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Plusieurs Canadiens évitent de payer leurs factures pour faire l'épicerie, selon un sondage

«Plus les prix augmentent, plus cela affecte nos factures quotidiennes.»

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Un client cherche des produits frais dans une épicerie à Ottawa, le mercredi 2 avril 2025. Un client cherche des produits frais dans une épicerie à Ottawa, le mercredi 2 avril 2025. (Justin Tang/La Presse canadienne (Archives))

Un Canadien sur cinq déclare avoir renoncé à payer une facture pour pouvoir acheter des produits alimentaires au cours de l'année écoulée, selon un nouveau sondage réalisé par Nanos Research pour CTV News.

L'enquête a révélé que les adultes de moins de 55 ans étaient quatre fois plus susceptibles de reporter le paiement de leur voiture, de leur carte de crédit et de leur facture d'électricité pour acheter de la nourriture. À la sortie d'une épicerie de Charlottetown, les clients disent ressentir la pression.

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News

«Ma facture de téléphone, le loyer, les courses... mon assurance automobile, le carburant», a affirmé Almas Patel, 23 ans, en énumérant ses dépenses mensuelles.

«Tout cela s'additionne.»
- Almas Patel

Son ami, Matthew Batunde, 29 ans, partageait le même sentiment.

«Plus les prix augmentent, plus cela affecte nos factures quotidiennes», a-t-il dit.

Nick, 24 ans, a soutenu qu'il donnait la priorité au paiement de ses factures, mais que cela impliquait de modifier ses habitudes d'achat.

«J'essaie généralement de profiter d'autant de soldes que possible», explique-t-il.

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L'enquête Nanos révèle que 18,1 % des 18-34 ans déclarent avoir parfois ou souvent des retards de paiement. Ce chiffre est presque identique à celui des 35-54 ans (17,9 %). Il chute à 4,2 % chez les 55 ans et plus.

L'inflation et le coût élevé du logement sont des facteurs importants qui contribuent à la fracture générationnelle, selon Nik Nanos, directeur scientifique des données pour la firme Nanos Research. 

«C'est assez frappant. Je pense que dans n'importe quel autre contexte, cela serait considéré comme une épidémie», dit-il. «Ce qui est clair, c'est qu'une proportion importante de Canadiens sont confrontés à des choix vraiment difficiles.»

M. Nanos ajoute que les Canadiens plus âgés sont plus susceptibles de ne pas avoir d'hypothèque, ou d'en avoir une de faible montant. Ils peuvent compter sur une pension ou sur leurs économies et leurs investissements, et sont peut-être des parents dont les enfants ont quitté le nid.

«Les personnes âgées de plus de 55 ans sont tout simplement plus susceptibles d'être dans une situation financière sûre et solide », dit-il. « Si vous êtes jeune ou si vous êtes une personne d'âge moyen avec une famille, vous vous demandez probablement si le loyer ou le coût du logement va augmenter. Et si votre emploi est sûr. »

La répartition régionale montre également des différences notables. Dans les provinces de l'Atlantique, 24,2 % des répondants ont déclaré avoir parfois ou souvent omis de payer une facture, ce qui est plus élevé que dans toute autre région. Ce chiffre est à comparer avec 16,5 % dans les Prairies, 13,4 % en Colombie-Britannique, 10,5 % en Ontario et 8,1 % au Québec.

Il est important de noter que la taille réduite de l'échantillon dans le Canada atlantique pourrait influencer les chiffres.

Toutefois, ces données concordent avec d'autres études régionales, selon Joshua Smee, de Food First NL. Il indique que dans les quatre provinces, plus de 25 % des personnes disent souffrir d'insécurité alimentaire, et que des facteurs économiques entrent en jeu.

«Notre taux de chômage est généralement plus élevé que dans le reste du pays. Il y a donc plus de personnes en difficulté économique, explique-t-il. Il se peut que davantage de personnes dépendent, par exemple, de l'aide sociale ou du soutien du revenu.»

M. Smee affirme que les experts ont identifié des solutions à ce problème, mais que le Canada doit cesser de le considérer comme un « problème caritatif ». Si les banques alimentaires et les programmes de repas sont essentiels à court terme, ils ne constituent que des solutions provisoires.

«L'essentiel est de mettre plus d'argent dans les poches des personnes aux revenus les plus faibles», dit-il, citant l'exemple de la Prestation canadienne pour enfants. «Cela pourrait inclure l'augmentation du salaire minimum, car de nombreuses personnes qui travaillent, y compris à temps plein, sont toujours en situation d'insécurité alimentaire, ont encore du mal à payer leurs factures et font ce genre de compromis.»

Les hommes et les femmes ont rapporté des expériences similaires. Parmi les hommes, 12 % ont déclaré avoir parfois ou souvent omis de payer une facture, contre 12,6 % des femmes.

Méthodologie: Nanos a mené une enquête hybride par téléphone et en ligne, à numérotation aléatoire et à double cadre (lignes fixes et téléphones portables), auprès de 1 045 Canadiens âgés de 18 ans et plus, du 27 au 30 octobre 2025, dans le cadre d'une enquête omnibus. Les répondants ont été recrutés par des agents en direct par téléphone et ont répondu au sondage en ligne. Les résultats ont été vérifiés statistiquement et pondérés en fonction de l'âge et du sexe selon le dernier recensement, et l'échantillon a été stratifié géographiquement. La marge d'erreur est de plus ou moins 3,0 points de pourcentage, 19 fois sur 20.  La recherche a été commandée par CTV News et menée par Nanos Research.