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En colère, les médecins spécialistes annoncent d'autres moyens de pression

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Le Dr Vincent Oliva, président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), en conférence de presse à Québec le 8 mai 2025. Le Dr Vincent Oliva, président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), en conférence de presse à Québec le 8 mai 2025. (Jacques Boissinot | La Presse canadienne)

En colère contre le gouvernement Legault, les médecins spécialistes annoncent qu'ils appliqueront d'autres moyens de pression dès la semaine prochaine.

«C'est sûr que ça va créer des perturbations, (...) mais c'est le prix à payer pour se faire entendre», a lancé le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), Dr Vincent Oliva, en point de presse à Québec, jeudi.

À partir de lundi, les spécialistes boycotteront les réunions médico-administratives sur l'organisation des soins. Ils avaient déjà arrêté, plus tôt cet été, de prendre part aux réunions sur le Dossier santé numérique (DSN).

Ils cesseront aussi d'enseigner aux étudiants en médecine prégradués, mais maintiennent «pour l'instant» l'enseignement aux résidents.

«C'est sûr qu'au niveau des universités, je m'attends à ce qu'ils ne soient pas contents et qu'ils disent que ça menace la diplomation des étudiants», a dit le président de la FMSQ. 

«C’est sûr qu'à plus long terme, s'il y a des étudiants qui manquent leur graduation, il va falloir réorganiser des stages.»

 

Les moyens de pression pourraient s'intensifier dans les prochaines semaines. Les médecins songent-ils à organiser des manifestations, des rassemblements? a demandé une journaliste. «On y pense», a répondu le Dr Oliva.

L'annonce de la FMSQ survient dans le contexte où le gouvernement Legault refuse de retirer son projet de loi 106 qui lierait jusqu'à 25 % de la rémunération des médecins à des indicateurs de performance.

Or, pour atteindre ces objectifs, les médecins ont besoin d'outils, a plaidé le Dr Oliva. Il souhaite, par exemple, que le gouvernement s'engage à ouvrir plus de salles d'opération.

«Nous voulons soigner des patients, c'est ce qu'on veut», a-t-il souligné en point de presse. Les médecins qu'il représente sont «écœurés de se faire dire qu'ils ne travaillent pas puis qu'ils sont paresseux».

«Actuellement, on n'a pas les outils pour travailler, et c'est ça l'enjeu au centre de la négociation. Le gouvernement refuse de prendre les engagements pour nous donner les ressources pour atteindre les cibles», a-t-il insisté.

Le projet de loi 106 est intimement lié à la renégociation de l'accord-cadre avec les médecins qui est échu depuis le 31 mars 2023. La FMSQ est représentée à la table des négociations par l'ancien premier ministre Lucien Bouchard.

Mercredi, le gouvernement Legault a indiqué qu'il bonifiait son offre aux spécialistes de 72,4 millions $. Les documents publiés sur le site web du Conseil du trésor précisent aussi les cibles de performance.

Par exemple, aux urgences, la cible pour la prise en charge des patients dans les 90 minutes serait de 50 % en octobre 2025, puis de 80 % à partir de juillet 2028. 

À compter de 2026, la quasi-totalité des chirurgies devraient être réalisées dans un délai d'au plus 12 mois, et les chirurgies oncologiques, moins de 56 jours après la requête.

Dans son offre, le gouvernement propose par ailleurs d'entreprendre des travaux afin de «rééquilibrer» la rémunération entre les différentes spécialités.

Les spécialités suivantes seraient abordées en priorité: la radiologie, l'ophtalmologie, la chirurgie cardiaque, la cardiologie, l'endocrinologie, la rhumatologie, la neurologie et l'allergie.

«Très préoccupés»

Réagissant à la sortie de la FMSQ jeudi, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a déploré une attaque envers les étudiants «et potentiellement les patients». 

«C'est inacceptable. La place pour discuter, c'est aux tables de négociation», a-t-il affirmé dans un message transmis à La Presse Canadienne.

«Nous sommes très préoccupés par les moyens de pression additionnels annoncés. (...) Nous continuerons d'être vigilants quant aux impacts de ces moyens de pression sur la population», a-t-il ajouté. 

Le Collège des médecins s'est aussi dit «préoccupé par les impacts potentiels des moyens de pression envisagés par la FMSQ sur les patients et l'accès aux soins».

«Nous suivrons la situation avec attention et encourageons les parties à négocier», a déclaré son président, Mauril Gaudreault, sur le réseau social Bluesky.

Caroline Plante

Caroline Plante

Journaliste