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Quitter la Mission de l'Esprit-Saint pour ses enfants: une ex-adepte brise le silence

«J'ai décidé d'avoir une façon de penser libre à moi, ce que la Mission ne me permettait pas.»

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Mission de l’Esprit-Saint: le combat d’une ex-adepte Mission de l’Esprit-Saint: le combat d’une ex-adepte

Fée Larivière a été mariée à l’âge de 17 ans à un homme de 42 ans et a accouché de son premier enfant à 18 ans. Elle n’a jamais pu être libre au sein de la Mission de l’Esprit-Saint. 

Aujourd’hui ex-membre, elle décide de briser le silence.

Fée a quitté la Mission de l’Esprit-Saint avec ses trois enfants, qui ont fait partie de l’école clandestine du mouvement sectaire.

«J'ai décidé d'avoir une façon de penser libre à moi, ce que la Mission ne me permettait pas. J'ai décidé de le faire aussi pour mes enfants et leur offrir cette liberté de penser», a-t-elle expliqué en entrevue avec Noovo Info.

Aujourd’hui, ses enfants vont à «l’école du monde», un terme utiliser par les disciples de la Mission pour désigner les écoles du Québec.

«"Les gens du monde", ce sont les gens de Satan, ce sont de mauvaises influences ou des mauvaises personnes», explique l’ex-membre.

Des écoles clandestines «très organisées»

La Mission de l’Esprit-Saint possède des écoles illégales qui enseignent aux enfants les valeurs du mouvement sectaire sous le radar du ministère de l’Éducation.

«C'est super bien organisé», rapporte Fée. 

Les élèves ont un horaire, différents enseignants qui sont en fait des parents et ont aussi accès à du transport scolaire. Mais au Ministère, ils sont tous inscrits à l'enseignement à domicile.

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Les enfants ne vont jamais à l’extérieur durant les heures de classe par peur d’être remarqués, ajoute l’ex-membre.

«Ils (les parents) se stationnent à l'arrière, les enfants descendent quasiment avec une couverture sur leur sac à dos, c’est très rapide. (…) Le but de la Mission avec des écoles comme ça, c'est de passer sous le radar de la commission scolaire», souligne Fée.

Elle indique que les cours peuvent paraître «normaux» puisqu'on inclut des matières comme le français, les mathématiques, l'anglais, mais elle soutient que la pédagogie est toujours concentrée dans l’enseignement de la Mission.

«En science, quand on va arriver dans le thème des planètes, on va expliquer que dans la Mission, les planètes n’existent pas et que la Lune, c'est le reflet de la Terre», cite Fée en exemple.

Selon l’ex-membre, les enfants de la Mission doivent notamment apprendre Le Questionnaire, un livre obligatoire de plus de 800 questions religieuses portant sur les valeurs de la Mission.

Pour s’assurer de contourner les règles du ministère de l’Éducation, les parents vont utiliser des bilans scolaires déjà remplis et qui ont déjà été utilisés pour faire passer son enfant d’une année scolaire à l’autre.

«On va réutiliser ça sur tous les enfants de quatrième année (par exemple) parce que les personnes-ressources sont différentes», explique Fée.

Elle note toutefois que, depuis la sortie du documentaire La prison de l’Esprit-Saint, le ministère d'Éducation aurait «obligé les personnes-ressources de chaque famille à aller les visiter directement dans leur maison». Mais selon Fée, la majorité des personnes-ressources ne se sont pas déplacées.

«Je suis un petit peu sous le choc de savoir que le gouvernement, depuis tout ça, n'a jamais réagi ou ne réagit pas suffisamment», dénonce-t-elle.

Elle souligne que le ministère devrait envoyer des équipes sur le terrain «constamment», mais aussi des ressources psychologiques pour les enfants.

«Qu’ils aillent dans les écoles régulières et qu’ils aient la chance au moins de s'exprimer librement et d'être qui ils veulent être», dit-elle.

À voir dans la vidéo.

Laurie Gervais

Laurie Gervais

Journaliste

Marie-Christine Bergeron

Marie-Christine Bergeron

Cheffe d'antenne