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Mission de l'Esprit-Saint: Québec ordonne une enquête

«Cette situation est inacceptable.»

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Le PLQ réagit à l’enquête au sujet de la Mission de l’Esprit-Saint lancée par la CAQ Le PLQ réagit à l’enquête au sujet de la Mission de l’Esprit-Saint lancée par la CAQ

La ministre de l'Éducation, Sonia LeBel, a annoncé jeudi sur les réseaux sociaux qu'elle ordonnait l'ouverture d'une enquête sur ce qui entoure la Mission de l'Esprit-Saint, et ce, au lendemain de nouvelles révélations de Noovo Info sur ce mouvement religieux aux dérives sectaires au Québec.

«Cette situation est inacceptable. L’éducation et la sécurité des enfants sont non négociables», a-t-elle exprimé sur X. L'enquête sera notamment menée par son ministère. 

Mme LeBel précise dans son message qu’elle travaillera de concert avec le ministre de la Sécurité publique, Ian Lafrenière, et le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, «pour assurer la sécurité des enfants».

L'école à la maison...

Dans le cadre d'une enquête journalistique, Noovo Info a pu constater que des dizaines d’élèves se retrouvent dans des classes clandestines au sein de la Mission de l'Esprit-Saint, un mouvement religieux qui valorise le mariage et les grossesses à l'adolescence.

Les jeunes ont un horaire, différents enseignants, qui sont en fait des parents, et ont aussi accès à du transport scolaire. Mais au ministère de l'Éducation, ils sont tous inscrits à l'enseignement à domicile. Dans ces classes, les élèves n'apprennent pas les mêmes matières enseignées par les écoles publiques. Les jeunes filles se font notamment enseigner que le rôle des femmes ne se résume qu'à enfanter.

«En science, quand on va arriver dans le thème des planètes, on va expliquer que dans la Mission, les planètes n’existent pas et que la Lune, c'est le reflet de la Terre», a cité en exemple à Noovo Info Fée Larivière, une ex-membre du groupe.

Selon les confidences de Mme Larivière, les enfants de la Mission de l'Esprit-Saint ne vont jamais à l’extérieur durant les heures de classe par peur d’être remarqués.

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Des appels à l'aide

La Mission de l’Esprit-Saint a fait l’objet du documentaire La prison de l’Esprit-Saint présenté sur Crave dans lequel d’ex-membres dénonçaient notamment leur manque d’éducation.  

Des ex-membres de la Mission de l’Esprit-Saint, rencontré par Noovo Info ou touché par le documentaire, avaient alors réagi par dizaine pour dénoncer le groupe et plusieurs ont aussi lancé un cri du cœur au gouvernement du Québec pour qu’il agisse dans ce dossier.

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Dans une lettre ouverte publiée en mars dernier, une ex-membre du groupe, Richère David avait notamment écrit : «C’est inconcevable et difficile de comprendre que le ministère de l’Éducation puisse fermer les yeux et les oreilles sur ce qui se passe là-bas».

«Je suis allée à l’école clandestine de ce groupe jusqu’en 4e année. Ensuite nous étions à la maison. Personne n’est jamais venu nous voir. Je me suis sauvée à 21 ans avec mes deux petites filles. […] Moi, ce que j’ai appris enfant ce n’est pas ce que mes enfants ont eu la chance d’apprendre. Non, moi j’ai appris à me préparer pour la fin du monde. J’ai appris à pouvoir survivre quand ça arriverait. Et j’ai appris que si je n’étais pas une bonne personne et bien je n’aurais pas la protection.»

En novembre 2024, au lendemain de la publication de la série documentaire La prison de l’Esprit-Saint, le ministre de l’Éducation de l’époque, Bernard Drainville, avait assuré que la Mission de l’Esprit-Saint serait «suivie à la trace» par le gouvernement.

Le PLQ exige de la transparence

En réaction à la demande d'enquête entourant le dossier de la Mission de l'Esprit-Saint, la porte-parole en éducation du Parti libéral du Québec (PLQ) Madwa-Nika Cadet demande que les résultats de cette enquête «soient rendus publics, en toute transparence».

«Ces enfants ont été abandonnés par la CAQ, alors que l’ancien ministre s’était dit choqué à l’époque», a-t-elle déploré jeudi.

Mme Cadet s'interroge d'ailleurs sur l'application de la Loi sur l'instruction publique lorsqu'il est question d'école à la maison.

«Tous ces enfants étaient inscrits à l’enseignement à la maison. Pourtant, selon l’article 15 de la Loi sur l’instruction publique, un suivi ministériel est obligatoire pour garantir un enseignement approprié. Quel suivi a donc été assuré par le ministre? Le processus ne fonctionne manifestement pas puisque toutes ces familles sont passées sous le radar», a-t-elle commenté.

Noovo Info a tenté d’obtenir les commentaires du ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, mais son équipe a fait savoir «qu’il n’y aurait pas de déclaration à ce sujet». 

Avec des informations de Marie-Christine Bergeron pour Noovo Info