Le président américain Donald Trump a déclaré à plusieurs reprises qu'il souhaitait délocaliser la production automobile du Canada vers les États-Unis. Aujourd'hui, le président du Conseil canadien des affaires estime que le pays devrait envisager de le laisser faire.
«Ce que nous avons construit ici fonctionne, mais nous devons écouter ce qui se dit», a indiqué Goldy Hyder. «Nous voulons tirer sur le messager, mais nous sommes dans le monde dans lequel nous vivons et je peux vous dire ceci : d'un point de vue commercial, dans le monde dans lequel nous vivons, l'absence d'accord n'est pas une alternative.»
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
«Je respecte le fait que nos constructeurs automobiles affirment que c'est en fait une bonne chose, que le modèle fonctionne, que ce que nous avons construit ici fonctionne, mais nous devons écouter ce qui se dit», a-t-il ajouté.
Le mois d'octobre a été difficile pour le secteur automobile au Canada. Mardi, General Motors a annoncé qu'il mettait fin à la production du fourgon électrique Chevrolet BrightDrop à Ingersoll, en Ontario.
La semaine précédente, Stellantis avait annoncé le transfert de la production prévue du Jeep Compass de son usine de Brampton vers l'Illinois, invoquant un plan de 13 milliards de dollars américains visant à augmenter la production américaine.
Ces changements ont coûté plus de 4100 emplois au Canada.
«Il serait stupide à ce stade de ne pas être modérément, voire fortement, préoccupé», a affirmé Brendan Sweeney, directeur général du Trillium Network for Advanced Manufacturing.
M. Hyder ne préconise pas d'abandonner l'industrie automobile, mais plutôt de se concentrer sur les éléments qui sont protégés des politiques isolationnistes de M. Trump.
«De nombreux emplois sont en jeu dans l'industrie automobile. Il y a probablement plus d'emplois dans le secteur des pièces détachées que dans celui de la construction automobile. Ils ne s'en prennent pas à notre secteur des pièces détachées, mais à nos voitures.»
Selon Statistique Canada, en juillet, plus de 54 000 Canadiens étaient directement employés dans la fabrication de véhicules automobiles, de carrosseries et de remorques, contre près de 66 000 personnes directement employées dans la fabrication de pièces automobiles.
L'Association canadienne des constructeurs de véhicules estime à plus de 600 000 le nombre d'emplois directs et indirects liés à l'industrie automobile dans tout le pays.
M. Sweeney affirme que les politiques américaines visant à augmenter la production automobile aux États-Unis signifient qu'il y aura toujours un marché pour les pièces automobiles provenant du Canada, mais il soutient que cela ne signifie pas que le Canada devrait renoncer à sa production actuelle.
«C'est bien, mais ce n'est pas suffisant. La fabrication de véhicules est environ deux fois plus rentable que la fabrication de la plupart des pièces», a-t-il affirmé.
Au cours du premier semestre 2025, les trois grands constructeurs de Detroit – Ford, General Motors et Stellantis – ont produit 20 % des voitures fabriquées au Canada, bien que l'usine Ford d'Oakville soit en cours de réoutillage et ne produise pas actuellement de véhicules en série.
Cette semaine, le gouvernement fédéral a limité le nombre de véhicules que Stellantis et GM peuvent importer en franchise de droits après que les deux entreprises aient réduit leurs activités au Canada.
Le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, a publié un message sur les réseaux sociaux, déclarant que le gouvernement était «profondément déç ».
Dans le même temps, les constructeurs américains bénéficient d'un répit inattendu face à l'impact des droits de douane après que la Maison-Blanche a mis à jour ses politiques, prolongeant jusqu'en 2030 une remise de 3,75 % sur le prix de vente conseillé par le constructeur pour les véhicules assemblés au niveau national.
Lors de la présentation de ses résultats financiers du troisième trimestre, Ford Motor Company a déclaré que cette mesure lui permettrait d'économiser plus d'un milliard de dollars en droits de douane, tandis que General Motors a remercié le président dans son rapport trimestriel.
«En transférant ses activités du Canada vers le Mexique, un constructeur automobile américain économise non seulement les droits de douane sur l'importation de ses véhicules, mais il bénéficie désormais en plus de cette subvention», a expliqué Stephen Beatty, ancien vice-président de Toyota Canada.
M. Beatty estime qu'Ottawa devrait mieux lier la possibilité d'importer des véhicules au Canada sans droits de douane à une incitation pour les constructeurs automobiles internationaux à produire davantage dans le pays.
«Je pense que [le gouvernement fédéral] essayait de conserver ce qu'il avait, mais je pense qu'à mesure que nous avançons - et que nous réfléchissons à l'industrie de l'avenir - il faut mettre en place autant d'incitations que possible qui ne coûtent rien aux contribuables, mais qui orientent l'industrie vers certaines actions ; et c'est là que la remise peut entrer en jeu», a-t-il dit.


