Il est impossible de réduire la grandeur de l’œuvre d’un artiste tel que Serge Fiori à quelques chansons seulement, et c’est d’ailleurs pourquoi la défunte icône de la musique francophone québécoise a eu droit à un hommage national, mardi à Montréal.
Cela dit, s’il n’y avait que cinq chansons à écouter pour dire adieu au légendaire chanteur d’Harmonium, voici celles que vous devriez inclure à votre liste de lecture.
Avant de consulter cette liste, voici ce que l’humoriste Louis-José Houde, mélomane qui a longtemps été animateur du gala de l’ADISQ, a à dire sur le sujet. Il était dans l’assistance lors de l’hommage national à la Place des Arts.
Houde a eu ces mots pour l’œuvre de Fiori. «On est rendu trop loin pour que ça se démode, c’est-à-dire que si ça a été fait en 1976 et que c’est encore bon en 2025, je ne vois pas pourquoi en 3037, ce serait pu bon», a-t-il blagué en mêlée de presse avant la cérémonie.
«Ça traverse les modes, c’est absolument intemporel.»
Harmonium – avec Harmonium (Album: Harmonium, 1974)
Paru sur l’album éponyme d’Harmonium, le premier des trois opus de chansons originales du groupe, Pour un instant a été le plus important succès radiophonique de la formation. Il a propulsé Fiori et Harmonium vers la stratosphère de la musique québécoise. Mais la formation ouvre l'album avec une pièce qui affiche ses couleurs folk aux surprises de rock progressif.
En effet, Harmonium commence tout doucement, tandis que Fiori nous demande d’imaginer «qu’un homme-musicien vienne voir» s’il est vivant. Puis, le morceau entre dans un rythme frénétique.
La chanson de quelque 6 minutes 30 secondes a été co-écrite avec Michel Normandeau.
Pour un instant – avec Harmonium (Album : Harmonium, 1974)
La chanson Pour un instant a été le plus grand succès radiophonique d’Harmonium. On doit la trame musiciale de ce classique québécois à Fiori et Normandeau, mais seul ce dernier est l’auteur des paroles.
Pour un instant est la seule chanson qui dure moins de 4 minutes sur Harmonium.
Un musicien parmi tant d’autres - avec Harmonium (Album: Harmonium, 1974)
La chanson Un musicien parmi tant d’autres, elle, dure un peu plus de 7 minutes, mais cela n’a pas semblé la rendre moins accessible à l’oreille de la population québécoise.
Fiori est le seul auteur de la musique et des paroles du morceau, dont les quatre dernières minutes sont devenues avec le temps une sorte d’hymne national des feux de camp du Québec.
Où est allé tout ce monde Qui avait quelque chose à raconter, di-da-da-da-dam On a mis quelqu’un au monde On devrait peut-être l’écouter, di-di-da
Le premier ministre François Legault se souvient de la sortie de cette chanson à l'époque. «"On a mis quelqu’un au monde, on devrait peut-être l'écouter", quand t’as 16 ans, que tu te sens plus ou moins écouté, ça t’interpelle, ça te donne le goût de t’impliquer», a déclaré M. Legault avant l'hommage national à Montréal.
«Il a rendu notre vie plus belle.»
Dixie – avec Harmonium (Album: Si on avait besoin d’une cinquième saison, 1975)
L’album Harmonium sera suivi de Son avait besoin d’une cinquième saison en 1975 et de L’Heptade, troisième et dernier album d’Harmonium paru en 1976.
Dans la «cinquième saison» de Fiori et Harmonium, le chanteur signe seul les paroles et la musique de Dixie, le seul single de l’album de folk progressif et qui est, encore une fois, la seule chanson de moins de 4 minutes sur l’opus.
Entraînante, Dixie est sans doute la toune qui vous revient le plus de l’album. Comme le chante Fiori:
Dis-moé c'est quoi ta toune Qui m'revient dans les oreilles tout le temps
Viens danser – Fiori-Séguin (Album: Deux cents nuits à l’heure, 1978)
L’Heptade a été un grand succès avec des centaines de milliers de copies vendues, mais ne comprendra pas de grands hits vu son caractère encore plus progressif et symphonique.
Toutefois, cet album a fait naître une collaboration avec Richard Séguin, invité comme choriste. Après la dissolution d’Harmonium, les deux chanteurs travaillent ensemble et publient Deux cents nuits à l’heure, sur lequel paraît Viens Danser.
Ce morceau signé Fiori cartonne et mène à l’obtention de trois prix Félix pour le duo, au premier gala de l’ADISQ de l’histoire : celui du groupe de l’année, de l’album de l’année et l’album de l’année par un auteur-compositeur-interprète.

