Le grand syndicat qui représente notamment les professionnels en informatique du gouvernement du Québec juge insuffisante l'annonce d'une enquête publique sur les ratés de la SAAQclic. Il réclame une enquête publique sur toute la sous-traitance informatique du gouvernement.
Le Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) — un syndicat indépendant des centrales syndicales qui compte 35 000 membres, dont 26 000 dans la fonction publique — dénonce le fait que le gouvernement soit devenu «dépendant» des firmes privées d'informatique, faute d'expertise à l'interne.
Et si Québec manque d'expertise à l'interne, c'est parce qu'il a peine à recruter, à cause des conditions de travail qu'il offre, a affirmé en entrevue, lundi, Martin Trudel, troisième vice-président du SPGQ.
Il rapporte qu'un bon développeur, au privé, pourra gagner 100 000 $ de plus qu'un développeur dans la fonction publique, sans compter qu'il ne sera pas tenu de venir travailler au bureau deux jours par semaine.
«Il y a beaucoup, beaucoup de problèmes avec du développement informatique qui est lié avec un manque de contrôle de ce qu'on fait. On a un manque d'expertise interne. On donne souvent beaucoup, clé-en-main, à des entreprises de sous-traitance. Puis, c'est difficile d'avoir un contrôle de ce qui se passe, parce qu'on n'a pas de gens à l'interne qui sont capables de "challenger" ce qui est développé», résume M. Trudel.
«On est dépendant à plusieurs niveaux en informatique, au niveau des logiciels, des systèmes de paie», énumère-t-il.
Selon lui, il s'agit d'un choix politique qui a été fait. «Ça, c'est une mentalité: on ne veut pas s'en occuper; on veut tout envoyer au privé», a déploré M. Trudel.
Il plaide donc pour qu'on élargisse à l'ensemble de la sous-traitance gouvernementale l'enquête publique annoncée dimanche par le premier ministre François Legault sur les ratés informatiques de la SAAQclic.
«La relation d’extrême dépendance aux firmes de consultation informatique a largement contribué au fiasco SAAQclic et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres de sous-traitance abusive. Le gouvernement du Québec veut sabrer dans l’embauche de personnel à l’interne, mais paie continuellement des consultants à des tarifs moyens de 800 $ à 900 $ par jour et parfois beaucoup plus. C’est beaucoup plus coûteux, moins efficace et cela nuit grandement au développement de l’expertise interne», plaide le SPGQ.
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