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Quincaillerie Richelieu refile la facture des droits de douane aux Américains

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f3f292e2d0b85ca2690e6b35f145c7439a727b0086cc20fab080eecdb222d03f.jpg Jusqu’à maintenant, Quincaillerie Richelieu a réussi à refiler les coûts liés aux droits de douane à ses clients américains au cours de l’été. Un employé d'une quincaillerie à Chicago le 2 avril 2025. (The Associated Press)

Les droits de douane annoncés de 25 % sur les meubles en bois, imposés par le président des États-Unis, Donald Trump, n’inquiètent pas le grand patron de Quincaillerie Richelieu. 

«Dans le fond, ce n’est pas si négatif, a répondu le président et chef de la direction, Richard Lord, lors d’une conférence téléphonique avec les analystes pour discuter des plus récents résultats trimestriels. Nous devons seulement nous assurer de bien gérer ça avec les clients.»

Quincaillerie Richelieu est une entreprise québécoise, qui importe, produit et fabrique des produits de quincaillerie.

Le président américain, Donald Trump, a surpris l’industrie mondiale du meuble en annonçant, à partir du 14 octobre, des droits de douane sectoriels de 25 % sur les meubles rembourrés, comme les fauteuils, ainsi que sur les meubles de cuisines et de salles de bain.

Malgré l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), l’industrie canadienne n’échappe pas aux droits de douane. Les produits importés de l’étranger par Quincaillerie Richelieu, notamment en Chine, sont aussi touchés par ces droits de douane sectoriels. 

En janvier, les droits de douane sectoriels devraient augmenter à 30 % pour les meubles rembourrés et doubler pour les meubles de cuisines et de salles de bain. 

M. Lord a mentionné que Richelieu avait des activités au Canada et aux États-Unis. «Si certaines activités sont déplacées d’un autre pays ou du Canada vers les États-Unis, heureusement, nous sommes bien établis avec les clients (manufacturiers) que nous avons aux États-Unis pour rattraper ces activités.»

Dans un contexte économique incertain, les clients américains voudront réduire leurs coûts, a-t-il avancé.  

La proximité pourrait être un atout pour l’entreprise québécoise. «Certains gros clients pourraient trouver avantageux de changer certains items qu’ils achètent outre-mer afin de protéger leurs liquidités, a dit M. Lord. Ils ont ainsi un système d’approvisionnement “juste à temps”, ce qui pourrait réduire leurs coûts d’exploitation.»

L’analyste Zachary Evershed, de la Financière Banque Nationale, croit même que les droits de douane pourraient être favorables à Richelieu. 

Il note que les droits de douane vont particulièrement frapper les meubles prêts-à-assembler, considérés «comme de moins bonnes qualité, mais beaucoup moins chers». 

Richelieu, pour sa part, vend des produits de quincaillerie à des manufacturiers américains en concurrence directe avec les fabricants de meubles prêts-à-assembler.  

«Ces droits de douane pourraient rendre les produits de Richelieu plus concurrentiels, a écrit l’analyste dans une note avant la conférence téléphonique. C’est favorable pour les volumes et ça pourrait lui permettre de gagner des parts de marché.»

Une facture refilée aux Américains

Jusqu’à maintenant, Quincaillerie Richelieu a réussi à refiler les coûts liés aux droits de douane, notamment ceux sur les produits importés de la Chine, à ses clients américains au cours de l’été.  

La direction a mentionné, jeudi, qu’elle a préservé ses marges grâce à des augmentations de prix aux États-Unis au cours de son troisième trimestre clos le 31 août.

Les ventes comparables de Quincaillerie Richelieu, qui excluent les récentes acquisitions, ont augmenté de 4,1 %, soutenues par les hausses de prix aux États-Unis, a indiqué l’entreprise dans le compte rendu de ses résultats trimestriels. 

«La croissance interne est largement soutenue par des augmentations de prix, a précisé le chef de la direction financière et de l’exploitation, Antoine Auclair, lors de l’appel. Ces augmentations ont compensé les coûts liés aux droits de douane, sans impact sur les marges brutes en dollars.»

Au troisième trimestre, les ventes ont augmenté de 6,7 % pour s’établir à 499,2 millions $. 

Le bénéfice net attribuable aux actionnaires a progressé, de 4,9 % à 23,9 millions $, ou 0,43 $ par action.

Richelieu a réalisé deux acquisitions depuis la fin du trimestre, ce qui ajoute l’équivalent de 22 millions $ de ventes annuelles à son réseau.

L’action de Richelieu a bondi de 1,48 $, ou 4,51 %, à 34,28 $ à la fin de la séance à la Bourse de Toronto en après-midi.