du mois.

«Attendre l’automne leur donnera plus de temps pour observer les pressions sur les coûts, la réaction de l’économie aux droits de douane et au choc d’incertitude, et, surtout, pour avoir une idée plus précise de l’impact des droits de douane au Canada», a-t-il expliqué dans une note à ses clients.

Une légère augmentation des prix

M. Porter a indiqué que l’indice des prix à la consommation avait enregistré une baisse plus marquée des prix de mai à juin l’année dernière, mais que les variations du mois dernier étaient moins encourageantes.

Les économistes appellent cela l’effet de l’année de référence: la tendance des données de l’année précédente à fausser les comparaisons annuelles de l’indice des prix à la consommation.

«En réalité, nous n’avons constaté qu’une légère augmentation des prix en juin, mais cela a été juste suffisant (…) pour faire grimper l’inflation globale», a-t-il ajouté.

Selon l’agence fédérale, les prix de l’essence sont restés pratiquement inchangés en juin, la hausse des prix du pétrole brut et les conflits géopolitiques ayant accentué la pression à la pompe. Les automobilistes ont constaté une baisse plus rapide des prix à la même période l’an dernier, ce qui, selon l’agence, a alimenté une hausse de l’inflation globale.

En excluant l’énergie, l’inflation annuelle s’est établie à 2,7 % en juin. La suppression de la tarification fédérale du carbone à la consommation, au début du mois d’avril, continue de peser sur les comparaisons annuelles des prix.

 

Statistique Canada a invoqué les droits de douane pour expliquer la hausse des prix des vêtements et des chaussures en juin.

Les prix des véhicules automobiles ont affiché une hausse de 4,1 %, comparativement à 3,2 % en mai. Les prix des véhicules d’occasion ont entre autres connu leur première augmentation d’une année à l’autre en 18 mois, alors que les stocks étaient plus restreints.

Bien que les droits de douane sur les véhicules automobiles soient au cœur du conflit commercial entre le Canada et les États-Unis, M. Brown a invoqué qu’il n’était pas certain que les prix des véhicules sont uniquement influencés par les droits de douane.

La faiblesse du taux de change entre le huard et le dollar américain en début d’année continue probablement d’influer sur les prix, a-t-il ajouté, et les données de l’indice des prix à la consommation des États-Unis pour juin ne reflètent pas la hausse du coût des véhicules au Canada.

La hausse annuelle des prix des aliments a légèrement ralenti, passant de 3,4 % en mai à 2,9 % en juin. Statistique Canada a noté que ce ralentissement est en grande partie attribuable aux prix des légumes frais, qui ont diminué de 3,1 % sur un an.

L’inflation des prix du logement a pour sa part continué de ralentir, chutant d’un dixième de point de pourcentage pour s’établir à 2,9 % en juin.

Les prix des meubles ont augmenté plus rapidement en juin, sous l’effet d’une accélération générale de la hausse des prix des biens durables.

Craig Lord

Craig Lord

Journaliste