Le chef conservateur Pierre Poilievre assure qu'il cherche toujours à collaborer avec le gouvernement de Mark Carney pour résoudre le conflit commercial avec les États-Unis, mais affirme que les libéraux ne répondent pratiquement pas aux appels que logent ses troupes chez eux.
L'opposition officielle critique de façon virulente le premier ministre Carney sur ce dossier depuis qu'il est revenu de la Maison-Blanche sans avoir sécurisé une sortie de crise. «C'est une défaite après l'autre, une promesse brisée après l'autre. Aujourd'hui, nous débattons son approche», a dit M. Poilievre, jeudi, à l'extérieur de l'édifice du Parlement, où il avait convié les journalistes.
Le chef conservateur est même allé jusqu'à qualifier de «grande fraude» la promesse électorale de M. Carney de se tenir debout face aux Américains en employant l'expression anglaise «elbows up».
Questionné à savoir ce qu'il était advenu de la main tendue que disent vouloir offrir les conservateurs depuis des mois aux libéraux dans ce dossier, M. Poilievre a répondu que les tentatives de collaboration de son équipe se sont heurtées à un silence.
«Nous offrons nos contacts, le travail de nos députés avec lui. Chaque fois que nos députés vont à Washington, on informe le gouvernement de nos réunions, mais à plusieurs reprises ils ne répondent même pas à nos appels», a-t-il dit.
M. Poilievre a ajouté que cela lui donne l'impression que le premier ministre veut «instrumentaliser le conflit avec les Américains pour des raisons partisanes et politiques».
Le bureau de M. Carney n’a pas répondu à une requête de La Presse Canadienne afin qu’il réponde aux propos du chef conservateur. Il a référé la demande au bureau du ministre responsable des relations commerciales canado-américaines, Dominic LeBlanc, lequel n’a pas répondu directement aux accusations du chef conservateur.
«Le nouveau gouvernement du Canada travaille avec détermination à établir une nouvelle relation économique et sécuritaire avec les États-Unis, qui renforce le pouvoir de nos travailleurs et de nos entreprises et consolide nos secteurs stratégiques. Le ministre LeBlanc est demeuré à Washington afin de faire progresser un accord qui apportera une plus grande certitude aux deux pays», s'en est tenu à déclarer le porte-parole Jean-Sébastien Comeau.
Quoi qu'il en soit, le premier ministre a répliqué à d'autres récriminations que M. Poilievre a exprimées au cours de la période des questions.
Ce dernier y a, à nouveau, reproché à M. Carney d'avoir déclaré devant le président américain Donald Trump que le Canada investirait probablement environ 1000 milliards $ aux États-Unis au cours des cinq prochaines années «si nous obtenons l’accord escompté».
M. Poilievre estime que cette affirmation revient à une concession lourde de conséquences pour l'économie canadienne tant qu'aucune réciprocité n'est assurée de la part des Américains.
Le premier ministre a rétorqué que c'est notamment ce à quoi servent les discussions en cours avec l'administration Trump. «Nous travaillons en vue d'un accord qui va augmenter l'investissement au Canada (et) aux États-Unis, mais nous n'allons accepter que la meilleure entente pour le Canada et le secteur privé», a-t-il lancé.
Une fois de plus, il a fait valoir que le Canada est moins durement touché par les droits de douane américains que les autres pays en raison son accord préexistant de libre-échange avec les États-Unis et le Mexique, connu par son acronyme ACEUM.
Il a réitéré que son gouvernement s'affaire à améliorer cet accord - dont une révision est prévue en 2026 - et aplanir les différends commerciaux qui touchent particulièrement les secteurs tels que ceux de l'acier, l'aluminium et l'automobile.

