Voilà, c'est chose faite; le Temple de la renommée du hockey a accueilli en ses prestigieux murs, lundi soir, une première bâtisseuse en la personne de la Québécoise Danièle Sauvageau.
La plaque commémorative de son intronisation lui a été présentée par Kim St-Pierre, elle-même membre du Temple de la renommée depuis 2020 et pionnière en son genre puisqu'elle a été la première gardienne de but à devenir une immortelle du hockey.
St-Pierre a joué sous les ordres de Sauvageau avec l'équipe du Canada qui a remporté la médaille d'or des Jeux olympiques de Salt Lake City en 2002, et cette saison, elle travaillera à ses côtés avec la Victoire de Montréal, dans la Ligue professionnelle de hockey féminin.
«Il y a très peu de gens qui ont eu un impact aussi profond sur ma vie et sur ma carrière que Danièle Sauvageau. Elle est l'une des femmes les plus incroyables que je connaisse. Une pionnière dont la vision et le leadership ont changé à jamais le paysage du hockey», a témoigné St-Pierre dans son discours de présentation.
L'ancienne gardienne de but est revenue sur l'une des principales réalisations de Sauvageau au fil des ans.
«Danièle ne voit pas seulement le futur, elle le construit. Lorsqu'elle a fondé le Centre 21.02 à Montréal, elle a créé quelque chose que nous n'avions jamais vu auparavant au Canada; un centre de haute performance consacré entièrement à la croissance et au développement de joueuses de hockey.»
«À travers ce centre, elle procure aux générations actuelles et futures un endroit où s'entraîner, croître et rêver. C'est son héritage, un héritage qui va continuer de façonner notre sport pendant des décennies à venir», a-t-elle ajouté.
Après avoir soulevé l'aspect symbolique de son association avec St-Pierre, Sauvageau a adressé quelques mots, en français, aux deux personnes qui lui sont les plus chères, mais qui n'ont pas pu faire le voyage à Toronto.
«Maman, Papa, je veux vous dire bonjour à la maison, exactement là où j'ai regardé avec vous tellement de matchs de hockey sur la 13e avenue à Deux-Montagnes», a-t-elle dit.
«Mes parents m'ont appris que lorsque des portes se ferment devant vous, vous devez simplement trouver un chemin», a ajouté Sauvageau en hommage à la contribution de sa mère et de son père.
Lors de son allocution, Sauvageau a fait allusion à toutes ces portes qui se sont fermées devant elle au fil des ans, sans qu'elle ne cesse de poursuivre son rêve.
«L'une des plus grandes leçons que j'ai apprises, c'est que vous n'avez pas besoin de changer l'objectif de votre rêve, seulement le chemin pour y arriver. Et qui dit que c'est une erreur de faire les choses différemment. Il s'agit d'avancer même si vous ne voyez pas exactement ce vers quoi vous avancez.»
Sauvageau a dit être profondément fière d'être intronisée dans la catégorie des bâtisseuses.
«C'est une fierté qui n'appartient pas qu'à moi. C'est une fierté que je partage du fond de mon âme avec tous les gens qui ont marché à mes côtés, qui m'ont mis au défi, qui m'ont inspirée et qui ont cru en moi. Sachez que vous êtes devenus le vent qui m'a poussée vers l'avant, qui m'a ouvert des portes et qui m'a donné l'élan et la motivation nécessaires pour aller plus loin.»
Sauvageau n'a pas oublié de rendre hommage aux athlètes qu'elle a côtoyées, dont une qui ira certainement la rejoindre au Temple de la renommée, un jour.
«J'ai rencontré Marie-Philip (Poulin) alors qu'elle avait 10 ans. Je lui ai demandé si elle était bonne. Elle croyait qu'elle était bonne à l'époque. Maintenant, nous pouvons confirmer, bien sûr, qu'elle est la plus grande de l'histoire.»
Qui est-elle?
Née à Montréal le 22 avril 1962, Sauvageau a effectué ses premiers pas derrière le banc à l'âge de 17 ans au Collège de Saint-Jérôme, où elle a dirigé les équipes féminine et masculine.
Ce n'était que le début. En 1994-1995, elle s'est retrouvée derrière le banc d'Équipe Québec en prévision du Championnat national canadien.
Puis, à la fondation de l'équipe féminine du Canada des moins de 19 ans, le 15 mai 1996, Sauvageau a été nommée entraîneuse en chef.
En 1998, elle a œuvré à titre d'adjointe derrière le banc d'Équipe Canada lors des Jeux olympiques de Nagano, les premiers à accueillir le hockey féminin comme sport officiel. Le Canada avait alors mérité la médaille d'argent.
Quatre ans plus tard, avec Sauvageau derrière le banc en terrain hostile, le Canada allait remporter sa première médaille d'or olympique, le 21 février.
Entre ces deux médailles, Sauvageau a mené le Canada à la médaille d'or au Championnat du monde de la Fédération internationale de hockey sur glace en 1999 et en 2001.
Lors de la saison 1999-2000, Sauvageau est aussi devenue la première femme à travailler derrière le banc d'une équipe de la Ligue de hockey junior majeur du Québec et, simultanément, de la Ligue canadienne de hockey lorsqu'elle a été nommée à titre d'adjointe de Gaston Therrien avec le Rocket de Montréal.
Véritable pionnière, Sauvageau a lancé, en 2008, le programme de hockey féminin des Carabins de l'Université de Montréal dont elle demeure, à ce jour, la directrice générale.
La même année, le 7 mars, elle a fait partie d'une équipe de description entièrement féminine d'un match de la LNH, aux côtés de Claudine Douville, Chantal Machabée, France St-Louis et Hélène Pelletier.
Fondatrice en 2019 du Centre de haute performance de hockey 21.02 — nommé ainsi pour commémorer la date du triomphe canadien à Salt Lake City — Sauvageau est devenue, en 2023, la première directrice générale de l'équipe de Montréal de la nouvelle Ligue professionnelle de hockey féminin.
Mercredi, alors que la Victoire de Montréal entamera son camp d'entraînement, elle y amorcera sa troisième saison à ce titre.
Deux autres femmes ont été admises au Temple de la renommée dans la catégorie des joueuses, soit la Canadienne Jennifer Botterill, médaillée d'or olympique en 2002, 2006 et 2010, dans ce dernier cas à Vancouver, et l'Américaine Brianna Decker.
Quatre anciens joueurs de la LNH, les défenseurs Zdeno Chara et Duncan Keith, ainsi que les attaquants Alexander Mogilny et Joe Thornton ont également été intronisés. Mogilny était cependant absent.
Enfin, Jack Parker, un pilier du programme de hockey de l'Université de Boston, a fait son entrée au Temple de la renommée du hockey à titre de bâtisseur.
La journée de lundi a aussi permis d'accueillir François Gagnon, du Réseau des sports, qui s'est vu remettre le Prix Elmer-Ferguson qui honore une contribution extraordinaire au métier de journaliste et au hockey.

